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Course à la transparence : Le peuple français grand bénéficiaire

Publié le vendredi 19 janvier 2007 à 06h49min

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Royal et Sarkozy

On dit que dans une campagne électorale, tous les coups sont permis, même les plus bas. Les passés les plus répugnants seraient exhumés dans l’objectif de déstabiliser l’adversaire. C’est ce que les électeurs français vivent actuellement avec le top départ de la course à la transparence que vient de donner la droite, par l’entremise de l’UMP.

En attaquant la candidate socialiste, Ségolène Royal, sur le terrain du paiement de l’impôt sur la fortune, Nicolas Sarkozy et son camp ont, sans le vouloir, donné un coup de pouce à la campagne de celle-ci qui semblait depuis quelques semaines faire du surplace. Et aujourd’hui que Ségolène a rendu publique la fiche de paiement de l’impôt sur son patrimoine, on attend que Sarkozy en fasse autant.

La droite semble se comporter à la manière du serpent qui va se mordre la queue en ouvrant ce front sur la taxation des fortunes. Ce qu’il nous a été donné de voir de la gestion des gouvernements et des hommes de la droite, ne nous incite pas à penser que Sarkozy et son camp peuvent se poser aujourd’hui en paragons de la transparence.

Que visait Nicolas Sarkozy, lui qui prône une réduction de l’impôt sur la fortune, s’il est élu président de la République française, alors que Ségolène Royal, la candidate du Parti Socialiste, prévoit d’augmenter ces impôts en cas de victoire ? Le candidat UMP pensait qu’à la vue du patrimoine de Ségolène Royal, les électeurs des basses classes ou des classes intermédiaires françaises se diraient qu’elle ne peut prétendre être leur porte-parole, car elle n’appartient pas, de par sa fortune, à la même catégorie qu’elles. Elles s’en détourneraient par conséquent. Le deuxième objectif visé par le champion de l’UMP, en invoquant la taxation des fortunes à ce stade de la campagne présidentielle française, c’est de se poser d’ores et déjà en défenseur soucieux des intérêts de la droite, des possédants en l’occurrence.

Ce débat qui doit être mené sereinement est d’une importance capitale pour le peuple français. L’occasion va lui être donnée de connaître le poids économique des femmes et des hommes qui ambitionnent de gérer demain son destin. L’impôt sur les fortunes peut être compris comme une sorte de solidarité des plus riches envers les plus démunis. On pense un peu aux pauvres en acceptant cette redistribution des richesses nationales. Or, ce principe de taxation et de redistribution est combattu par la droite qui s’y est de tout temps opposée.

Le principe de la transparence doit s’étendre à l’Afrique. On dit que des chefs d’Etat africains figurent sur la liste des plus grosses fortunes du monde. Ces fortunes ne profitent pas aux pays africains car elles dorment dans les banques occidentales et dans celles des paradis fiscaux. D’ordinaire, un homme politique s’élance dans la conquête d’un mandat électif parce qu’il estime qu’il dispose d’assez de ressources pour ce faire.

En Afrique particulièrement, la politique est le moyen le plus sûr et le plus rapide pour amasser des fortunes. C’est pourquoi, ici, ne sont jamais rendus publics les patrimoines des candidats à la magistrature suprême. Dans les rares pays où cette disposition est prévue par les textes, ce sont des enveloppes scellées renfermant lesdits patrimoines qui sont remises à la justice, à charge pour elle de les garder dans un endroit sûr, loin des regards indiscrets comme ceux de la presse par exemple.

Il n’y a jamais de contrôle en fin de mandat entre le nouvel avoir des intéressés et leur avoir en début de mandat. Ce qui n’est pas le cas dans les démocraties occidentales que nombre d’Etats africains sont en train d’imiter sur tous les plans, sauf sur le plan des contraintes qu’impose une réelle démocratie.

L’attaque du camp de Sarkozy contre la candidate socialiste à propos du paiement de l’impôt sur la fortune est venue relancer une campagne électorale présidentielle française qui avait commencé à sommeiller à moins de cent jours du premier tour. Cette attaque ne va pas pour autant faire disparaître les divisions qui minent la droite, particulièrement l’UMP.

En attendant que Nicolas Sarkozy établisse et publie son patrimoine et les impôts qu’il paie en conséquence, comme Ségolène Royal l’a déjà fait, son parti risque de perdre des plumes. Les différentes affaires qui ont émaillé les deux mandats de Jacques Chirac, telle l’affaire Clearstream, sont des preuves que des responsables de la droite ont excellé dans le passé, et peut-être aujourd’hui encore, dans l’art de la dissimulation.

Par exemple, les affaires des emplois fictifs de la mairie de Paris, l’affaire des HLM montrent si besoin en était, que la clarté n’a pas toujours été le souci primordial de la droite. Dans un concours de transparence entre la droite et le Parti socialiste, il n’est pas évident que la droite en sorte vainqueur. Même si des socialistes ont été eux aussi, par le passé, impliqués dans l’affaire Elf et l’affaire des frégates vendues à Taïwan.

L’actuel débat sur l’impôt sur les fortunes a toujours été une question sensible en France qui est divisée entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre une diminution. La question nourrit et enrichit les débats démocratiques. En publiant sa fortune et les impôts qu’elle a payés, la candidate socialiste, Ségolène Royal, a administré une leçon de morale en matière de civisme fiscal à Nicolas Sarkozy et à son camp.

Certes, les campagnes électorales sont des occasions rêvées pour jeter dans la rue les faiblesses et les travers de l’adversaire. Mais par cette attaque presque gratuite, l’UMP a fait preuve de légèreté en ne s’entourant pas de toutes les preuves à charge. Toutefois, il a donné une impulsion à la campagne électorale. La transparence dans ce domaine et dans bien d’autres, est bénéfique pour les peuples.

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