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XXXIe Sommet de la CEDEAO : Des réformes pour plus de performance

Publié le samedi 20 janvier 2007 à 08h30min

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Le XXXIe Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO s’ouvert hier à Ouagadougou. La transformation du secrétariat de la communauté en commission, l’élection d’un nouveau président en exercice, l’examen des conclusions des ministres des Affaires étrangères, les blocages de la crise ivoirienne et le développement ont été au menu de l’agenda de la rencontre.

Sur les quinze pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, onze chefs d’Etat ont pris part au XXXIe Sommet de l’institution le vendredi 19 janvier 2007 à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso.

Seuls le Cap-Vert et la Gambie n’ont pas envoyé de représentants, leurs chaises étant restées vides.

Le Sommet de Ouagadougou s’est tenu dans un contexte où la CEDEAO a amorcé une nouvelle dynamique qui doit permettre d’accélérer le processus d’intégration.

Il s’agit de la mutation du secrétariat exécutif de la Communauté en commission présidée par le Ghanéen Mohamed Ibn Chambas. Celui-ci est épaulé par un vice-président et sept commissaires qui ont prêté serment au Sommet de Ouagadougou. Ce nouvel organe sera aussitôt opérationnel. Par ces réformes, la CEDEAO entend passer à une étape supérieure pour répondre aux défis de la sous-région, a déclaré M. Chambas.

Pour le président du Faso Blaise Compaoré, cette restructuration est tributaire de la vision des chefs d’Etat et de gouvernement de rendre la CEDEAO plus performante en vue de bâtir une communauté économique forte, viable et dynamique. Saluant l’ouvre du président en exercice sortant, le président nigérien Mamadou Tanja, Blaise Compaoré a plaidé pour un programme de développement agricole ambitieux, gage de sécurité alimentaire pour les 240 millions d’habitants de la CEDEAO. "Je reste persuadé que le développement intégral de notre sous-région dépendra de la détermination de nos Etats à faire face aux défis socioéconomiques relatifs à la sécurité alimentaires, à la modernisation de nos infrastructures et au développement du commerce régional". En outre, la volonté affichée par les chefs d’Etat de marquer un grand bond en avant vers l’intégration, se traduit par la mise sur pied de la Cour de justice et du parlement de la CEDEAO.

Il est également attendu la création d’une compagnie aérienne régionale, l’extension du réseau de chemins de fer pour donner suite aux recommandations du XXIXe Sommet, a rappelé le président en exercice sortant, Mamadou Tanja. A cet effet, la CEDEAO a acquis auprès de l’Inde, une ligne de crédit de 250 millions de dollars (soit environ 125 milliards de F CFA). Si ces différents chantiers sont concrétisés, cela va conforter les progrès enregistrés dans la réalisation des infrastructures et l’interconnexion des réseaux électriques et de distribution de gaz en Afrique de l’Ouest. La stratégie d’intégration sous-régionale prévoit créer un marché régional unifié d’environ 250 millions de consommateurs. Au cours du Sommet, les chefs de d’Etat ont également échangé sur des questions d’actualité "brûlante".

Crise ivoirienne, paix et sécurité, libéralisation des échanges au menu

Si Ouagadougou veut impulser un nouveau souffle à l’intégration, il n’en demeure pas moins que la sous-région a souffert de la hausse des prix du pétrole et de la baisse des cours du coton. Aussi, la rencontre a salué le retour de la paix au Togo, en Sierra Leone, en Guinée-Bissau et au Liberia, ces trois derniers ayant pu organiser des élections démocratiques. Le Sommet a par contre-déploré les blocages qui perdurent dans la résolution de la crise ivoirienne, malgré la tenue de deux sommets extraordinaires.

D’où cette invite du président Tanja à ces pairs : "...ni la CEDEAO, ni la Communauté internationale ne devront se laisser gagner par la lassitude.

Nos frères ivoiriens pourront toujours compter sur notre appui pour les aider à réaliser les compromis nécessaires au règlement de cette crise". Les chefs d’Etat ont également déploré la situation qui prévaut actuellement en Guinée. Enfin, la rencontre a réaffirmé la nécessité de conjuguer les efforts pour mettre fin à la persistance des tracasseries sur les routes. Toute chose qui permettra aux populations de circuler librement et d’avoir le sentiment d’appartenir à un espace commun.

S. Nadoun COULIBALY
Ali TRAORE

Analyse

Persistance des tracasseries routières : une préoccupation

Peut-on parler d’intégration sous-régionale, de marché commun, de libre échanges commerciaux entre pays appartenant à un même espace, si les populations ne peuvent pas exercer librement leur commerce, aller et revenir sans les tracasseries douanières et policières ? Voilà pourquoi le président en exercice de la CEDEAO sortant, Mamadou Tanja a souligné ’l’impérieuse nécessité de conjuguer les efforts pour mettre fin à la persistance des tracasseries sur les routes, qui demeurent à n’en point douter, un véritable frein à la circulation des personnes dans notre espace communautaire".

Les chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO devront savoir que le processus d’intégration dans lequel ils sont engagés ne pourra être solidement et durablement entretenu que si cette réalité est vécue et partagée par les populations qui doivent avoir le sentiment d’appartenir à un espace commun.

Aussi, les chefs d’Etat des pays de la CEDEAO doivent travailler à instaurer la paix et la stabilité dans leur espace, sinon, leurs efforts pour impulser l’intégration sous-régionale resteront vains car la paix et la sécurité sont les bases indispensables d’un véritable développement économique et social. Personne ne nous dira le contraire, vu l’impact de la crise ivoirienne sur les Etats de l’UEMOA ! Les uns et les autres devraient de ce fait, travailler à la resolution des crises que traversent les pays de la famille CEDEAO, car, quand un membre de la famille souffre, tous les autres ressentent les conséquences.

Ainsi, la CEDEAO pourra mettre en ouvre ses différents programmes de développement économique, porteurs d’espoir pour ses populations.

Ali TRAORE

Les coulisses du Sommet

* De la peur de l’artiste-musicienne Sissao

Peu avant sa très belle prestation au XXXIe Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO, l’artiste-musicienne Sissao avait la trouille. "Je dois être où ?", a-t-elle demandé à un membre de la commission chargée de l’animation. "Au milieu des chefs d’Etat", a-t-il répliqué. "Ah, pati sankana !", a rétorqué Sissao, visiblement appeurée par l’inconnue. Heureusement qu’à sa deuxième sortie, elle a su dominer sa peur !

* Un discours de Gbagbo distribué à la presse

Les grands sommets sont parfois l’occasion pour les chargés de communication de vendre l’image de leurs institutions et pays. Le conseiller technique à la communication du président ivoirien a bien compris ce rôle. Il a distribué un discours du président ivoirien, Laurent Koudou Gbagbo faisant quatre propositions pour sortir son pays de la crise. Dans ce discours qui date du 19 décembre 2006, Gbagbo propose "l’instauration d’un dialogue direct avec la rébellion en vue du désarmement et de la réunification du pays, la suppression de la zone de confiance, la création d’un service civique national et une amnistie générale". A la question que recherche le chargé de communication du président Gbagbo, celui-ci répond : "C’est du marketing !".

* Conciliabule entre Gbagbo, Banny et Wade

Que se disaient Laurent Koudou Gbagbo, Charles Konan Banny et le président Wade lors du discours du président libérien Ellen Johnson Sirleaf ? En tous les cas, pendant que le président du Libéria remerciait les présidents de la sous-région ouest-africaine et leurs peuples d’avoir sauver le Libéria, Gbagbo, Banny et Wade sur le même alignement, semblaient être absents de la salle car préoccupés par un sujet qui les tenait visiblement à cour.

Seraient-ce sur des pistes de sortie de crise en Côte d’Ivoire qu’ils échangeaient ?

* Gbagbo n’a pas applaudi le message de Denis Sassou N’Guesso

Le président en exercice de l’Union africaine, le congolais Denis Sassou N’Guesso n’était pas au sommet, mais il a envoyé un message qui a été lu par son ministre des Affaires étrangères, Rodolphe Adada. Dans ce message qui félicite les pays de la CEDEAO, Denis Sassou NGuesso a mentionné : "J’invite les leaders politiques ivoiriens à s’engager dans les voies de recherches de solution de la crise.

Ils doivent arrêter de prendre en otage le peuple ivoirien et la sous-région ouest-africaine".

A la fin de ce discours applaudi par l’assistance, Laurent Koudou Gbagbo n’a semblé rien entendre et est resté tranquille sans applaudir.

- A.T. & N.C.

Sidwaya

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