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Moussa Kaboré "c’est moi qui ai remis la cassette à Kéita et c’est moi qui ai amené les enfants dans son salon"

Publié le jeudi 18 janvier 2007 à 08h09min

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Moussa Kaboré

« il (Moussa) amené la cassette chez Keita pour qu’il écoute ». C’est ce que Moïse déclara à l’Evènement. Dans sa réplique à la Radio savane FM, Tiémoko Keita nie les faits. Bendre a réussi à joindre le nomme Moussa.

Entre autre il reconnaît ceci : ’’C’est moi qui ai reçu les enfants, c’est moi qui ai remis la cassette à Kéita et c’est moi qui ai amené les enfants dans son salon’’. Dans cet entretien qu’il a bien voulu nous accorder, et dans un langage tranchant, il confesse ce que lui, il a fait.

Bendré : Vous avez été cité dans une interview de Monsieur Moise Ouédraogo qui est parue dans L’Evènement du 10 janvier. Dans cet interview, celui-ci dit que ils vous ont contacté, lui et son frère Dieudonné et qu’ensuite vous avez enregistré leurs propos et vous aurez même dit que vous allez utiliser ces propos pour vous venger de Monsieur Keïta. En somme, vous avez enregistré leurs propos que vous aurez remis à monsieur Keita qui l’aurait ensuite remis à Monsieur François Compaoré, qu’en est-il ?

Moussa Kaboré ( M.K ) : Je vous remercie, je vais être direct. Effectivement, ces jeunes travaillent à FASOPLAST. Un soir, ils m’ont abordé en disant qu’ils voulaient me voir. Je leur ai demandé si c’était dans le cadre du service ou si c’était privé. Ils m’ont dit que c’était privé. Du moment que moi, je ne fréquente pas les maquis où on peut discuter, je leur ai dit que ma porte était ouverte à eux, je les ai invités à venir chez moi. Ils sont venus un beau matin, ils étaient assis typiquement là où vous êtes assis et moi de l’autre côté.

Vous voyez le magnétophone qui est à côté, c’est avec ça, j’ai enregistré. Je leur ai dit d’expliquez leur problème ; ils ont commencé à expliquer. J’ai vu que c’était sérieux et ça dépassait ma compétence. N’étant pas à la hauteur, j’ai dit comme c’est une chose sérieuse, permettez-moi de le repiquer. Moi,si je dois transmettre ce que vous avez dit là, de ma propre bouche, j’ai peur de ne pas transmettre fidèlement ; donc permettez-moi d’enregistrer, là en ce moment c’est votre voix qu’on entend et personne ne peut démentir qu’il n’a pas dit ceci ou cela. Ils ont accepté. J’ai mis la cassette en marche et ils m’ont expliqué.

Ils ont fini d’expliquer et c’est à partir de ce moment que j’ai été imprégné de leur problème sinon on se disait bonjour, bonsoir, il n’y avait pas de relations entre nous. Ils sont venus me voir parce que toutes les portes étaient fermées à eux. Comme je suis dans le secteur et proche de Keïta, ils ont pensé que je pouvais faire quelque chose pour qu’on les entende. C’est un service qu’ils m’ont demandé et que je leur ai rendu, c’est tout.

Bendré : Qu’est-ce qu’ils vous ont demandé ?

M.K : Ils m’ont demandé de transmettre ce qu’ils veulent à Keïta. C’est pourquoi j’ai voulu enregistrer. J’ai enregistré avec leur permission en connaissance de cause. J’ai emmené la cassette dans la même soirée à Keita. Il était couché dans son salon ; ce jour là il était parti peut être pour opérer son pied ou quelque chose de ce genre. En tout cas, il était malade et couché. C’est ce jour là que j’ai su qu’il était malade. Il était couché, sur son gros divan. Je lui ai remis la cassette et je lui ai dit Keita, voici la cassette que je t’ai amenée. J’ai expliqué la situation, la genèse de ce que les jeunes m’ont dit et je lui ai demandé quand est-ce que je peux les amener ; il m’a dit à tous moments.

Le surlendemain, j’ai envoyé les enfants dans le salon de Keïta, et je lui ai dit : la cassette que je t’ai remise, voici les intéressés. La cassette est là, et voilà les enfants, je vous laisse ensemble. Il m’a remercié et ce jour-là on s’est séparé. Il avait dit aux enfants de revenir le voir. Donc, c’était ce jour-là la dernière fois que je me prononçais sur cette affaire.

J’ai voulu bien faire. Mais j’étais étonné que deux semaines après, personne ne me dit rien et quand j’ai intercepté les enfants, ils m’ont fait savoir qu’après mon départ Keïta les a convoqué chez lui pour leur dire de ne plus venir me voir parce que je suis un espion. En ce moment, j’ai été déçu mais je leur ai dit merci, mais néanmoins vous, vous avez atteint votre but. Vous avez croisé Keïta, donc maintenant arrangez-vous avec lui. Mais je vous jure ça fait cinq (5) ans aujourd’hui, Keita n’est pas passé pour me parler de la cassette, ça fait également cinq ans jour pour jour que le petit Moise n’est plus venu vers moi, jusqu’à ce que je vois ses propos apparaître dans le journal comme tout le monde.

Bendré : Mais qu’ont-ils dit exactement dans la cassette ?

M.K : Dans la cassette, ils relatent leur mécontentement, leur utilisation dans cette affaire et la majeure partie, c’est ce qui ressort dans le journal. A les écouter ce sont des gens qui avaient accès là-bas, maintenant ils ont la porte fermée, ils veulent la rouvrir de nouveau. C’est pourquoi ils se sont dit qu’il faut qu’ils aillent chez Keïta et c’est pour les aider à y aller que j’ai accepté.

Bendré : Ce matin 12 janvier 2007, sur la Radio-Savane F.M dans l’actualité en langue nationale mooré animée par Sidnaaba, Monsieur Keita a intervenu et a apporté un démenti sur cet aspect de la chose.

M.K : Un démenti, c’est peut-être ce que vous pensez. C’est lui qui a démenti. Mais c’est moi qui ai reçu les enfants, c’est moi qui ai remis la cassette à Keïta et c’est moi qui ai amené les enfants dans son salon. Donc, c’est lui contre nous trois, il ne peut pas avoir raison. Même si les enfants font des erreurs, c’est entre eux, tout le reste ne me regarde pas. Mais pour ce qui concerne le passage de L’Evènement où les enfants (Moïse et Dieudonné ndlr) disent que je les ai enregistré c’est vrai.

J’ai envoyé la cassette dans son salon main à main, je lui ai présenté les enfants et à partir de cette soirée là, je n’ai rien à avoir avec l’affaire. Il y a de cela cinq ans aujourd’hui. Mais la cassette, lui, il peut dire ce qu’il pense ça n’engage que lui mais, c’est la réalité, c’est la pure vérité que je dis. Je le dis haut et fort parce que je ne vais pas mentir. Si je mens ma conscience me gronde. Il a dit à la radio que la cassette ce n’est pas vrai mais il n’a pas parlé mal de moi, c’est de l’enfant qu’il parlait. Qu’est-ce qui prouve que ce n’est pas un piège pour que je mente comme lui ?

Je suis du CDP, lui également. Mais ce n’est pas parce que je suis du CDP que je vais mentir comme lui. Je dois dire la vérité, c’est ce que j’appelle du vrai militantisme. Ce que je dis est vrai, Dieu est témoin, les deux enfants également. La raison est que tous ce que je fais c’est par consentement, il n’y a rien de louche. L’enregistrement avec les enfants, le passage chez Keita à son domicile, les enfants sont là, Keita est là.

Bendré : Mais vous avez lu l’Evènement, et vous avez écouté Savane F.M, n’avez-vous pas été contacté par Keita ou par quelqu’un d’autre ?

M.K : Je n’ai été contacté par personne, je vous le jure. Vous êtes la première personne. On ne peut pas me contacter parce que si depuis cinq ans, il n’y a pas de contact entre nous, ce n’est pas parce qu’il y a un problème qu’ils vont me contacter. Me contacter pourquoi ? Pour que je mentes ? Il y a ma dignité ! Est-ce que vous savez cinq ans après que cette affaire là allait réapparaître. Si je me mettais à mentir et que plus tard ça réapparaît ça va être honteux. Moi, je n’ai jamais accepté de baisser la tête devant quelqu’un, donc je préfère être honnête ; ce que je dis est la pure vérité.

Je n’accuse personne, je ne suis mêlé ni de près ni de loin à ce qui se passe. Mais le passage qui me concerne est une réalité, ils sont venus vers moi. Ils travaillent dans notre société et je me devais de les écouter. J’ai transmis à qui de droit et je les ai emmené là-bas. J’ai été déçu quand on a dit aux enfants de ne pas venir chez moi, que je suis un espion. On s’est rencontré pendant trois jours. Depuis que les enfants et moi on a quitté là-bas cela fait cinq (5) ans, jour pour jour, personne ne m’a contacté. Sauf les propos du journal qui ont paru et je les ai lu comme tout le monde. Je ne suis pas prêt à mentir.

Bendré : Maintenant que cette affaire est sur la place publique, vous exprimant dessus, vous n’avez aucune crainte ?

M.K : Vous savez, je suis de nature à ne pas parler de ce qui ne me regarde pas. Si je parle sans crainte aujourd’hui, c’est parce que je ne dénonce personne. Je reconnais ce que j’ai fait. Je ne dois pas avoir peur. Moi je suis du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP). Je suis un militant de première heure même si je n’ai pas la chance d’être au sommet du parti. Je suis un militant de base mais je suis fier, ce n’est pas pour autant que je vais mentir. Je suis responsable. Je dis ce que je pense avec fierté parce que c’est cela la responsabilité.

Tout ce qui est dit là (sur l’affaire David ndlr) je suis loin de cela mais je reconnais que les jeunes sont venus me voir et je les ai introduits chez Monsieur Keïta. S’ils s n’étaient pas venus me voir je n’allais pas être imprégné mais c’est parce qu’ils sont venus me voir que je suis imprégné de cette affaire.C’est parce qu’ils sont venus me demander service que j’ai transmis fidèlement. J’ai agi dans la clarté et dans la lumière.

Maintenant à dire que ce que Je dis aujourd’hui, je peux avoir peur, c’est comme si je dénonçais quelqu’un. Mais je suis C.D.P, je dénonce qui ? Je dis ce qu’on me reproche, je reconnais le passage dans le journal qui me concerne. Et je dis ouvertement la vérité chez Kéîta. Kéïta, c’est François Compaoré ou bien ?

Bendré : Moïse Ouédraogo a dit que vous leur avez dit que ça va vous permettre de vous venger de Keita et Keïta a laissé entendre également sur Savane FM que si vous êtes du même parti, il y a un certains nombre de divergences entre vous.

M.K : Sincèrement, pour être honnête, moi je suis quelqu’un qui parle de ce qu’il sait. Keïta est un ami à moi, il n’y a rien entre nous. C’est sa manière de faire la politique qui fait que je ne suis pas d’accord avec lui, sinon il n’y a rien entre nous. C’est mon point de vue et ça n’engage que moi. Si vous lisez le journal, il y a des passages de Moise que j’ai reconnu que c’est vrai. Mais il y a d’autres où il ajoute un peu de sel. Lorsqu’il dit que c’est pour me venger de Keita, ce n’ai pas vrai sinon pourquoi lui aurais-je remis la cassette ?

Soyez d’accord avec moi. Donc, il n’y a rien entre nous. Il m’a jamais rien fait.C’est sa manière de faire la politique qui fait que j’ai pris mes distances. Et la distance, c’est depuis que j’ai remis la cassette et il a dit aux enfants de ne pas venir vers moi parce que je suis un traitre. Je ne vois plus mon importance donc moi je me suis replié, je suis chez moi mais et je suis actif chez moi. Maintenant, chacun peut penser ce qu’il veut mais moi je ne suis pas prêt à mentir.

Entretien réalisé Par Pabeba Sawadogo

Bendré

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