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Accords de partenariat économique : Ce que les paysans attendent de la CEDEAO

Publié le vendredi 19 janvier 2007 à 06h17min

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Ouagadougou abrite le sommet des chefs d’Etat de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). C’est avec cette communauté que l’Union européenne envisage la signature des accords de partenariat économique. Mais cette perspective n’enchante guère le Réseau des organisations paysannes et des producteurs de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA).

Cette organisation est en campagne contre les APE dans leur formule actuelle, et propose de ne pas les signer. Basiaka Dao est le président de la Confédération paysanne du Faso (CPF), membre du ROPPA. Il dit en quoi ces accords ne sont pas bons pour les agriculteurs et les économies des pays de la CEDEAO.

"Le Pays" : Pourquoi êtes-vous contre les APE ?

Basiaka Dao : Nous, organisations paysannes de la zone CEDEAO, demandons aux chefs d’Etat de ne pas signer ces accords. Notre région n’est pas suffisamment préparée pour aller à ces accords de partenariat.

Quels sont vos arguments ?

La première raison que je peux avancer, c’est que notre espace a un des tarifs extérieurs communs les plus bas. C’est la zone la plus libéralisée. En matière de commerce, c’est la zone qui offre le moins de produits sur le marché international.

Autre raison, nos agricultures sont tributaires de la pluviométrie. Nous ne maîtrisons pas encore assez l’eau pour produire de façon permanente. Ces aléas font que nous ne sommes pas compétitifs. Et si nous allions dès maintenant à ces accords, ce serait tout sauf lutter à armes égales contre nos collègues d’Occident, surtout quand on sait que toutes nos économies, dans la sous-région, sont basées sur l’agriculture.

Concrètement, que proposez-vous en attendant ?

C’est simple. Il faut qu’ensemble on trouve les moyens de relever le niveau du tarif extérieur commun. Cela va permettre de protéger un certain nombre de produits, que nous allons ensemble déterminer. Nos avons des produits "sensibles". Par exemple , on ne doit plus laisser entrer ainsi le riz. Si on n’arrête pas, on va tuer nos plaines rizicoles et les producteurs avec. L’office du Niger est un potentiel incroyable en matière de production de riz. Il faut le mettre en valeurs ; cela exige des décisions politiques pour sécuriser le marché local. Pour tout vous dire, au stade actuel des choses, il faut que nos Etats subventionnent notre agriculture. Il ne faut pas qu’ils se laissent entraîner.

Faut-il cibler des productions et les protéger ?

Cibler, c’est bien. Mais, dans un premier temps, c’est l’ensemble des produits de notre agriculture qu’il faut protéger. Notre agriculture et notre industrie sont au stade embryonnaire. Il faut se donner le temps de devenir compétitifs. Développons nos capacités d’abord au lieu de nous lancer dans une compétition avec de sérieux handicaps .

Avez-vous une idée du stade actuel des négociations entre la CEDEAO et l’Union européenne ?

Lors de la dernière rencontre des chefs d’Etat sur le sujet à Abuja, il y a eu des avancées. On parle de retarder la signature pour l’horizon 2010. De ce côté, il y a une avancée, mais ce n’est pas suffisant.

Propos recueillis par Abdoulaye TAO

Le Pays

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