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Da Vinci Code : Prétendre que Marie Madeleine a été l’épouse de Jésus est déraisonnable

Publié le mercredi 17 janvier 2007 à 08h20min

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Le film Da Vinci Code du réalisateur Ron Howard suscite de nombreuses réactions à travers le monde surtout dans les milieux religieux. Nous avons reçues celle de l’abbé Jacob Yoda que nous vous proposons à lire dans les lignes qui suivent.

Il n’y a pas longtemps, c’était en Europe qu’était projeté le film Da Vinci Code adapté du livre de Dan Brown. Ce week-end, c’était au tour du ciné Neerwaya de le projeter sur ses écrans. Sans pouvoir mesurer son effet sur les cinéphiles burkinabè, nous proposons cette communication aux lecteurs. La réussite commerciale et artistique de cette œuvre cinématographique en a fait un best-seller mondial.

Mais pour autant, le succès commercial d’un film doit-il s’imposer à la vérité historique d’une religion ? Qu’est-ce que Da Vince Code et quel est son objectif ? Ce film n’est plus ni moins qu’une fiction qui emprunte à plusieurs mythes et légendes que le réalisateur a sciemment et savamment fondus pour en faire un récit cohérent. Le récit, en partie historique et en partie légendaire de l’abbé Saunière, lui sert de fondement.

La vérité historique de certains faits n’est que pure allégation. Le réalisateur aurait ainsi tissé différents récits épars venant d’époques historiques disparates dont le seul lien est la religion. D’où l’allure complexe, sinon énigmatique de l’intrigue au départ. Et comme elle porte sur la religion, elle vise à provoquer un sentiment de frustration et à faire planer le doute sur la religion catholique. En effet, en réussissant techniquement sa fiction, Dan Borin pense pouvoir jeter un grand soupçon sur un aspect essentiel de la foi catholique : la vérité sur la personne et la vie de Jésus.

Les explications historiques que donne le récit de certaines réalités et de certains faits religieux sont exploitées aux seules fins d’accréditer la thèse du réalisateur. Ainsi, le prieuré de Sion, maintes fois cité comme une société secrète qui aurait officiellement pour but de protéger le prétendu Graal, fut en fait une association dite loi 1901 dont les statuts ont été déposés dans la Préfecture de Saint-Julien-en-Genevois, en France en 1956 par un certain Pierre Plant Ard. Cette société qu’il a créée de toutes pièces était censée le mettre sur le trône de France en tant que descendant de Jésus Christ et de la dynastie mérovingienne (1).

Le fameux Graal, dont la découverte constitue l’objectif premier des investigations dans le film, ne serait en fait qu’un mythe celtique apparu au Ille siècle. La force de cette légende tiendrait à son amalgame avec une autre légende chrétienne qui présente le Graal comme "une coupe dans laquelle aurait été recueilli le sang de Jésus, mort sur la croix" (2), ce qui n’est pas loin de ces écrits apocryphes dont les évangiles dits de Philippe, Judas, Thomas, etc., qui prennent le contre-pied des écrits évangéliques authentiques et dont la prétention est de fournir plus de précisions que ces derniers.

Ignorance ou mauvaise foi ?

Pour ce qui est de la représentation de la Cène dans laquelle un des apôtres a des traits féminins, c’est là une question de style et d’interprétation de la part du peintre. Dans la tradition chrétienne, ce personnage à la droite de Jésus a toujours représenté saint Jean.

Que Léonard De Vinci ait voulu insinuer par là qu’un des apôtres de Jésus fut une femme, à moins qu’il ne prouve qu’au lieu de douze ils étaient treize apôtres, il lui reste à dire pourquoi son tableau ne contient que treize personnages y compris Jésus. Où serait alors l’apôtre Jean ?

Bref, il faut tout ignorer de la religion chrétienne ou être de mauvaise foi, pour prétendre que Marie Madeleine fut l’épouse du Christ. Qu’une œuvre, fût-elle du septième art, prétende supplanter une tradition religieuse vieille de plus de vingt siècles, relève plus de la déraison que de la méchanceté.

Jusqu’à preuve du contraire, la religion chrétienne n’a pas d’autres sources d’interprétation que l’Écriture Sainte, et dans une certaine mesure, la Tradition pour ce qui est de la confession catholique. Que l’on pense qu’il y ait des points d’ombre dans certains domaines de la foi chrétienne, soit. Mais c’est à un autre niveau qu’il faut les considérer.

A notre avis, dans ce domaine précis de la religion, toute œuvre cinématographique a tout au plus le droit de poser des questions et non d’imposer ses réponses, dans un domaine aussi vital. On est tenté de dire : "Après tout ce n’est qu’une fiction, donc un conte !" Malheureusement, plus d’un n’en font pas la différence.

Le Da Vinci Code est certes une fiction littéraire et cinématographique techniquement réussie, mais cette réussite commerciale est faite aux dépens de la religion catholique. Et ce, au nom de la liberté d’expression qui permet à qui veut de se moquer impunément de tout, y compris de la religion.

Une telle réalisation concourt à jeter la suspicion sur l’enseignement de l’Eglise en ce qui concerne la vérité sur la personne et la vie de Jésus. Mais où se trouverait la supercherie ? Dan Brown et ses associés seraient-ils contre la présentation du Jésus historique qui, sans avoir méprisé le mariage, y a renoncé de son plein gré pour sa mission de salut ? Qu’ils soient gênés par cette vérité historique, ceux qui la combattent doivent sans doute avoir de bonnes raisons de le faire.

L’argent, le pouvoir et le sexe

Nous vivons dans un monde dont les idoles principales sont l’argent, le pouvoir et le sexe. Si bien que tout sujet qui a rapport à l’un de ces thèmes est le bienvenu. Aussi certains croient-ils qu’il est de bonne guerre d’exploiter tout ce qui peut l’être à leurs fins. Quand on pense, à tort d’ailleurs, que l’Eglise est contre le sexe et tout ce qui y a rapport, l’on se trompe. Au contraire ! elle s’oppose à tout usage inconsidéré du sexe dans le sens d’une idole et pour le pervertir dans l’immoralité. C’est moins le sexe en tant que tel que la manière vile et irrespectueuse de le considérer et d’en user que l’Eglise rejette.

Dans le respect de la Création et de la dignité de l’être humain, elle ne peut que se dresser contre toute idée fausse que l’homme a tendance à se faire d’une réalité aussi noble que la sexualité. Pour en arriver à son exploit, il a fallu un prétexte à Dan Brown. Et c’est le personnage de Marie Madeleine qu’il a cru bon d’exploiter à la suite d’un autre réalisateur, Martin Scorsese avec « La Dernière Tentation du Christ » (1988), et peut-être d’autres que j’ignore.

Certes 1e personnage de Marie Madeleine est fascinant même dans le cadre purement évangélique. Mais qui était-elle ? Marie Madeleine ou Marie de Magdala est citée plusieurs fois dans les Evangiles. Elle est l’une des nombreuses femmes disciples qui suivaient Jésus pendant sa vie publique. Comme bien d’autres, Marie la Magdaléenne a joué auprès de Jésus un rôle de témoin.

Dans une grande fidélité, elle a suivi le Seigneur jusqu’au Golgota, c’est-à-dire jusqu’au lieu de sa crucifixion (Jn 19, 25) ; elle a participé à son ensevelissement. Au Matin de Pâques, elle est l’une des premières à se rendre au tombeau afin d’oindre le corps du Christ, C’est là qu’elle a trouvé le tombeau vide. Selon saint Jean, c’est elle qui va prévenir les disciples : « On a enlevé le Seigneur du tombeau et nous ne savons pas où on l’a mis » ( Jn 20, 2).

L’importante question de la divinité de Jésus

C’est à elle que Jésus apparaît en premier (cf. Jn 20, 11 - 18 ; Mc 16,9 ; Lc 24, 9 - 10) et la charge d’envoyer ses disciples en Galilée.

Ce personnage de Marie Madeleine n’est pas à confondre avec deux autres Marie de l’évangile : Marie de Béthanie, sœur de Marthe et de Lazare l’ami de Jésus (cf. Jn 11, 1-2 ; 12, 1-8) et la pécheresse de l’évangile de Luc, dont le nom n’a pas été révélé (cf. Lc 7, 36 - 39). Il s’agit de cette femme qui fit irruption lors d’un repas de Jésus chez Simon le Pharisien. Elle se jeta alors aux pieds de Jésus, les couvrant de baisers, de larmes et de parfum. Saint Luc affirme que c’était une pécheresse publique. Elle s’en ira d’ailleurs pardonnée (cf. Lc 7, 44 - 48).

Il est à signaler que subsiste une confusion entre Marie de Béthanie et la pécheresse de Luc. On en est même venu, avant le Concile Vatican II, à réunir les trois figures en une seule, notamment en Occident, mais jamais en Orient. Le réalisateur s’obstine également à vouloir faire de Jésus non seulement un homme marié, mais l’époux de Marie Madeleine. Cette contre-vérité historique voudrait accréditer la thèse selon laquelle l’Eglise maintient la femme à un rang inférieur.

Comme si le fait pour Jésus de renoncer au mariage, et celui pour certains dans l’Eglise d’observer ce choix constituait la preuve d’une misogynie qui ne dit pas son nom. Il en irait aussi de l’option de l’Eglise catholique de ne pas admettre des femmes au sacerdoce. Certains voient en effet dans le sacerdoce un poste de pouvoir dont on priverait injustement la gent féminine. Toutes ces accusations, dont on accable l’Eglise de l’extérieur, n’ont rien à voir avec la réalité.

Des affirmations gratuites fusent çà et là dans le film qui ne sont que des absurdités. Parlant par exemple du Concile de Nicée, convoqué par l’empereur Constantin en 325, Dan Brown soutient le fait qu’il aurait permis aux Pères de l’Eglise de créer le christianisme moderne en vue de promouvoir la divinité de Jésus. Les Pères auraient également, par la volonté d’un homme, Constantin, fixé à cette assemblée le canon des Ecritures. Alors que le concile de Nicée n’a rien à voir avec tout cela.

Il a été convoqué par l’Empereur Constantin - lequel venait de se convertir au christianisme en 32 en vue de garantir aux chrétiens la liberté de culte et de faire de la religion chrétienne une religion d’Etat - pour régler les affrontements doctrinaux qui divisaient non seulement le christianisme, mais l’Empire. C’est à cette occasion que fut proclamé le dogme de la Trinité - en opposition à Arius qui niait que le Fils fût égal et consubstantiel au Père - dont l’enseignement se trouve condensé dans le symbole de Nicée.

Les dogmes ne sont pas de simples constructions intellectuelles

Quant au Canon des Ecritures, c’est au Concile de Trente (1545 - 1563) qu’il fut fixé, exactement en sa 4e session, le 8 avril 1546.

L’œuvre de Dan Brown aborde aussi l’importante question de la divinité de Jésus que notre écrivain et réalisateur semble avoir du mal à admettre. C’est une question de foi et on ne peut exposer que ce qu’on a. Mais cela ne saurait justifier qu’on cherche à induire d’autres en erreur.

Par ailleurs, Dan Brown affirme qu’avant le Concile de Nicée, Jésus était considéré comme « un homme exceptionnel en tout point, certes, mais mortel ». Or ce qui constitue la pièce maîtresse de la reconnaissance de la divinité de Jésus, c’est sa résurrection physique. C’est cet événement décisif qui permet aux chrétiens d’affirmer qu’il est Dieu. Cela ne relève pas d’une simple définition. Comme le dit saint Paul : « Si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est notre foi »(1 Co 15,14).

Ce qu’il faut savoir, c’est que les dogmes ne sont pas de simples constructions intellectuelles. Ils découlent de faits religieux confirmés et interprétés selon les Saintes Ecritures et la pensée théologique de l’Eglise.

C’est se leurrer donc et faire preuve de simplisme que d’oser croire que la divinité de Jésus est le résultat d’un vote des Pères conciliaires. Il ne faut tout de même pas reléguer la foi chrétienne au rang d’une fiction ! Ce serait faire injure à une grande partie de l’humanité et ce, depuis plus de vingt siècles. Et que dire de la multitude des martyrs de tous les temps et de toutes conditions qui ont préféré mourir que de renier leur foi ? Sur la base d’une fiction, Dan Brown prétend-il fonder sa propre religion ?

Le dernier dialogue entre Sophie et Robert est révélateur. Celui-ci, à travers son questionnement à propos de Jésus, montre bien que le sujet lui échappe. Pour autant, rien ne saurait justifier une telle fronde contre le christianisme.

Abbé Jacob Yoda Ouagadougou

Tél : 50 37 22 20

Cel : 76 55 87 01

1 - Cf "Da Vinci Code. Info ou Intox" in II est vivant ! mensuel de la nouvelle Evangélisation, Hors-Série mai 2006, p. 8. 2 - Idem

Le titre et les intertitres sont du journal

P.-S.

Voir le site de l’Eglise du Burkina :
http://www.egliseduburkina.org/

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Vos commentaires

  • Le 17 janvier 2007 à 09:27, par innsa En réponse à : > Da Vinci Code : Prétendre que Marie Madeleine a été l’épouse de Jésus est déraisonnable

    Il ne faut pas oublier que c’est un film... une fiction...
    C’est pas un film historique !

    • Le 17 janvier 2007 à 17:08, par drissa En réponse à : > Da Vinci Code : Prétendre que Marie Madeleine a été l’épouse de Jésus est déraisonnable

      C’est peut-être une fiction comme tu le dis. Mais si jamais cela avait été fait sur les mulmans, les musulmans integristes (moi je suis modéré) aurait mis la planète à feu et à sang ! Juste à penser ce que les caricatures du prophet ont entrainé comme réaction l’année derniere. Alors je n imagine même pas ce qui arriverait si un film dégradant autant le prophet Mahomet sortait ! Les catholiques sont-ils trop mou ? trop tolérants ? ou alors est cela la modernité pour eux que de laisser faire ? La est la question.

      • Le 18 janvier 2007 à 10:52, par Bersany Touré En réponse à : > Da Vinci Code : Prétendre que Marie Madeleine a été l’épouse de Jésus est déraisonnable

        Bonjour Drissa

        Etes-vous vraiment un modéré ? Vous conseillez aux catholiques de lancer une Fatwa sur le réalisateur de ce film de manière déguisée.L’analyse de l’Abbé Jacob est mesurée et sans haine donc n’incitez pas aux violences par des comparaisons inutiles.Chaque religion a ses lignes directrices. En Islam la représentation du prophète(SAW) est formellement interdite par les musulmans.Si un ignorant le fait, faut-il le tuer ou l’agresser ? Je pense comme l’Abbé Jacob expliquer sans haine et amener le fautif à ne plus recommencer s’il est de bonne foi.
        Merci et sans rancune

        • Le 18 janvier 2007 à 16:43, par drissa En réponse à : > Da Vinci Code : Prétendre que Marie Madeleine a été l’épouse de Jésus est déraisonnable

          Trop facile comme analyse. Il est toujours plus simple de détourner les propos d’autrui de leur contexte pour essayer de jouer les donneurs de lecons. Je n’ai fait qu’établir un constat et de me poser tout simplement des questions et il me semble évident que je ne suis certainement pas le seul. Mais là vous en profiter dans vos envolées démagogiques pour essayer de faire croire que j’inciterai au lynchage du réalisateur et patati et patata (comme si j’avais ce pouvoir)
          Alors n’essayer surtout pas de me prêter des intentions qui ne sont pas les miennes.

          • Le 21 janvier 2007 à 13:04, par lefougeni En réponse à : > Da Vinci Code : Prétendre que Marie Madeleine a été l’épouse de Jésus est déraisonnable

            Mon cher il me semble que vous faites des confusions de genres. Ce qui est dit de Jésus dans le film n’est pas la même chose que le cas des caricatures sur le prophète Muhammad. Dans le cas des caricatures, il y a manifestement intention de nuire à une communauté. Et ça été fait à dessein. Il faut passionner le débat et éviter des confusions terribles. L’article de l’abbé est clair et sans ambiguité. Ne profitons pas pour traduire nos intentions inavouées et même inavouables et déplacer ainsi le débat.

            • Le 21 janvier 2007 à 22:53, par drissa En réponse à : > Da Vinci Code : Prétendre que Marie Madeleine a été l’épouse de Jésus est déraisonnable

              En ce qui me concerne il n ya absolument aucune confusion. Mon intervention s’est basé sur le film en tant que tel et non sur l’article de l’abbé. J’ai vu le film et tous les sous-entendu sur Jésus.
              Alors si tu penses qu’un film pareil aurait pu être fait sur le prophète tant mieux pour toi mais tout ce que je sais c’est que les conséquences seraient terribles parceque nous ne l’accepterons jamais ! À bon enteneur, salut !

      • Le 8 février 2007 à 00:23, par iaie En réponse à : > Da Vinci Code : Prétendre que Marie Madeleine a été l’épouse de Jésus est déraisonnable

        Jesus nous a enseigné l’amour et à vivre sa religion pour soir et non pas pour les autres...les occidentaux ont mis du temps , mais ils commencent a assimiler le message..Les musulmans sont encore au stade du fanatisme de l’inquisition, meme sous les traits des soi disants musulmans modérés.
        Ceci explique cela

  • Le 18 janvier 2007 à 18:41, par frank thiombiano En réponse à : > Da Vinci Code : Prétendre que Marie Madeleine a été l’épouse de Jésus est déraisonnable

    je suis entierement d’accord avec l’annalyse d’abbe jacob et j’invite tt les lecteurs a prendre cela avec philosophie.frank thiombiano depuis fada

  • Le 19 janvier 2007 à 16:20, par Marcel En réponse à : > Da Vinci Code : Prétendre que Marie Madeleine a été l’épouse de Jésus est déraisonnable

    Très bonne analyse de Abbé YODA. L’être humain aime le sensationnel, la fiction, etc. mais la réalité le rattrape toujours. JESUS ne peut être un sujet de polémique pour celui qui croit, parce que la foi se vit. Donc ce "film" est trop petit pour nous douter de la vie et de la personne de JESUS. Je suis catholique et très fier de l’être.

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