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Presse burkinabè : Apprendre à n’être ni juge ni partie

Publié le mardi 23 janvier 2007 à 07h57min

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Si le drame de Sapouy n’avait pas eu lieu, on se demande sur quel sujet écriraient certains confrères. Question légitime quand on sait que pour deux ou trois journaux, les semaines passent et les sujets traités varient à peine d’un iota : affaire David Ouédraogo par-ci, affaire Norbert Zongo par-là. Rien que des analyses archi connues, rabâchées à plus soit avec un mot en plus, une virgule en moins, et des invectives toujours.

Si fait que la presse burkinabè qui a beau être riche dans la diversité des titres qui la composent, est terriblement pauvre par les sujets qu’elle traite. L’actualité nationale ou internationale est souvent oubliée ou réduite à la portion congrue au profit de pamphlets surréalistes où perce l’intention de nuire à la mesure du " m’as-tu vu -isme" de certains confrères.

Eh oui ! il est plus facile d’être une star de la plume que d’être un journaliste critique qui cherche l’information, la débarrasse des scories de l’invective pour n’en retenir que la substance qui informe, suscite la réflexion ou distrait le lecteur.

Aujourd’hui, des journalistes burkinabè en sont venus à vouloir remplacer la police, la gendarmerie, bref, les auxiliaires de justice et les juges eux-mêmes au prétexte qu’ils sont défaillants ou acquis à la cause du système en place. C’est une véritable dérive qui tente d’accréditer la thèse qui voudrait que tout bon journaliste soit celui qui hausse le ton contre les gouvernants, joue au censeur de la république en raccommodant les potins de rues et cabarets au service d’un combat qui n’est pas le sien. Le combat des partis d’opposition, des syndicats, de la société civile.

En vérité, la responsabilité du journaliste, qui relève à la fois de la déontologie et de l’éthique, fout le camp au Burkina. Que de plumes trempées dans l’encre de l’acrimonie criticiste ! Que M. Philippe Bilger, chef de la délégation juridique de l’Union de la presse francophone (UPF) a terriblement raison, lui qui a déclaré au cours des 38emes assises de la Presse francophone à Bucarest courant septembre 2006 que "l’honneur du journaliste, c’est d’informer et de distraire ... regagnez votre pré carré". Sera-t-il entendu au Burkina et ailleurs en Afrique ? On est fondé à en douter. Au Burkina particulièrement, des journalistes stars nous tirent dans le creux de la vague au risque de refonder la grille de lecture de l’actualité, de l’analyse ou du commentaire de presse.

Ce n’est donc pas étonnant qu’en ce début d’année, des procès qui en annoncent d’autres donnent à penser que "la presse indépendante est en danger". Non, la presse n’est pas en danger au Burkina. C’est l’art d’exercer le noble métier de journaliste qui est en danger. Mais qui sommes-nous pour prétendre faire la leçon aux autres ? Nous ne sommes pas logés à meilleure enseigne pourrait-on nous rétorquer.

Soit, mais le plus important est de reconnaître et de dire qu’ensemble, mais plus exactement certains confrères, sont de véritables coupe-jarrets du journalisme d’investigation et du journalisme tout court. On citera à nouveau très volontiers, M. Philippe Bilger qui dans son laïus sur " médias en procès " délivré à Bucarest a su à la fois, rendre hommage aux journalistes mais aussi fustiger leurs travers et leurs dérives.

"Le journaliste aujourd’hui, dit-il, ne se contente pas du rôle qui est le sien, qui est ou bien d’enseigner, d’informer, ou bien de divertir, mais prétend toujours à un peu plus que ce que son destin professionnel lui assigne. Force est de constater qu’il vise souvent au décalage et s’efforce de dépasser le beau rôle qui pourtant lui est dévolu : être un intercesseur entre les citoyens et les institutions de la démocratie", et non pas policier, juge ou historien.

Djibril TOURE

L’Hebdo

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Vos commentaires

  • Le 23 janvier 2007 à 11:05 En réponse à : > Presse burkinabè : Apprendre à n’être ni juge ni partie

    eh bien pour un journaliste "si aguerri" drole de comportement ! le journalisme est la clee vers la democratie des peuples civilisés !la déontologie est aussi la recherche absolue de la vérité ! et non un conscensus de bouche fermées pour s’acheter une fausse paix !

    • Le 23 janvier 2007 à 18:15, par Citoyen En réponse à : La paix ne s’achète pas

      La paix ne s’achète pas Monsieur, elle s’acquiert, se construit et s’entretient pour que dans la différence chacun trouve la vie meilleure chaque jour mieux que d’habitude. Elle est également un compromis, c’est pourquoi son excellence Monsieur le Président du Faso a bien voulu que tous les burkinabés acceptent le pardon et évitent de s’attabler sur ce qui divise ou engendre la haine. Tu tire, je tire, c’est une calebasse cassée dit un proverbe. La Côte d’Ivoire à côté est un bel exemple. Le journaliste qui n’a pas compris qu’il ne faut pas attiser le feu qu’il ne pourra jamais éteindre est un danger pour une société civilisée. Merci d’être sage et de le rester.

      • Le 23 janvier 2007 à 22:55 En réponse à : > La paix ne s’achète pas

        Bonjor M. TOURE,

        Depuis la France, je n’arrête pas d’admirer votre sens critique et surtout la doigté avec laquelle vous abordez les problèmes contemporains et, notamment, le débat politique au Burkina Faso. je n’hésiterai pas un seul instant à vous accorder ma "une". L’hebdo est un journal sérieux et il faut avoir les capacités intellectuelles suffisantes pour en apprécier la teneur. TOURE est un excellent journaliste de par la sémantique de sa plume incisive, fluide et excellente.
        Je vous encourage à conserver votre ligne de conduite car c’est de cela même que notre jeune démocratie a besoin. Les gouvernants ont besoin des journalistes qui constituent, sans aucun doute un précieux gouvernail, gardien des libertés individuelles et collectives. Dans cet optique, les journalistes n’ont pas le droit d’abuser de leur plume sous peine de trahir leur vocation originaire.
        Bravo à vous pour la constance dans vos écrits : N’hésitez pas à critiquer le pouvoir de Monsieur le Président COMPAORE dans l’hypothèse d’une dérive. N’hésitez pas non plus à louer ce pouvoir lorsqu’il fait des merveilles en posant des actes concrets positifs. Nhésitez pas enfin à fustiger une opposition bancale, inorganisée et qui n’a rien dans la besace. Pour le reste, restez serein comme vous l’êtes depuis toujours. Ange, France

      • Le 24 janvier 2007 à 02:54 En réponse à : > La paix ne s’achète pas

        Quand je lis notre ami Citoyen c’est comme si j’allais exploser.Vraiment quand on a bien mangé on parle au hasard.C’est parce qu’il n’a pas un parent victime du système.Il ose affirmer que notre appareil judiciaire est l’un des plus crédible en Afrique.Mon oeil !Bon vent à lui.

        • Le 25 janvier 2007 à 18:30, par Citoyen En réponse à : Merci d’être poli

          Ne vous explosez pas je vous en pris, je donne mon point de vue, et je ne sais pas ce que vous entendez par victime du système. Ce n’est ni la bagarre, ni la haine qui peut nous réunir vous et moi. Seule la tolérance et l’acceptation des idées de l’autre dans sa différence est le secret d’une bonne cohabitation. Bien manger, parler au hasard, ce ne sont pas des termes respectables et respectueux dans un cadre d’échanges. Je suppose que vous êtes burkinabé comme moi avec les mêmes réalités. Nous partageons un destin commun, sauf que chacun se nourri à la sueur de son front. Merci d’être poli.

    • Le 23 janvier 2007 à 22:27, par burkinabé En réponse à : > Presse burkinabè : Apprendre à n’être ni juge ni partie

      un article douloureux et nul de sens. Si le drame de sapouy n’avait pas eu lieu on n’en parlerait pas et Norbert Zongo et ses compagnons vivraient encore peut-être.
      Si justice était rendu la paix sociale serait recouverte. La situation est et reste très labile au burkina du fait du manque de justice et de la croissance de l’impunité, qui sont aussi soutenuent par des journalistes de votre piètre carrure.
      Les evenement recents doivent nous permettre de nous reveiller pour rectifier les choses encore à temps.

      Personne au Burkina ne profitera d’un Burkina où la paix et la securité ne sont pas etablis.

      en bon entendeur salut.

  • Le 23 janvier 2007 à 18:12, par ranini En réponse à : > Presse burkinabè : Apprendre à n’être ni juge ni partie

    Mr de l`hebdo s`il vous plait , dans une democratie boiteuse comme celle du burkina, il nous faut ce type de journalisme que vous traitez de star.
    si vous trouver que c`est pas du journalisme , c`est votre affaire .
    merci

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