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Regroupements de partis d’opposition : Résisteront-ils à l’épreuve du temps et des "feuilles" ?

Publié le mardi 16 janvier 2007 à 12h50min

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Ils disent avoir "tiré leçons de leurs errances et de leurs erreurs". Le 13 janvier dernier, cinq partis sankaristes ont décidé de rassembler leurs forces en créant l’Union des partis sankaristes (Ups) ... et disent affûter déjà leurs armes pour les législatives d’avril 2007.

Pour combien de temps cette alliance va-t-elle tenir la route ? Résistera-t-elle à l’épreuve du temps, des "feuilles" (argent), des appétits voraces et égoïstes ? Ce coup-ci sera-t-il le bon ? Autant d’interrogations qui ne manquent pas d’intérêts. Toujours est-il que c’est déjà un pas de franchi que cinq partis sankaristes se soient coalisés. Même si un poids lourd de la famille sankariste a manqué à l’appel, en l’occurrence l’UNIR/ MS de Me Bénéwendé Sankara.

L’union proclamée, il ne reste plus qu’à souhaiter qu’elle évolue vers l’unité sacrée, celle qui marque le retour à la maison, de tous les fils prodiges. Autrement, la famille sankariste continuera à traîner sa grotesque prothèse estampillée "division et vulnérabilité".

A côté de ce nouveau regroupement sankariste, 33 partis de l’opposition burkinabè ont pris l’initiative de fédérer au sein du Cadre de concertation des partis de l’opposition (C-PO), dont la feuille de route n’est autre que de veiller à ce que tous les représentants de l’opposition désignés au sein de la CENI, aient des actions concertées pour la défense des intérêts de l’opposition. Aussi, s’agit-il pour le C-PO, de mener des luttes pour l’organisation d’élections libres, équitables et transparentes au Burkina.

C’est une initiative louable, tout comme la précédente, qui pourrait contribuer à redorer le blason d’une opposition qui avait jusque-là étalé sa profonde division, et montré son incapacité à s’entendre sur l’essentiel.

Pour autant, ces deux regroupements suffisent-ils pour affirmer que l’opposition est enfin mûre politiquement ? Autrement dit, face à ce qui est admis comme étant une tare de l’opposition burkinabè (son incapacité à faire front commun pour s’attaquer à la grosse machine CDP), l’opposition burkinabè dans son ensemble a-t-elle véritablement tiré leçons des échecs et des erreurs du passé ? A-t-elle enfin compris que sans une alliance forte et rompue à toute épreuve, elle fera toujours figure de poids plume face à un géant comme le CDP ? A-t-elle désormais pris conscience que la dispersion de ses forces annonce un échec cuisant, comme ce fut le cas lors des dernières élections municipales ? S’est-elle enfin rendu compte que la seule chance pour elle de ne pas faire de figuration, d’avoir un score honorable, réside dans sa capacité à aller en rangs serrés aux élections ?

Une fois de plus, ces regroupements suffisent-ils pour affirmer que l’opposition ne se laissera plus prendre au piège de ses errements ? Une interrogation d’autant plus justifiée que par le passé, les fruits des regroupements qui avaient été opérés avec plus ou moins de vacarme, n’ont pas tenu les promesses des fleurs. On sait comment l’Opposition burkinabè unie (OBU) a éclaté à la face de ses propres fondateurs. Comment le Groupe du 14 février a, par la suite, volé en éclats. Quant à Alternance 2005, elle a aussi, à un certain moment, montré des signes de fissures. L’histoire repassera-t-elle les plats ?

C’est dire donc qu’on ne saurait préjuger de l’avenir de l’Ups et de la C-PO. D’autant plus qu’une chose est d’arriver à se coaliser, une autre est de pouvoir gérer une telle coalition jusqu’à l’atteinte de ses objectifs. Et à ce sujet, on peut se demander si les partis politiques qui fédèrent, s’entourent toujours de précautions et de garanties nécessaires pour que ces regroupements soient pérennes.

Comment est-il, par exemple, possible d’atteindre un objectif commun quand la marche entamée est déjà handicapée par la composition même de la structure ? Comment parvenir aux objectifs de départ quand l’élan du groupe est freiné par de malveillantes actions souteraines de taupes ?

Qui est sincère dans ce genre d’attelages ? Avec quel esprit chacun y adhère ? Quelles sont les motivations réelles ou supposées de chacun ? Des questions qui ne semblent pas saugrenues, tellement ce genre de milieux ne manquent pas de Judas et d’intérêts en tous genres.

Dans tous les cas, le peuple burkinabè saura apprécier ces deux groupements. Il est clair que la désaffection des électeurs vis-à-vis de la chose politique sera encore plus grande - elle n’est déjà pas reluisante - et la déception plus marquée, si ces nouvelles alliances venaient, elles aussi, à se faire hara-kiri. En termes d’images et de crédibilité, ce sera un coup dur pour l’opposition.

Mettant le cap sur les législatives d’avril prochain, l’Ups a demandé aux représentants de provinces d’établir les listes de candidatures pour ces consultations électorales. L’établissement de telles listes donnera-t-il lieu à une guerre de positionnements sans merci au sein de l’Union, sera-t-il cause d’injustices et de ressentiments ? Comme quoi, la réussite de tels régroupements dépendra de la capacité de chaque membre à transcender ses intérêts pour ne voir que ceux de groupe.

"Le Pays"

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