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Burkina - Allemangne : Agriculture, décentralisation et eau potable comme secteurs clés

Publié le lundi 15 janvier 2007 à 07h23min

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Ulrich, ambassadeur d’Allemagne au Burkina

La coopération germano-burkinabè est vieille de plusieurs décennies. Depuis 2003, suite à des négociations entre les deux parties, cette coopération a entamé un nouvel processus de concertation géographique des interventions pour augmenter son impact et son efficacité sur le plan
du développement.

Elle concentre désormais ses efforts dans les régions de l’Est et Sud-Ouest à travers trois axes prioritaires : l’agriculture et la gestion durable des ressources naturelles, la décentralisation, l’adduction
d’eau potable et assainissement.

Parce que le Burkina Faso est un pays pauvre aux ressources fort limitées, la République fédérale d’Allemagne a décidé de l’inscrire sur la liste des pays prioritaires dans le cadre de l’aide au développement. Intervenant jadis dans divers secteurs, l’Allemagne en accord avec le gouvernement burkinabè, a opté depuis 2003, de focaliser ses efforts dans trois domaines prioritaires dans les seules régions de l’Est et du Sud-Ouest : agriculture et gestion durable des ressources naturelles, décentralisation, eau potable et assainissement.

En outre, la lutte contre la pauvreté, la promotion de la participation des femmes et des jeunes, la lutte contre le Sida, la conservation des ressources naturelles et la prévention des conflits considérés comme des objectifs transversaux, constituent les autres domaines d’intervention. Ces axes de la coopération allemande, selon l’ambassadeur Ulrich Hoschschild, trouvent leurs places dans les objectifs du Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP) du Burkina.

Le PDA, une contribution à la réduction de la pauvreté

Pour la période 2005-2007, le volet agriculture et gestion des ressources naturelles est financé à hauteur de six milliards de F CFA. Quant aux secteurs de la décentralisation et de l’eau potable et assainissement, ils sont respectivement financés à hauteur de 8 et 8,5 milliards de F CFA. Pour les objectifs transversaux, la coopération allemande prévoit 7,5 milliards de F CFA.
Partie du constat selon lequel, 87% des exploitants agricoles au Burkina pratiquent une agriculture traditionnelle de subsistance et ont de ce fait de faibles perspectives d’amélioration de leur situation de pauvreté, la coopération allemande a mis sur pied le Programme du développement de l’agriculture (PDA), conduit par la GTZ.

Il entre dans le cadre du premier volet de cette coopération : agriculture et gestion durable des ressources naturelles. Le PDA a pour objectif l’augmentation durable des revenus et l’amélioration de la base alimentaire des producteurs des régions sélectionnées et d’une manière générale, la réduction de la pauvreté. Dans cette logique, le PDA intervient dans la région du Sud-Ouest à travers l’appui-conseil aux producteurs et leurs connexions avec des institutions de financement pour l’acquisition de moto-pompes et des intrants agricoles par exemple.

La stratégie du PDA, consiste aussi à rechercher des opportunités de commercialisation des produits. Dans cette dynamique, le PDA mène des expériences assez intéressantes dans le Sud-Ouest.

A Ouessa, localité située à environ 5 km de la frontière ghanéenne, douze producteurs exploitent six cent pieds de bananes, du maïs et des cultures maraîchères.
La pratique de la culture de contre-saison, grâce à la proximité de l’eau, confère aux exploitants une activité régulière. Ceux-ci ont d’ailleurs reçu le soutien de la coordonnatrice du PDA, le Dr Andréa Bahm en fin de mission, lors de son dernier passage dans le Sud-Ouest. La banane qui a un cycle de vingt et un mois avec à la clé trois récoltes, permettra à Abdouramane Nana, le responsable des producteurs et à ses camarades de s’orienter encore vers le marché ghanéen.

La saison dernière, ils ont pu écouler de la tomate (au Ghana et au Burkina), à hauteur de 300 mille francs CFA, tandis que les 8,75 t, correspondant à la première récolte de banane sont estimés à environ 800 mille francs CFA.
Dans le périmètre irrigué de Bapla (toujours dans le Sud-Ouest), plusieurs variétés d’ananas sont en expérimentation à côté de pieds de manioc, de papaye et de maïs.

Là aussi, 3 ha de bananes sont en exploitation. Selon le coordonnateur du PDA dans le Sud-Ouest, Hama Traoré, son institution appuie la production de banane parce qu’elle fait partie des filières porteuses. En effet, des mûrisseurs de banane, dont le nombre s’est accru ces dernières années, marquent un intérêt particulier à la production nationale de banane.
Tout comme à Ouessa, l’exploitation de Bapla est située à proximité d’une retenue d’eau. Ce qui crée des conditions propices à la culture de
contre-saison.

Accompagner le processus de décentralisation

Pour le directeur régional de l’Agriculture du Sud-Ouest, Serges Somda, le PDA, à travailler à changer les mentalités des populations rurales, dans ce sens que le programme en mettant les producteurs en relation avec les institutions de financement, ceux-ci augmentent leur rendement agricole qu’ils peuvent commercialiser.

L’un des domaines, auquel l’Allemagne accorde une grande importance est la décentralisation. La nouveauté de la communalisation intégrale du territoire burkinabè (302 communes urbaines et rurales) a suscité l’élan accompagnateur de la coopération allemande. En effet, le Programme décentralisation/développement communal, (PDDC), retenu de commun accord avec le gouvernement vise a améliorer la participation des populations dans les processus de développement.

Démarré en janvier 2005, le PDDC, est prévu pour une durée globale de 13 ans. Il intervient dans l’appui-conseil institutionnel et organisationnel et dans le renforcement des capacités à travers une approche multi-niveaux dans les zones d’intervention de la coopération allemande. Ainsi, le PDDC concerne cinq communes urbaines de la région de l’Est (Bogandé, Diapaga, Fada N’Gourma, Gayéri et Pama) et quatre de la région du Sud-Ouest (Batié, Dano, Diébougou, Gaoua).

Le service allemand au développement (DED) met à la disposition du PDDC des assistants techniques dans les domaines de la planification communale et de la promotion de l’économie. D’autres domaines telles l’appropriation sociale et politique de la décentralisation, l’approche genre, la planification et la gestion des infrastructures sont également concernés.

La mise en œuvre du PDDC a été précédé du constat selon lequel le transfert de compétences de l’Etat aux collectivités territoriales, n’est pas chose aisée. Les ressources financières mises à la disposition des communes sont insuffisantes et celles-ci souffrent d’un manque de ressources humaines qualifiées.

Pour l’ambassadeur d’Allemagne, ce processus de décentralisation a besoin d’être accompagné car il ressemble à une course de marathon. Les difficultés ne manquent pas et les acteurs de cette décentralisation, devraient travailler à les surmonter, a-t-il ajouté, en accord avec les différents partenaires dont la coopération allemande. Cette coopération qui intervient dans le domaine de l’adduction d’eau potable, s’est déjà matérialisée à travers le projet Ziga. Le volet eau et assainissement de la coopération allemande s’appuie essentiellement sur l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA) pour sa mise en œuvre.

N’ayant pas encore démarré dans la plupart des communes des deux régions d’intervention (Sud-Ouest et Est), le volet eau et assainissement, s’est néanmoins matérialisé, outre le projet Ziga, à travers le projet alimentation en eau potable de Bobo-Dioulasso. Il a pour objectif, l’approvisionnement adéquat et fiable de la population bobolaise en eau potable et l’amélioration du comportement sanitaire.

Un projet similaire existe pour la ville de Fada N’Gourma. Concernant les domaines dits transversaux, la coopération allemande intervient à travers le programme santé sexuelle/VIH/Sida, les droits humains et la lutte contre les pires formes de travail des enfants, la réintégration sociale des familles rapatriées dans les zones rurales.

Par ailleurs, la coopération décentralisée est l’un des domaines dans lequel les deux pays entretiennent des “relations étroites”. Selon l’ambassadeur d’Allemagne au Burkina, il existe une trentaine de jumelages entre communes allemandes et burkinabè.

En plus de ces jumelages, des ONG et des particuliers en Allemagne entretiennent des rapports avec des communes burkinabè. Parmi ces initiatives privées, figurent aussi les relations qu’entretiennent des églises des deux pays. “Ces différents jumelages marchent très bien”, a confié l’ambassadeur, “mais tout cela a besoin d’être coordonné parce que souvent, des ONG allemandes ne respectent pas les consignes de l’Etat allemand dans le domaine du jumelage”, a reconnu son Excellence Ulrich Hoschschild.

Les “grands moments” de la coopération germano-burkinabè ces cinq dernières années ont été marqués par la visite d’officiels burkinabè en Allemagne. Il s’agit du groupe d’amitié Burkina Faso/Allemagne auprès de l’Assemblée nationale allemande en octobre 2003, des ministres Yéro Boly de la Défense et Salif Diallo de l’Agriculture. En mars 2004, le président du Faso, Blaise Compaoré a effectué une visite officielle en Allemagne.

Gabriel SAMA


Les instruments de la mise en œuvre de la coopération allemande

La mise en pratique de la politique de coopération allemande au développement se concrétise à travers trois organismes principaux :

* La GTZ, (la Deutsche Geselleschaft Für Technische Zusammenarbeit), est une entreprise fédérale de coopération internationale opérant sur tous les continents. Elle se donne pour objectif d’infléchir positivement le développement politique, économique, écologique des pays du Sud et de l’Est, en vue d’améliorer les conditions de vie des populations de ces pays. Au Burkina Faso, la GTZ intervient dans les secteurs de l’agriculture, de la santé sexuelle et VIH/Sida, les droits humains, la lutte contre les pires formes de travail et le trafic des enfants, la réintégration sociale des familles rapatriées dans les zones rurales.

* Le DED (Service allemand de développement) se donne pour tâche de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des populations des pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine par la mise à disposition d’assistants techniques qualifiés. Près de 1000 assistants techniques travaillent actuellement dans une quarantaine de pays et sont affectés dans les projets des partenaires des pays d’accueil.

Le DED intervient au Burkina Faso depuis 1975. Son appui se traduit en premier lieu par la mise à disposition de personnels compétents : les assistantes et assistants techniques. A l’heure actuelle, le DED intervient dans trois secteurs : le développement rural, la décentralisation et la promotion de l’artisanat, la santé.

* La KFW est une banque de développement. Elle finance des investissements dans l’infrastructure économique et sociale ainsi que des programmes de réforme. Actuellement, la KFW soutient environ 1 400 projets dans 109 pays. Les projets financés sur fonds de la coopération financière sont sélectionnés conjointement par le gouvernement fédéral allemand et le pays partenaire selon des aspects déterminés par la politique de développement poursuivie.

Ce sont toujours les partenaires sur place qui assument la responsabilité de la préparation, de la mise en œuvre et de l’exploitation des projets. La KFW les soutient dans la planification technique, l’exécution ainsi que le suivi. Parallèlement, elle veille à ce que les fonds accordés soient utilisés aux fins prévues.

G. S

Sidwaya

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