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Heurts entre policiers et militaires : La lecture du PDP/PS

Publié le mercredi 10 janvier 2007 à 07h20min

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Ali Lankoandé

Les affrontements “sanglants et meurtriers” des 20 et 21 décembre 2006 entre policiers et militaires ont suscité une réflexion de la part du PDP/PS. Pour le parti du Pr El hadj Ali Lankoandé, “ces événements ne sont pas simplement la résultante de l’altercation entre les nouvelles recrues de l’armée et les agents de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS)”. Nous vous proposons l’entièreté de ce point de vue.

Les événements sanglants des 20 et 21 décembre 2006 nous conduisent aux réflexions suivantes :
Ces évènements ne sont pas simplement la résultante de l’altercation entre les nouvelles recrues de l’armée et les agents de la Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS). L’incident n’est qu’un détonateur car apparemment, les problèmes pour lesquels les militaires sont sortis le 15 juillet 1999 n’ont pas trouvé semble-t-il de solutions satisfaisantes pour la grande muette.

Mais comme à son habitude, le pouvoir a usé de manœuvres dilatoires faisant des casernes une poudrière prête à exploser à la moindre étincelle. Si ces problèmes avaient été résolus, on n’aurait pas vécu ces événements malheureux qui nous situent, une fois de plus, sur l’état de notre démocratie dont le processus est miné cancérisé par les faits suivants : exclusions, institutions non républicaines, instrumentalisation de la société civile, déficit de dialogue avec les autres acteurs politiques, fraude, corruption, clientélisme, perte des valeurs morales, justice aux ordres, etc.., etc., le tout chapeauté par l’impunité.

Toutes choses qui constituent des terreaux fertiles aux révoltes et autres troubles similaires
La faible institutionnalisation du pouvoir fait que le pouvoir et la richesse tendent à se confondre au Burkina Faso car la possession du pouvoir ouvre la voie à l’accumulation économique surtout dans un pays pauvre. Ce faisant, les enjeux de la compétition politique sont faussés et le clan au pouvoir ambitionne de contrôler tous les secteurs de l’économie nationale.

Or, l’Etat de droit exige l’institutionnalisation du pouvoir, c’est à dire amener les dirigeants à se conformer aux textes en vigueur et à ne pas être tentés de les modifier pour les adapter à leurs ambitions politiques personnelles. C’est aussi les amener à reconnaître qu’ils ne sont que des représentants de la Nation et non les propriétaires de
la souveraineté.

Le Pr Joseph Ki-Zerbo avait prédit, comme bien d’autres hommes politiques visionnaires, que “Touk guilli + Yel kaï = Tin koum ». Dieu nous en préserve. Autrement dit, la gestion scabreuse et irréfléchie des affaires de l’Etat et l’absence de dialogue social véritable fragilise le processus démocratique et compromet les faibles acquis enregistrés.

Le collectif des organisations démocratiques de masses et de partis politiques est différent de l’armée car celle-ci, appelée par périphrase, « la grande muette », a un autre mode d’expression : les armes. C’est du reste par ces moyens que Blaise Compaoré et ses compagnons ont pris le pouvoir avant de troquer le treilli contre le costume ou le grand boubou.

Les colloques et les séminaires suffisent-ils à dociliser l’armée ? Les événements survenus prouvent l’inefficacité de la méthodologie. La grande muette a donné de la voix, en faisant tonner le canon, pour avertir les uns et les autres qu’elle aussi constitue l’un des éléments comptables de la stabilité à l’intérieur de nos frontières.

Alors, il revient aux autorités et plus particulièrement au chef suprême des armées, le Président du Faso, lui qui a vu le sommet de la CEDEAO et de l’UEMOA reporter sine die, de prendre ses responsabilités. Car nous ne souhaitons pas que les événements dont Blaise Compaoré a été le principal responsable en août 1983 et en octobre 1987 se reproduisent. Le peuple burkinabé en a assez de ces soubresauts négateurs de la démocratie.

C’est donc dans ce contexte général de mal gouvernance qui est actuellement la règle au pays des hommes intègres où « les uns mangent et les autres regardent » que les différentes composantes de la société burkinabé, dont les militaires et les policiers, subissent les effets négatifs du système de corruption, de népotisme et de clientélisme érigés en système de gestion du pouvoir d’Etat par Blaise Compaoré et son gouvernement.

Les frustrations de la majorité des Burkinabé ne sont que légitimes. Chaque groupe socioprofessionnel organisé réagit en fonction de sa spécificité et de ses intérêts : les travailleurs à travers leurs organisations syndicales (lutte contre la vie chère, par exemple) et le peuple tout entier à travers des manifestations spontanées (rejet du port obligatoire du casque, par exemple).

Tout en déplorant les conséquences de ces affrontements entre les deux Institutions de la République et en présentant ses sincères condoléances aux familles des victimes, le PDP/PS, en tant que parti de l’opposition responsable, fidèle aux idéaux de liberté, de démocratie, de justice et de paix, exhorte le pouvoir en place à ne point mépriser le danger que représente le mécontentement ambiant dans les casernes, comme du reste les manifestations des autres composantes de notre société. La politique de l’autruche peut générer des conséquences désastreuses pour un pays.

Il appartient aux autorités d’en prendre l’exacte mesure, leur préoccupation majeure devant être, comme le conseille la sagesse africaine, de « creuser aujourd’hui des puits pour la soif de demain ».

PDP/PS, Espoir !
PDP/PS, Espoir !
PDP/PS, Victoire !

Le président national,
El Hadj Ali LANKOANDE

Sidwaya

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