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Hamidou Simporé, président de l’association Douni Noogo : « Notre combat : vaincre la pollution des sachets plastiques »

Publié le samedi 13 janvier 2007 à 08h50min

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Hamidou Simporé

Face à l’ampleur de la prolifération des sachets plastiques à Ouagadougou, l’Association Douni Noogo (ADN) a initié depuis huit mois une campagne pour contrecarrer ce phénomène. Son président, Hamidou Simporé, explique le bien-fondé de cette lutte.

Sidwaya (S) : Quelle est la situation de la pollution par des sachets plastiques à Ouagadougou ?

Hamidou Simporé (H.S) : A Ouagadougou, dans tous les coins des rues nous constatons les sachets plastiques, dans les six mètres, il y a une grande prolifération des sachets plastiques.
Nous savons que les sachets plastiques ont une conséquence sur les êtres humains, sur les plantes, les animaux. Donc en tant que jeunes écologistes, nous ne pouvons pas rester les bras croisés face à ce problème.

C’est ainsi que nous avons décidé d’aller en guerre contre la prolifération des sachets plastiques depuis huit mois. Nous sommes en train d’installer des brigades contre cette prolifération. Nous avons déjà des brigades dans les secteurs n° 14, 30, 28, 10, 11 et 22. Votre objectif est de pouvoir installer les brigades dans les 30 secteurs afin qu’elles soient des relais pour sensibiliser la population à consommer moins les sachets ou à récupérer ceux déjà consommés. Nous avons pu obtenir avec la collaboration du ministère de l’Environnement et du Cadre de vie, des enclos dans certains arrondissements pour entreposer ces ordures. Ce sont des enclos de 300 m2 clôturés par un grillage. Nous récupérons les sachets plastiques dans des sacs de jute, puis nous les entreposons dans ces lieux.

S. : Quelles sont les mesures prises pour que les sachets plastiques entreposés ne se déportent dans les habitations riveraines ?

H.S. : D’abord les enclos sont faits dans les règles de l’art. Ce qui veut dire que nous avons fait un soubassement d’au moins 3 à 4 couches, surmonté par un grillage de 2 m de hauteur. En plus, les sachets sont conditionnés dans des sacs de jute afin de bien les protéger. Depuis huit mois aucun voisin ne s’est plaint de notre entreposage.

S. : Avez-vous le sentiment que la prolifération par des sachets à Ouagadougou régresse ou a contrario prend-t-elle de l’ampleur ?

H.S. : Aujourd’hui, les sachets sont rentrés dans les habitudes des Burkinabè. Pour cela, on ne peut pas inverser facilement la tendance du jour au lendemain. C’est un combat de longue haleine. Avec la sensibilisation sur les médias, et l’accent sur le terrain, la population pourra comprendre les conséquences des sachets au bout de quelques années si elles ont quelque chose en remplacement.Prenons l’exemple de la publicité du ministère sur les sacs éco-citoyens pour les emplettes des femmes. La population nous approche pour savoir comment rentrer en possession de ces sacs, ainsi que leurs coûts. Ces sacs sont réutilisables à souhait et cela sera un soulagement pour les femmes. En plus de la sensibilisation, la collecte est une lutte que nous avons engagée et qui ne peut pas aboutir en un ou deux ans. Mais à terme, cela pourra regresser.

S. : Allez-vous associer les industriels fabricants de sachets ?

H.S. : Nous avons fait un travail d’approche avec les fabricants de sachets, mais surtout Faso plast ne fabrique pas les sachets plastiques noirs mais plutôt importés. Donc avec le ministère, nous sommes en train de voir comment prendre des dispositions au niveau des frontières. Le ministère a pris certaines mesures pour freiner l’importation des sachets. Moins le marché sera rétréci , moins les importateurs vont en importer.

S. Une fois les sachets plastiques ramassés, qu’en faites-vous ?

H.S. : Aujourd’hui nous sommes en partenariat avec ceux qui font le recyclage, nous faisons la collecte et leur reversons pour faire la transformation en produits finis. Prenons l’exemple de l’artisan du nom de Yoda Philippe qui fait les pavés, les regards de l’ONEA ; Gaffré à Bobo-Dioulasso qui fait des vêtements avec les sachets. Dermé à Koudougou qui fabrique les guiébés (NDLR : instrucment de musique en Dioula) et pas mal de femmes qui tissent des cordes avec. Certains industriels pensent aujourd’hui implanter des usines pour le recyclage des sachets au lieu de les jeter dans la nature.

S. : Quelle doit être votre position dans ce combat ?

H.S : Au niveau de l’association, nous avons pensé que dans un premier temps, qu’il n’est pas nécessaire d’interdire l’importation sans trouver autre chose en remplacement.
Il y a des pays qui ont tenté d’interdire mais qui sont en train de revenir à la sensibilisation, de chercher des alternatives. Si nous arrivons à faire adopter les sachets que le ministère est en train de mettre en place, on pourra combattre le phénomène.

S. : Quelles relations tissez-vous avec les associations qui œuvrent dans le même sens ?

H.S. : Nous nous adressons à ces associations à travers les brigades que nous sommes en train de créer dans les secteurs. Ces associations sont des leaders. Avec elles, on essaie de faire des tâches complémentaires. C’est-à-dire que nous partons d’un point et essayons d’élargir au minimum ce point.

S. : Qu’est-ce que l’association ADN ?

H.S. : L’Association Douni Noogo (ADN), est une association de jeunes qui se sont fixé pour objectif de contribuer au bien- être des populations à travers la lutte contre la désertification, l’amélioration du cade de vie et pour promouvoir la santé de la reproduction. Nous avons également un programme de lutte contre le VIH/Sida. Mais nous sommes axés plus sur l’environnement .

S. : Pourquoi avez-vous choisi de mettre l’accent sur l’environnement ?

H.S. : Parce que c’est une préoccupation comme bien d’autres domaines, nous pensons que tout être humain doit vivre dans un environnement sein.

S. : Quelle est votre contribution à la sensibilisation, à la valorisation du concept éco-citoyenneté ?

H.S. : Nous travaillons là-dessus depuis une dizaine d’années, cette année nous allons faire la Ve édition du concours Ecole écologiste qui consiste à faire la sensibilisation dans toutes les écoles primaires de Ouagadougou. A la Ve édition, nous avons pu toucher 465 écoles pour leur parler de l’environnement, de la nécessité d’assainir leur cadre de vie tout en faisant comprendre aux enfants que l’amélioration du cadre de vie ne doit pas venir d’autrui. Nous faisons un travail de fond au niveau des enfants, telles des sorties natures au parc Bangre Wéogo pour que les enfants puissent toucher des réalités de la nature, ainsi que la sensibilisation de temps en temps avec les spots vidéo et discutons directement avec les enfants.

S. : Avez-vous un appel à lancer aux uns et aux autres par rapports au bien-fondé de votre combat ?

H.S. : C’est faire un appel à toutes les autorités afin qu’il y ait une grande mobilisation au niveau de la couche féminine, de la jeunesse et que les décideurs puissent accompagner toutes les bonnes volontés qui sont en train de faire cette sensibilisation sur la collecte des sachets plastiques. Nous avons pu collecter 30 tonnes de sachets dans la ville de Ouagadougou, aujourd’hui. Nous souhaitons venir à bout de ce phénomène avec l’installation des brigades dans tous les secteurs de la ville.

Entretien réalisé par S. Nadoun COULIBALY

Sidwaya

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