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Pour l’UNDD, le pouvoir est "Prisonnier de l’usure et de sa gouvernance de l’absurde"

Publié le jeudi 18 janvier 2007 à 08h04min

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Salif Ouédraogo

L’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD) se satisfait de la médiation réussie du Burkina Faso dans la crise togolaise, mais regrette que nos autorités ne puissent pas s’investir pour ressouder les fractures nationales.

Et d’en appeler aux partis politiques, aux syndicats, au médias et aux mouvements des droits de l’homme pour une lutte globale qui ramène dans son lit la gouvernance nationale.

Le Comité de suivi de l’Accord politique global togolais s’est réuni à nouveau à Ouagadougou, le 16 janvier 2007, sous la présidence de Blaise Compaoré et a abouti à de grandes décisions qui autorisent l’élargissement de la décrispation nationale. L’UNDD, encore une fois, se réjouit de la consolidation du dialogue démocratique au Togo en général et en particulier des arbitrages qui ont abouti au renforcement de la transparence dans le processus électoral.

On peut, en effet, espérer que les prochaines consultations au Togo du 24 juin 2007 se dérouleront sous de meilleurs auspices et que l’unité du pays en ressortira renforcée parce que les acteurs de la vie politique togolaise ont pu se mettre d’accord sur des dispositions essentielles à un scrutin transparent et honnête.

C’est le cas de l’adoption d’une carte d’électeur sécurisée avec photo numérisée, de l’utilisation de kit pour l’établissement du fichier électoral, de la prise de décisions consensuelles au niveau de la CENI et à défaut à la majorité qualifiée des 2/3 des membres présents au premier tour (ou à la majorité relative au deuxième tour)...

Dans le même temps, comment ne pas éprouver une certaine frustration, ressentir comme un pied de nez le fait que toutes ces avancées, bénéfiques pour les Togolais, aient pu s’obtenir grâce à la médiation du chef de l’Etat burkinabé qui, malgré les sollicitations et protestations multiples de l’opposition, n’a pas le moindre souci de dialogue démocratique ni de transparence électorale dans son propre pays.

Un malaise profond dans la vie nationale

Le Burkina Faso, nous le réaffirmons, n’est pas moins en manque de dialogue refondateur et de transparence électorale que le Togo. Les conditions qui ont été à l’origine de fractures nationales au Togo et dans bien des pays (comme actuellement en Guinée où, à travers une contestation populaire sans précédent, le peuple demande le changement) existent aussi chez nous.

La dernière mutinerie, dont on n’a pas encore démêlé tous les écheveaux et rendu compte comme il se doit à l’opinion, traduit un malaise profond, perceptible dans tous les secteurs de la vie nationale.

L’UNDD, encore une fois, soutient que qui peut le plus peut le moins : si nos autorités peuvent s’investir pour réduire des dysharmonies fondamentales dans des pays voisins, elles devraient être en mesure de le faire au plan national, encore et surtout que le mécontentement a atteint un point de non-retour.

Si dans les années 70 à 80, la Haute-Volta, malgré quelques insuffisances, pouvait être prise comme modèle en matière de démocratie, cela n’est plus le cas de nos jours, où des pays de la sous-région comme le Mali, le Niger, le Bénin et le Sénégal apparaissent comme des références, plus confirmées en matière de conduite de processus démocratique que nous.

C’est le lieu pour nous d’ en appeler à toutes les forces vives du pays pour une mobilisation afin de contraindre le pouvoir à renouer avec la raison, avec le dialogue républicain.

Pour qu’on ne disent pas demain "si on avait su"

Alors que la crise institutionnelle est maintenant révélée, que cela accentue l’impunité, l’insécurité, la chute des valeurs éthiques et démocratiques, le pouvoir autosuffisant, indifférent aux critiques émises, méprisant vis-à-vis de l’opposition, engage les élections législatives avec une CENI disqualifiée, des instruments électoraux ayant révélé leurs limites et reste sourd aux revendications catégorielles qui s’amplifient au niveau de l’armée, du monde paysan et ouvrier, du monde scolaire et universitaire, du milieu de l’opposition...

C’est le signe manifeste qu’il est prisonnier de l’usure, de sa gouvernance de l’absurde qui va l’amener au bout du précipice.

Ainsi que le Togo, la Guinée, nous en donnent l’exemple, l’heure est à la mobilisation des partis politiques, des syndicats, des médias, des mouvements des droits de l’homme, des élèves et étudiants.., pour une lutte globale qui ramène dans son lit la gouvernance nationale. C’est à ce prix que nous endiguerons les fractures dangereuses pour la cohésion sociale et nationale annoncées.

A la CEDEAO, à l’Union européenne, dont les représentants ont assisté à cette 3e session du Comité de suivi de l’accord politique global togolais, aux partenaires techniques et financiers en général, l’UNDD en appelle encore une fois au devoir d’interpellation, pour qu’ils ne puissent pas dire demain : « Si on avait su », parce qu’ils savent déjà.

Pour le BEN
Salif Ouédraogo,
Secrétaire général de l’UNDD

Observateur Paalga

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