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Affaire Norbert Zongo : "Halte au harcèlement des médias !"

Publié le vendredi 19 janvier 2007 à 06h57min

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Le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques, dans la déclaration ci-après, dénonce "la tentative de bâillonnement des journaux et journalistes".

Tout au long de l’année 2006 de nombreux journaux ont été attraits devant les tribunaux. Cette offensive contre la presse intervient aux lendemains du non-lieu prononcé par la Justice dans le dossier Norbert Zongo. Elle constitue des tentatives de bâillonnement des journaux et journalistes qui s’adonnent au journalisme d’investigation, dénoncent les faits de corruption et de détournements avérés, et les passe-droits, les crimes économiques et de sang, l’impunité.

Ainsi, le 8 janvier 2007, le directeur de publication du bimensuel burkinabè L’Evénément, M. Germain Bitiou Nama, et son rédacteur en chef M. Newton Ahmed Barry comparaissaient devant le tribunal correctionnel de Ouagadougou pour diffamation par voie de presse sur la personne de M. François Compaoré, petit frère du président Blaise Compaoré et conseiller spécial de ce dernier.

La citation à comparaître fait suite à un dossier de trois articles publiés dans L’Evènement numéro 102 du 25 octobre 2006 dans lequel M. François Compaoré estime qu’il y a des allégations et imputations de faits qui portent atteinte à son honneur et à sa considération. Les articles, écrits et photos visés ont trait à une requête de l’organisation internationale de défense des journalistes "Reporters sans frontières" demandant la réouverture du dossier Norbert Zongo.

Norbert Zongo, journaliste et directeur de publication de l’hebdomadaire L’Indépendant, a été assassiné avec trois de ses compagnons le 13 décembre 1998 à 100 km environ au sud de Ouagadougou. Les résultats des travaux de la Commission d’enquête indépendante (CEI) mise en place à l’époque indiquaient que de "sérieux suspects" se trouvaient dans la sécurité rapprochée du président Blaise Compaoré. Faut-il rappeler que M. François Compaoré est le patron de David Ouédraogo dont l’assassinat par des éléments de la garde présidentielle a fait l’objet d’enquête par Norbert Zongo ?

"Un ennemi à abattre"

Par ailleurs, le bimensuel Le Citoyen, pour avoir dénoncé, dans le numéro 036 du 22 novembre 2006, le projet d’octroi des faveurs et des passe-droits au groupe Tan-Aliz, a fait l’objet de menaces de la part de Mme Alizèta Ouédraogo, dit Alizèta Gando.

Le 28 décembre 2006, le directeur de publication du quotidien L’Observateur Paalga et les journalistes qui ont écrit un article sur la disparition de matériels au camp CRS de Ouagadougou (cf. dossier L’Observateur Paalga n°6795 du 28 décembre 2006) ont été convoqués à la gendarmerie et interrogés pendant plusieurs heures pour avoir fait observer que c’est la gendarmerie qui gardait les locaux du camp CRS après le passage des militaires.

Le 6 novembre 2006, le quotidien "Le Pays" était attrait en Justice pour avoir écrit sur les malversations financières opérées par l’ancienne direction régionale de l’environnement de l’Ouest, Bobo Dioulasso.

Le journal L’Evènement, dont le procès a été reporté au 22 janvier 2007, a aussi publié dans son numéro du 10 janvier 2006 l’interview de M. Moïse Ouédraogo, qui peut faire réouvrir le dossier Norbert Zongo.

D’autres journaux tel Bendré dans son numéro 426 du 15 janvier 2007 apporte également des informations susceptibles de faire avancer le dossier Norbert Zongo.

Ces exemples indiquent que la presse, par son travail, contribue à faire avancer la recherche de la vérité et de la justice pour Norbert Zongo et pour toutes les autres victimes, la lutte contre l’impunité, la corruption, et pour le renforcement de l’Etat de droit.

Le Collectif salue ces efforts et actions de la presse !

Au Burkina Faso, quand un journal ou un journaliste affiche une indépendance de jugement et dénonce les faits de prince posés par une personnalité, quand il critique certaines décisions politiques, quand il dénonce des abus, en somme, quand il joue son rôle de contre-pouvoir, il devient un « dangereux subversif ». Il est voué aux gémonies. Il devient un ennemi à abattre.

C’est pourquoi le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques :

- dénonce ces différents procès qui constituent des tentatives d’intimidations des journalistes et des médias, et fragilisent le processus démocratique en cours ;

- apporte son soutien aux journaux et aux journalistes qui se battent quotidiennement pour faire reculer les frontières de l’arbitraire, de l’impunité ;

- met en garde les autorités contre les méthodes déguisées en vue de faire taire des journalistes et journaux. Il les invite à dépénaliser rapidement les délits de presse. Toute chose qui renforce la démocratie au Burkina Faso ;

- appelle ses membres et sympathisants à suivre attentivement les différents procès, particulièrement celui intenté par François Compaoré contre L’Evènement.

N’an an laara, an saara !

Ouagadougou, le 18 janvier 2007

Pour la Coordination nationale, le Bureau :

Le Président du Collectif

P/O Dr Henri COMPAORE

MBDHP

Vice-Président

Tolé SAGNON

Collectif syndical CGT-B

Vice-Président

Nestor Bassière

Groupe du 14 Février

Rapporteurs

Jean Claude MEDA, AJB

R. Ernest TRAORE, UGEB

Me Bénéwendé S. SANKARA,
Collectif / Avocats

P.-S.

Lire aussi :
Affaire Norbert Zongo

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Vos commentaires

  • Le 20 janvier 2007 à 09:17 En réponse à : > Affaire Norbert Zongo : "Halte au harcèlement des médias !"

    Bonjour au Collectif qui perd souvent la tête !!! oups !!pardon, plutôt la boule !!!
    La presse, dans cette déclaration du collecif, ne doit pas, non plus, être au dessus des lois, et ce, pour éviter d’être une presse de gouvernement. Les gouvernants doivent gouverner et la presse se contenter de donner des informations objectives dont elle a la certitude. En quoi, les révélations de ce voyou de Moïse peuvent-elles entraîner une quelconque réouverture du dossier pénal définitivement clos... pour l’instant. Il faudrait que la presse apprenne aux citoyen lamda, les notions élémentaires de commanditaire, de commandités, de responsabilité pénale personnelle, d’auteur, de co-auteurs ou de co-action ;
    mon intime conviction dans le dossier Norbert ONGO est que le drame de Sapouy a résulté du comportement isolé de certains zélés, isolés, irresponsables, qui ont cru, par cet acte odieux, rendre un quelconque service à quelqu’un alors que personne ne leur a rien demandé.
    Dans ces conditions, comment pourrait-on accuser gratuitement M. François COMPAORE de faits dont il ignore les tenants et les aboutissants. Peut-on se mettre un peu à la place de ce Monsieur. Une certaine presse n’est pas juste avec Monsieur François COMPAORE. Mais vous n’y pourriez rien car il y a la justice céleste. Ce n’est pas parce que M. Bénéwendé Stanislas SANKARA n’aime pas le Président Blaise COMPAORE que si, par malheur, notre président était victime d’un assassinat politique, on accuserait le même SANKARA d’avoir orchestré cet odieux crime. De grâce, il faut de la retenue de la part de la presse et du collectif qui sont incapables de proposer un projet d’alternance politique convenable. La lutte contre l’impunité n’est qu’une variante d’un programme politique. Où sont les autres programmes ? Bandes d’incapables intellectuels et de nains politiques.
    Kéïta a dit quelque chose dans son interview sur les prétendues révélations de Moïse, qui m’a beaucoup marqué. En substance il a laissé entendre que ceux qui ont du pouvoir ont le sens du pardon et de la tolérance.
    J’ajouterai, en signe d’encouragement à Monsieur François COMPAORE et au Président du FASO que leur place actuelle est vraiment enviée et qu’il est normal que des individus qui n’aiment pas notre peuple soient contre ces honorables dirigeants pour le beau et difficile travail qu’ils font actuellement au Burkina en dépit des orages circonstantielles. Les intrigues politiques ne manqueront pas et doivent constituer, au contraire des signes d’encouragement dans l’action politique. En conclusion, si le Président Blaise COMPAORE et François COMPAORE étaient de vulgaires et braves paysans cultivant la terre aride à Ziniaré, personne ne s’occuperait de leur sort. Il faut qu’il y ait des personnes simples comme moi pour le dire. J’attends le jour où j’aurai le micro pour dire ces mots simples à tous ces apprentis-sorciers qui n’ont pas tiré les leçons de la crise ivoirienne.
    La stabilité est, en soi, un gage et un socle conséquents du développement.
    A bon entendeur, salut fraternel à tous. Ange, France.

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