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Chefs d’Etat africains : Le retour est possible par les urnes

Publié le vendredi 12 janvier 2007 à 07h39min

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Mathieu Kérékou

Après des années passées hors du pouvoir, l’ancien révolutionnaire du Nicaragua, Daniel Ortega, revient aux affaires par la force des urnes. Son investiture marque la fin de seize années d’efforts pour reconquérir son fauteuil. De tels exemples de retour au pouvoir, par la voie des urnes, se comptent, avouons-le, sur le bout des doigts en Afrique.

On souhaiterait que l’exemple du Nicaragua fasse de nombreux émules sur le continent africain. Et pourtant, l’attitude de bon nombre de chefs d’Etat africains ne prête guère à l’optimisme. Certains se sont si "fossilisés" au pouvoir qu’on croirait que le costume de président a été taillé uniquement à leur mesure, et que qui voudrait l’essayer, flotterait dans ce costume.

Cela est si vrai que quelques-uns d’entre eux ont été affublés du titre peu glorieux de dinosaures de la faune politique africaine ou de baobabs de la flore politique continentale. Si seulement, ils étaient véritablement adulés par leur peuple, comme ils le prétendent bien souvent, contrairement à certains de leurs homologues d’Amérique latine dont la popularité est indéniable. C’est le cas notamment des présidents Hugo Chavez du Venezuela, Evo Morales de Bolivie et Lula da Silva du Brésil.

En Afrique, on sait comment les routes menant à la démocratie sont coupées par des brigands d’un autre genre. Tous les moyens illégaux sont bons pour empêcher l’arrivée à bon port, dès lors que plane la menace de la perte du pouvoir : tripatouillages constitutionnels, magouilles électorales, achats de consciences, etc.

Faire sa malle et partir pour s’éviter les travers de l’usure du pouvoir, prendre du recul et permettre à quelqu’un d’autre de faire l’expérience de la gestion du pouvoir d’Etat, ce n’est ni socialement ni politiquement mauvais. Bien au contraire. C’est parfois prendre une revanche sur le temps. Quelques rares chefs d’Etat africains l’ont si bien compris qu’ils ont cédé leur fauteuil... pour être ensuite réclamés à cor et à cri par les mêmes peuples qui, pourtant, manifestaient leur lassitude et parfois leur ras-le-bol. Ils ont été réélus. Les anciens présidents béninois Mathieu Kérékou, bissau-guinéen Nino Viera, en sont des exemples.

C’est dire combien aucun peuple n’est si amnésique à ce point. Tout peuple sait faire un retour sur le passé, comparer des régimes successifs, apprécier ... et demander le retour aux affaires à ceux qu’il estime les plus capables de répondre à ses aspirations. Mais pour que les uns acceptent de céder la place aux autres, encore faut-il que ceux qui étaient aux commandes aient été corrects en termes de bonne gouvernance politique, économique et sociale.

Car, à l’évidence, plus les gaffes s’accumulent, plus la possibilité d’alternance est hypothétique, et plus le comme-back est difficile.

Et à propos de gaffes, le célèbre opposant guinéen, Alpha Condé, n’a sans doute pas tort, quand il propose que les peuples fassent table rase du passé, quant au traitement à réserver à un chef d’Etat qui voudrait quitter la scène, mais qui estime que son départ est quasi-impossible, tout simplement parce qu’il craint de se voir "nu" et sans défense, une fois le bouclier du pouvoir tombé.

Les peuples africains devraient trouver le supplément d’âme nécessaire pour absoudre les fautes de ces gouvernants. Le président sénégalais, Abdoulaye Wade, une fois au pouvoir, n’avait-il pas œuvré pour assurer à son prédécesseur, Abdoul Diouf, une retraite paisible et sans histoires ? Si le motif de la peur du lendemain est suffisant pour ces dirigeants pour s’éterniser au pouvoir, il faut y voir aussi les comportements de l’entourage.

Bien souvent, ils sont entourés de courtisans dont les louanges, les flatteries, les flagorneries, les mensonges et les conseils ne vont que dans le sens de la préservation de leur propre beefsteak. Comment alors s’étonner que des chefs d’Etat soient presque prisonniers de tout un système, pratiquement enchaînés par un entourage qui n’a jamais eu la force morale de s’imaginer hors des arcanes du pouvoir ? Ce faisant, ils se moquent éperdument du destin du grand chef, seuls comptent leurs intérêts.

De rares présidents ont osé briser ces chaînes, montrant ainsi qu’ils sont seuls maîtres de leur destin. Ces oiseaux rares dans le ciel africain, Julius Nyerere de Tanzanie, Alpha Omar Konaré et ATT du Mali, Senghor du Sénégal, notamment, auront prouvé qu’ils savent résister aux sirènes qui appellent à la possession éternelle du pouvoir.

La démocratie semble, de plus en plus, se conjuguer à un meilleur temps dans les pays d’Amérique latine que sous nos tropiques. Et pourtant, les premiers ont connu de dures années de dictatures, ce qui aurait pu moins les prédisposer à des vertus démocratiques. En cela, l’Afrique devrait aussi avoir honte. De fait, l’Amérique latine la double sur sa gauche, en matière de démocratie, tandis que sur sa droite, l’Asie la devance en matière de développement économique.

Cette avancée n’est pas un hasard. La conscience citoyenne sud-américaine est telle que sur ce continent, l’affranchissement vis-à-vis de la tutelle occidentale est de plus en plus à l’ordre du jour. Une réelle volonté d’indépendance mâtinée d’une certaine attitude contestataire qui tire sans doute ses racines des survivances révolutionnaires bolivariennes, che guevaristes, etc. L’Afrique a certes eu, elle aussi, ses révolutionnaires et autres résistants.

Mais que reste-t-il de l’héritage de ces grands héros tels Patrice Lumumba, Kwame NKrumah, etc. ? Si des dirigeants sud-américains montrent leur volonté de se libérer de l’Occident, il n’en va pas de même pour ceux du continent noir. Beaucoup d’entre eux se comportent en relais des intérêts occidentaux, en échange de l’assurance que leur fauteuil sera défendu par ces mêmes Occidentaux. Ainsi, va l’Afrique.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 12 janvier 2007 à 18:14, par Willy GOGO En réponse à : > Chefs d’Etat africains : Le retour est possible par les urnes

    je vous felicite pour cet article.parlez en haut et fort à travers vos differentes presses dans le but d’emmener le chef de l’etat burkinabé blaise compaoré à accélerer le processus de paix en cote d’ivoire en dissuadant les rebelles à desarmer et le G7 à faire preuve de responsabilité afin que les élections tant desirées par le president de la republique de cote d’ivoire,son exellence monsieur laurent Gbagbo se fasse.parce qu’avec Henri Konan Bedié alias N’zuéba"le retour est possible pour les urnes".

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