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Sénégal : Manouvres de campagne

Publié le mercredi 24 janvier 2007 à 07h32min

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Alors qu’on les croyait irrémédiablement fâchés, le président sénégalais Abdoulaye Wade et son « fils spirituel », Idrissa Seck viennent de se réconcilier en début de semaine. Un communiqué laconique de la présidence de la République sénégalaise a en effet annoncé « qu’Idrissa Seck avait décidé de regagner la famille PDS » (Parti démocratique sénégalais), avec l’objectif bien déterminé de remporter la présidentielle du 25 février prochain.

Les observateurs en sont presque tombés des nues, au vu du « matraquage » judiciaire et politico-médiatique dont l’ex-Premier ministre a été l’objet il n’y a guère longtemps, au motif entre autres qu’il aurait « dissipé » des fonds publics lorsqu’il était aux affaires. Une campagne au cours de laquelle Wade n’avait pas été le moins disert, allant jusqu’à qualifier presque « Idy » de « traître » « d’ingrat » et, suprême opprobre, de n’avoir pas une vision d’homme d’Etat.

Tout cela parce que le « petit » lorgnait de façon trop ostentatoire le fauteuil présidentiel, persuadé qu’il était, que le « vieux » était au bout du rouleau. Finies donc ces querelles byzantines avec le retour de l’enfant prodigue au bercail (« sans marchandages » a précisé Wade) ce qui du coup ouvre de nouvelles perspectives tant au PDS qu’au sein de l’opposition, à l’orée de la présidentielle de février 2007.

Au sein du parti présidentiel d’abord, Wade est le principal bénéficiaire de ce coup de poker, au regard de l’assise politique de Seck à qui toute la ville de Thiès et ses alentours sont acquis. Au contraire des autres « barons » du PSD (Ousmane N’Gom notamment) Idrissa Seck, n’est pas un politicien des « villes », féru de sciences politiques, mais absent sur le terrain.

En plus, il maîtrise bien le parti, lui qui a ferraillé avec Wade durant les années de vaches maigres et a reconstruit le PDS après la défection d’Ousmane N’Gom (actuel ministre de l’Intérieur) lequel n’a réjoint la « famille » qu’après le sacre du « Père ». C’est dans l’adversité que l’on connaît ses vrais amis, et, malgré les bisbilles sus indiquées, Wade a, dans son for intérieur un faible pour « Idy ».

Mais, l’héritier putatif devra se battre pour redevenir le numéro un après « Dieu », car Ousmane N’Gom, justement, croyait la place acquise en raison de ses états de services antérieurs. Nul doute que les couteaux resteront dans les fourreaux jusqu’au 25 février, mais la bataille promet d’être rude par après, les deux hommes se détestant « cordialement ».

En attendant, Wade ratisse large, lui qui peut compter sur Djibo Ka pour grignoter des voix dans l’électorat Tidjane (au Sénégal les obédiences religieuses comptent) traditionnellement acquis au parti socialiste depuis le temps d’Abdou Diouf. Les Mourides (autre confrérie musulmane) lui sont déjà fidèles, Wade ayant toujours été présent au grand « magaal » de Touba, leur grand messe religieuse annuelle.

De quoi donner des cheveux blancs à Ousmane Tanor Dieng, leader du parti socialiste, dont la légitimité est d’ailleurs mise en cause par certains cadres du parti, qui reprochent toujours à Abdou Diouf d’avoir favorisé son ascension alors qu’il n’avait pas plus de mérites que Djibo Ka ou Moustapha Niasse par exemple.

Lesquels ont d’ailleurs claqué la porte depuis belle lurette, affaiblissant un parti discrédité par une fin de règne « calamiteuse » (heurts meurtriers avec les étudiants, tentatives de fraudes...) et un bilan économique mitigé.

De là à parier sur une victoire de Wade, il y a un pas que beaucoup ont déjà franchi, même si le « Vieux » n’a pas pu lui aussi résoudre l’équation de la demande sociale. Il a tout de même l’excuse d’avoir essayé et comme on n’organise pas une élection en Afrique pour la perdre, il voudrait se donner du temps pour essayer davantage. Avec le NEPAD dont-il veut faire son « dada », Wade doit se dire que décidément, le temps de la retraite n’est pas encore venu. Faites vos jeux, rien ne va plus.

Boubakar SY

Sidwaya

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