On retiendra de cette cérémonie qu’une suite favorable a été accordée à la plupart des doléances des militaires, lesquelles avaient, du reste, sous- tendu les incidents des 19 et 20 décembre derniers ainsi que la grogne qui les avaient suivis.

Aux oubliettes, les évènements des 19 et 20 décembre 2006 ? En attendant de trouver la réponse définitive à cette question, on peut déjà affirmer que les militaires débuteront de fort belle manière cette année 2007. Le ministre Yéro Boly leur a annoncé cette réjouissante nouvelle le 17 janvier au Mess des officiers. Désormais, l’adhésion à la mutuelle des soldats se fera sous le régime du volontariat. L’octroi du prêt franc sera la règle pour tous les soldats non logés en caserne. Les militaires du rang et les sous-officiers, eux, ont été dotés de parka, et des tenues sont attendues incessamment.

Autre nouvelle, pour compter du 1er janvier 2007, sont prévus l’augmentation de la prime globale d’alimentation, avec un meilleur suivi de la gestion de l’ordinaire, la hausse des indemnités de logement et des charges militaires pour les catégories concernées, l’accroissement du taux de l’avance de solde pour toutes les catégories, et la réalisation d’infrastructures, dont, entre autres, l’érection de nouvelles casernes dans les différentes régions militaires.

Pour ce qui concerne le recrutement et l’encadrement, le ministre Yéro Boly a déclaré que "des études seront réalisées au sein des différentes instances de la hiérarchie militaire pour identifier en profondeur les différents problèmes". Aussi a-t-il appelé le commandement à s’inscrire dans la logique de la bonne gouvernance militaire en appliquant dans toute leur rigueur les principes cardinaux de la discipline, tout en restant à l’écoute des hommes. "Je voudrais rappeler, à ce propos, que la punition redresse la conduite, et sanctionne l’oubli du devoir. On ne peut tolérer plus longtemps encore les actes d’insubordination ou fuir ses responsabilités. Il faut commander", a-t-il lancé aux responsables de l’armée.

Place n’était pas vraiment aux voeux du nouvel an hier au Mess des officiers de Ouagadougou. On s’est plutôt expliqué sur les évènements des 19 et 20 décembre 2006. C’est Mamoudou Barry, secrétaire général du ministère de la Défense, qui s’est exprimé, au nom de l’ensemble du personnel. Après avoir survolé les acquis et les doléances de l’ensemble de la grande famille, il s’est attardé sur les fâcheux incidents de décembre dernier. "En effet, les affrontements entre militaires et policiers des 19 et 20 décembre, ainsi que les actes relevés à Ouagadougou, Bobo Dioulasso et Kaya, sont en passe de ternir l’image des Forces armées nationales", a-t-il déclaré.

Et d’ajouter que le diagnostic qui a suivi cette tempête a permis de déceler un sentiment de frustration générale au sein de la troupe, et l’expression d’un relâchement à différents niveaux de la chaîne de commandement. S’adressant au ministre Yéro Boly, il a fait savoir que ses collaborateurs, les militaires, le chargeaient de dire qu’ils travailleraient à redorer leur image "à travers l’appropriation de comportements républicains, une plus grande cohésion et une meilleure collaboration entre forces de défense et de sécurité".

"Les responsabilités seront situées..."

A la suite de son prédécesseur, le ministre Yéro Boly s’est également appesanti sur les incidents de décembre dernier. Pour lui, cette situation vient rappeler l’impérieuse nécessité d’intensifier les efforts, voire transformer en réflexes les comportements citoyens. "Ils nous enseignent également que nous ne devons jamais baisser la garde quant au retour possible de réactions contraires à la légalité au sein de l’armée. Il en va de notre stabilité au plan interne", a-t-il ajouté.

Le ministre Yéro Boly a mentionné le fait que le report des sommets de la CEDEAO et de l’UEMOA a entamé la crédibilité de notre pays, dont la stabilité et la réputation étaient enviées. La réaction des jeunes soldats a jeté le trouble dans les esprits et créé une méfiance des populations vis-à-vis de l’armée, selon lui.

Et d’ajouter que le diagnostic qui a suivi la situation a révélé l’existence au sein des armées de problèmes structurels et de gouvernance qui devront être résolus. Aux bidasses, il s’est adressé en ces termes : "Je voudrais rappeler que rien ne justifie de prendre les armes pour résoudre un problème. L’arme ne peut être un outil de dialogue et, sans un minimum de confiance réciproque, aucune solution durable ne peut être envisagée."

Pour ce qui concerne le "dossier", le ministre a déclaré qu’il suivrait son cours pour situer les responsabilités du commandement, d’une part, et permettre aux autorités judiciaires compétentes de dire le droit, d’autre part.

Cette cérémonie a été précédée des voeux des Forces armées au chef d’état-major général des armées. Une rencontre au cours de laquelle les FAN ont fait leur mea culpa.

Par Alain DABILOUGOU

Le Pays