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Retour d’Idrissa Seck : Il y a forcément un "deal mortel" en bas

Publié le mercredi 24 janvier 2007 à 07h33min

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Seck et Wade

S’il y a une nouvelle qu’on attendait le moins, c’est celle du retour d’Idrissa Seck dans le giron du Parti démocratique sénégalais (PDS).

Cet ancien numéro 2 dudit parti au pouvoir, on le sait, a occupé le poste de Premier ministre en novembre 2002, pour en être éjecté en avril 2004. Puis il a été exclu du parti de Me Abdoulaye Wade, en août 2005. Commencera alors pour Seck une traversée du désert qui le conduira à tâter de la prison (pendant environ 7 mois) suite à une ténébreuse affaire de malversations financières dont il avait été accusé.

A propos de ses bisbilles avec son « père spirituel », le président sénégalais Wade, et répondant à notre journal, L’Observateur paalga, en décembre dernier lors d’un passage au Burkina, sur la nature de sa brouille avec son « père », Idy avait affirmé en ces termes : « Je crois que c’est une querelle purement politique. Lui-même l’a reconnu. Je considère, moi, que c’est une petite querelle et je ne m’occupe pas des petites querelles ». Petites querelles ou non, l’homme, depuis lors, avait basculé dans l’opposition, et il a même créé son propre parti, le REWMI qui signifie en wolof « Mon pays ». La rupture était donc définitivement consommée.

Mais, voilà que, par on ne sait quel tour de passe-passe, « le jeune loup », ainsi qu’on le désigne dans certains milieux du PDS, retourne dans cette formation politique, au grand étonnement de tous : majorité et opposition. Et cela à un mois de l’élection présidentielle de février prochain.

C’est après, dit-on, une audience de 4 heures accordée à Seck par Wade que ce dernier a annoncé le retour de son « fils ». « J’estime que compte tenu de ce que nous nous sommes dit et de notre passé je suis quand même le père, et mon devoir est de toujours rassembler les fils », a déclaré le président à la presse sénégalaise.

Et de s’empresser d’ajouter qu’il n’y a pas eu de marchandage sur des postes ou sur quoi que ce soit. On ne peut s’empêcher de penser qu’il y a eu quelques concessions, sinon même des calculs. Dans le tête-à-tête entre Wade et Seck, en début de semaine, qui a abouti sur ce retour du second au Parti démocratique sénégalais, il a y eu un facilitateur, le Khalife général de la confrérie des Tidjanes, Abdoul Aziz Sy Al Ibn.

C’est tout dire ! Et si entre-temps, le président Wade avait senti qu’il pourrait y avoir du feu dans la demeure sans celui qui est pressenti pour être son dauphin, celui-là dont il dit avoir eu un apport décisif dans la consolidation de son parti ? En tout cas, pour qu’Idy, qui a été exclu du PDS, qui a fait la prison, accepte de revenir dans cette formation politique, il n’y a pas de doute, il doit y avoir une motivation. L’homme aspire à gouverner le Sénégal.

Et tous les moyens sont bons pour y arriver. Idrissa Seck ne s’était pas encore manifesté personnellement, puisque c’est Me Abdoulaye Wade lui-même qui avait annoncé la nouvelle. Le président du REWMI devrait s’exprimer, si ce n’est déjà fait, sur les éventuelles raisons de son retour au bercail politique. Il n’y a pas eu, sauf erreur ou omission, de réconciliation entre les deux hommes. On se rappelle seulement que le fils spirituel du père du Sopi avait déclaré au sujet d’une possible réconciliation entre Wade et lui (cf. L’Observateur paalga n°6784 du mardi 12 décembre 2006), que : « Au plan personnel, j’ai dit que j’ai déjà pardonné.

Au plan politique, c’est une histoire, à mon avis, dépassée ». Allez y comprendre ! Mais enfin, pour qui se prennent-ils et nous prennent-ils, ces hommes politiques ? Quitter un parti avec fracas ou en être exclu et y revenir sans scrupule, même si, comme on le dit souvent, il n’y a pas de morale en politique, reconnaissons que ça ne fait pas sérieux. Il y a tout de même un minimum de décence que l’on doit observer vis-à-vis de ses militants, surtout lorsqu’on est responsable de parti. A moins d’être adepte du principe selon lequel « La fin justifie les moyens ». Peut-on encore être crédible dans ce cas au yeux de l’opinion ?

On peut donc se perdre en conjectures sur ce qui a poussé Wade et Seck à se retrouver. Mais attendons de voir après le 25 février prochain pour être bien situé sur l’objet du deal et en tirer les leçons.

Agnan Kayorgo

L’Observateur

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Vos commentaires

  • Le 24 janvier 2007 à 21:05 En réponse à : > Retour d’Idrissa Seck : Il y a forcément un "deal mortel" en bas

    Chers internautes,

    Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’idées et d’opinion. Sek est suffisamment intelligent pour comprendre cette maxime. Il a bien fait de revenir au P.D.S.. Il n’y avait pas d’autre alternative si celui-ci veut gouverner le Sénégal. Ange TAMBSOBA, France.

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