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<I>Droit dans les yeux</I> : Comment on gouverne au Faso

Publié le mardi 16 janvier 2007 à 08h43min

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En janvier 2005 est décidée la politique agricole commune de la CEDEAO qui souligne et reconnaît explicitement le droit de la souveraineté alimentaire. En janvier 2006, notre président accepte le TEC (Tarif extérieur commun), maximum 20% de douane, ce qui est trop bas pour la souveraineté alimentaire et pour protéger nos produits agricoles contre ceux d’Europe fortement subventionnés, et le TEC est introduit dans la CEDEAO, ce qui est catastrophique pour les paysans.

C’est l’anti-chambre de l’APE (suppression totale des tarifs douaniers). Il s’agit directement de 80% de la population et sans douane, je ne vois pas comment encore payer toujours les fonctionnaires. 80% de la population s’enfonce dans la misère.

J’ai demandé à la cellule CEDEAO comment c’était possible que le gouvernement ait accepté le TEC : pas de réponse. Je suis allé chez le ministre de l’Economie : pas de réponse. Le TEC a un maximum de 20% de douanes (il comprend quatre tarifs : 0%, 5%, 10%, 20%). Quelqu’un qui veut rester anonyme m’a dit que certains importateurs vont gagner des milliards et certains sous-marins des hommes politiquement puissants en profiteront autant, sinon plus. Moi je dis : en tout cas, il y a des personnes qui en profitent ; tant pis pour les pauvres. La ratification de cet accord dépend de l’interprétation de la Constitution.

Le gouvernement le soumet à l’Assemblée nationale ou pas ? Personne n’a pu (voulu ?) (osé ?) me répondre. Les Européens, avec leurs performances techniques et leurs subventions, peuvent nous vendre leurs produits plus bas que nos cultivateurs. Eux-mêmes protègent bien leurs produits : par exemple, 90% de douanes sur l’importation du sucre en Europe. Mais ils veulent que nous abandonnions toute douane pour qu’ils puissent exporter leur sucre subventionné chez nous. C’est la même procédure pour le riz, le blé, le lait en poudre.

Déjà, avant les élections présidentielles, de jeunes recrues encore à l’école de police ont fait une descente dans la ville pour "punir" certains jeunes et non jeunes. Ils ont tous été mis à la porte. Mais Papa Blaise Compaoré a eu la bonté de pardonner à ces jeunes et d’annuler la punition. Tous ont réintégré l’école. C’est comme ça qu’on gouverne au Burkina Faso. Pas étonnant que, depuis, des éléments armés descendent dans la ville pour punir certains citoyens souvent pour une affaire de fille et toujours sans aucune suite judiciaire. Qui peut être encore étonné des heurts entre certains policiers et certains éléments de l’armée ?

Le 1er novembre 2006, notre Armée a fêté ses 46 ans d’existence et on pouvait lire : une armée fort bien équipée et disciplinée. Le maire Simon Compaoré a dit qu’il était fier de sa police. Les deux ont rendu Ouagadougou plein d’anxiété et cinq personnes ont été tuées. Pas de sanctions pour les coupables qu’il était facile d’identifier. Il suffit de mettre le juge d’instruction Wenceslas Ilboudo sur cette affaire. Mais non : le pardon (on a déjà un jour de pardon). Tant pis pour les morts et leurs familles. C’est comme ça qu’on gouverne au Burkina Faso.

La lutte contre la pauvreté est bien engagée au Burkina. On construit des routes à coûts de milliards ou on les reconstruit même, par exemple Ouaga-Bobo, parce que mal faites. Des milliards et des milliards pour lutter contre la pauvreté, mais l’argent va dans les grandes sociétés souvent internationales et chez certains décideurs. Voyez dans le rapport de REN-LAC et l’histoire sur les marchés publics. Les pauvres peuvent bien transporter leurs produits sur de mauvais chemins. S’ils peuvent gagner 5 000 F CFA par voyage de 2 X 50 km, ils le font. La preuve : les transporteurs de bois. Mais les pauvres n’ont qu’à mourir, à la rigueur sur de bonnes routes, au lieu de leur assurer un prix rémunérateur. C’est comme ça qu’on gouverne au Burkina Faso.

Nous, simples citoyens, aidons notre pays : consommons et achetons des produits burkinabè : un pagne artisanal dans l’année ou deux, ce qui est encore mieux. Il faut quand même que notre pays change.

Bonne nouvelle : Sept douaniers révoqués avec poursuites judiciaires (en 2005).

F.Balemans
B.P.332
Koudougou

Le Pays

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