Les principaux belligérants de la crise ivoirienne se sont débarrassés des traditionnelles hypocrisies politiques et égoïstes. Il est donc permis de croire également que leur volonté est d’œuvrer à parvenir à cette paix et à l’union de toutes les filles et de tous les fils de la Côte d’Ivoire.

En cela, les paroles et comportements, les faits et gestes constatés çà et là ces dernières semaines, laissent entrevoir une lueur d’espoir quant à une probable sortie de crise en République de Côte d’Ivoire même si rien n’est encore clairement perceptible.

Laurent Gbagbo, tout en refusant l’application intégrale de la résolution 1721 de l’ONU qui prolonge, cependant, son mandat d’un an, exprime aujourd’hui sa “volonté” d’entretenir un dialogue direct avec les Forces nouvelles, pour dénouer la crise que vit son pays. Quand on sait qu’il n’avait aucune considération politique officielle pour l’ex-rébellion, on peut dire que c’est un pas de franchi, même si au regard de ses nombreuses voltes-faces, il faut toujours se méfier des déclarations de l’homme fort d’Abidjan. Il a habitué plus d’un à ne plus porter crédit à ses engagements.

Qu’à cela ne tienne, cette proposition semble avoir entraîné une amorce de dégel diplomatique entre la France et la Côte d’Ivoire, en particulier entre l’Elysée et Laurent Koudou Gbagbo qui était “boudé” depuis quelques temps par Jacques Chirac. Vendredi dernier, Gbagbo a reçu en audience, pour la première fois, la ministre française déléguée à la Coopération, Mme Brigitte Girardin, qui représente la France aux réunions mensuelles du Groupe de travail international (GTI) à Abidjan.

Cette audience avec le président ivoirien a toute son importance dans le contexte politique actuel car, depuis qu’elle siège au GTI, Mme Girardin a toujours ignoré le chef de l’Etat ivoirien aux cours de ses visites officielles en Côte d’Ivoire. Jusque-là, ses interlocuteurs privilégiés ont été le Premier ministre Konan Banny, les responsables des Forces nouvelles ainsi que ceux de l’opposition politique ivoirienne.

Désormais, la ministre française affirme qu’il est temps que toutes les énergies, d’où qu’elles viennent, se mobilisent pour mettre un terme aux souffrances des Ivoiriens.
C’est dans la même logique qu’il faut placer l’audience accordée par Laurent Gbagbo au commissaire européen chargé des affaires humanitaires et à l’aide au développement, M. Louis Michel.

D’autres émissaires, notamment africains, ont défilé ce week-end à Abidjan, tant officiellement qu’officieusement, auprès du président ivoirien en vue de l’encourager dans cette “nouvelle voie” de sortie de crise.
Laurent Gbagbo a également pris la courageuse décision de solliciter officiellement la médiation du président du Faso, Blaise Compaoré. Même si le président burkinabè ne s’est pas encore prononcé publiquement sur cette sollicitation, la France, elle, semble déjà approuver cette nouvelle vision du maître d’Abidjan.

La récente visite à Ouagadougou de Michel de Bonnecorse, fidèle conseiller du président Chirac pour les affaires africaines, ne vise-t-elle pas à préparer les esprits et le terrain ? En tous les cas, ce serait réaliste de le croire, d’autant plus que l’émissaire français avoue que la résolution de l’ONU ne résoudra pas la crise ivoirienne. Il affirme plutôt officiellement, que c’est un président légitime issu d’élections “libres et honnêtes” souhaitées et prévues pour octobre prochain, qui pourra mettre un terme à la crise.

Les autres acteurs de la crise ne sont pas en reste de ce mouvement. Au moment où Guillaume Soro des Forces nouvelles et le Premier ministre Charles Konan Banny s’entretenaient à Yamoussoukro, Alassane Ouattara, le patron du RDR et Henri Konan Bédié du PDCI-RDA, eux, recevaient la visite du commissaire européen, Louis Michel à Abidjan. Toutes ces rencontres ont, selon des sources concordantes, le même objectif : parvenir à la paix !
A la veille du Sommet de l’Union africaine où la crise ivoirienne sera certainement le plat de résistance à la table des débats, il faut saluer ce nouvel esprit qui peut conduire à la paix.

Voilà qui donne à penser que les faits et gestes officieux comme officiels de la France, relatifs à la crise ivoirienne ces derniers jours, s’apparentent fortement à ceux d’un sapeur-pompier œuvrant pour sortir la Côte d’Ivoire de cette crise qui n’a que trop duré.
Mais, n’allons pas vite en besogne, car il y a ce qui se dit publiquement sur la scène et ce qui se trame, ô dans les coulisses !

Seulement faisons “le rêve saint-exupérien” que le vœu du peuple ivoirien se réalise.

Zakaria YEYE

Sidwaya