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31e sommet de la CEDEAO : La crise ivoirienne en toile de fond

Publié le lundi 22 janvier 2007 à 07h42min

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Le 31e sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO s’est tenu le 19 janvier 2007 à Ouagadougou. Au menu de cette rencontre, la transformation du secrétariat de la Communauté en commission, la désignation du nouveau président de la commission, l’examen des conclusions des ministres des Affaires étrangères, le développement de l’Afrique.

Les 11 chefs d’Etat présents se sont également penchés sur l’impasse du processus de paix en Côte d’Ivoire. On retiendra de cette rencontre que le président Tandja a passé la main à son hôte Blaise Compaoré pour la "double présidence" de la CEDEAO et de l’UEMOA.

Le 31e sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO tenu le 19 janvier dernier à Ouagadougou, a regroupé 11 chefs d’Etat des 15 pays membres de cette institution. Cette rencontre a consacré la désignation de Blaise Compaoré, président du Faso, comme président en exercice de la Communauté. La crise ivoirienne, qui dure depuis quatre ans, était une fois de plus, la première préoccupation du sommet des chefs d’Etat ouest-africains. Le président ivoirien Laurent Gbagbo et son Premier ministre Charles Konan Banny ont effectué le déplacement de Ouagadougou pour l’occasion.

Abordant ce point, Mamadou Tandja, président nigérien et président sortant de la CEDEAO, a déclaré que cette situation devient préoccupante pour l’institution régionale. Et d’ajouter que les Ivoiriens pourront toujours compter sur les pays de la sous-région pour les aider à rétablir la paix dans leur pays. Les chefs d’Etat ouest- africains ont décidé de transmettre leurs recommandations- sur l’impasse dans laquelle se trouve le processus de paix ivoirien- à l’Union africaine, qui réunit son sommet à Addis- Abeba, les 29 et 30 janvier prochains.

La CEDEAO a aussi annoncé une délégation auprès du Conseil de sécurité de l’ONU, pour expliquer la situation ivoirienne. L’objectif est de convaincre le Conseil de dépêcher, ensuite, une mission d’évaluation en Côte d’Ivoire. Ce réexamen de la situation fait suite à une demande du Groupe de travail international (GTI), chargé d’évaluer l’évolution du dossier ivoirien. Le GTI a constaté le blocage dans l’application de la résolution 1721 de l’ONU dont l’objectif principal était l’organisation d’élections avant fin octobre 2007. Cette résolution vise également à recadrer les rôles du chef de l’Etat et celui de son Premier ministre.

Les chefs d’Etat ont souligné la nécessité de trouver une solution urgente à cette crise ; une solution "basée sur le lancement immédiat et concomitant des programmes d’identification et de désarmement des groupes armés, afin de créer les conditions nécessaires à l’organisation d’élections libres d’ici à octobre 2007". Ils ont félicité le président ivoirien, Laurent Gbagbo, pour l’initiative du dialogue direct avec Guillaume Soro.

Le nouveau président en exercice de la CEDEAO quant à lui a été appelé à faciliter ledit dialogue pour dynamiser le processus de paix. La conférence s’est félicitée des avancées au niveau des pays sortis de crise dont le Liberia, la Guinée-Bissau, la Sierra Leone et le Togo. Pour ce qui concerne les élections à venir dans certains pays de la sous- région, la conférence a appelé au respect du protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance.

Une commission en lieu et place du secrétariat

La réunion a également consacré l’installation de la Commission de la CEDEAO en lieu et place du Secrétariat exécutif et ce , conformément à ce qui a été décidé lors du sommet de janvier 2006 à Niamey. Cette commission a été conçue sur le modèle de celle de l’Union africaine (UA), pour remplacer l’actuel secrétariat exécutif et ce, conformément aux attentes du sommet de janvier 2006 à Niamey. Avant cette transformation, le secrétariat exécutif, installé à Abuja, était dirigé par le Ghanéen Mohamed Ibn Chambas. Cette structure a été très souvent fustigée pour son inefficacité.

Le secrétariat exécutif a fait l’objet de plusieurs critiques des chefs d’Etat lors des derniers sommets. Pour le Ghanéen Mohamed Ibn Chambas, président de la commission, cette mutation permettra à la CEDEAO de passer à une étape supérieure pour répondre aux défis de la sous-région . Il faut noter que Ibn Chambas est épaulé par un vice-président et sept commissaires qui ont prêté serment au Sommet de Ouagadougou.

Pour Blaise Compaoré, président du Faso et président en exercice de la CEDEAO, cette restructuration est conforme de la vision des chefs d’Etat et de gouvernement de rendre la CEDEAO plus performante en vue de bâtir une communauté économique forte, viable et dynamique. Il a salué l’œuvre du président sortant, Mamadou Tandja (le président nigérien) et a plaidé pour un programme de développement agricole ambitieux pouvant permettre d’assurer la sécurité alimentaire pour les 240 millions d’habitants de la CEDEAO.

Et d’ajouter qu’il reste persuadé que le développement intégral de la sous-région dépendra de la détermination des Etats à faire face aux défis socioéconomiques relatifs à la sécurité alimentaire, à la modernisation de nos infrastructures et au développement du commerce régional. Dans la même lancée et toujours dans leur ferme volonté de marquer un grand bond en avant vers l’intégration, les chefs d’Etat ont travaillé à la mise sur pied de la Cour de justice et du Parlement de la CEDEAO.

La Commission de la CEDEAO est dotée d’un budget de 121 millions de dollars, et devrait jouir de davantage de pouvoirs avec l’adoption d’un nouveau système juridique permettant des décisions directement applicables aux 15 Etats membres.

Quid des stratégies de développement ?

Autres questions abordées, la création d’une compagnie aérienne régionale et l’extension du réseau de chemins de fer pour donner suite aux recommandations du 31e Sommet. C’est dans cette lancée que la CEDEAO a acquis auprès de l’Inde, une ligne de crédit de 250 millions de dollars (soit environ 125 milliards de F CFA). Des chantiers qui devront conforter les progrès enregistrés dans la réalisation des infrastructures et l’interconnexion des réseaux électriques et de distribution de gaz en Afrique de l’Ouest. Pour ce qui concerne la stratégie d’intégration sous-régionale, la CEDEAO prévoit créer un marché régional unifié d’environ 250 millions de consommateurs.

La conférence a examiné la problématique des migrations et a reconnu qu’elle est un sujet de préoccupation majeure pour la sous-région. Aussi les chefs d’Etats et de gouvernement présents ont-ils décidé de l’aborder à travers une approche régionale concertée et d’accorder une attention particulière à la dimension de développement. Pour ce qui concerne les négociations de l’Accord de partenariat économique (APE) entre l’Europe et l’Afrique de l’Ouest, la conférence a déclaré qu’elles devront contribuer aux objectifs de réduction de la pauvreté et intégrer la dimension développement.

Comme l’a fait savoir le président nigérien dans son allocution, de nombreuses entraves subsistent encore le long des axes routiers ouest-africains et aux frontières des Etats membres de la CEDEAO. On dénote des tracasseries administratives et des extorsions de fonds des voyageurs. Le Burkina a été félicité pour l’élimination de tous les barrages routiers non officiels le long de ses routes. Aussi les autres pays ont-ils été appelés à s’y référer afin d’éliminer les obstacles qui entravent la libre circulation des voyageurs. La conférence a arrêté des critères de sélection pour les pays de la Communauté au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. Elle a également appelé les Etats membres à apporter leur soutien actif à la candidature du Burkina au poste de membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies pour 2008- 2009.

Il faut noter que le président de la République de Guinée, Lanssana Conté, n’a pas participé au sommet de Ouagadougou. Mais les derniers événements dans son pays, notamment les violents incidents entre manifestants et forces de l’ordre, ont été évoqués par les chefs d’Etat. La présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf s’est déclarée préoccupée par les événements en Guinée. Le Cap- Vert et la Gambie étaient absents à cette rencontre. La prochaine session ordinaire de la Conférence se tiendra le deuxième vendredi du mois de juin 2007.

Par Alain DABILOUGOU

Le Pays

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