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Les forces de l’ordre ont-elles tous les droits ?

Publié le mardi 9 janvier 2007 à 08h11min

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Si c’étaient des civiles qui avaient commis les actes des 20 et 21 décembre, si c’étaient des militants du Collectif, des étudiants, des élèves ou des commerçants en colère, les locaux de la gendarmerie seraient garnis de prisonniers. Des opposants et des leaders syndicaux seraient taxés de manipulateurs, d’opportunistes qui veulent prendre le pouvoir par la force.

Pour être exceptionnel, l’évènement mérite qu’on y revienne. Les faits ont certes été abondamment traités. Beaucoup de choses ont été dites ; mais il s’agit d’une question de logique sociale citoyenne et de gouvernance démocratique.

Les 20 et 21 décembre 2006, tout le monde s’en rappelle, les policiers et les militaires se sont affrontés. Des gens sont morts, des véhicules ont été brûlés, des bâtiments publics saccagés, des particuliers ont perdu leurs biens.

La nuit de la Saint Sylvestre, des militaires ont gâché la fête d’une partie des bobolais. De tels comportements, de tels actes, le Burkina Faso en a connus.

Mais le hic quand on y réfléchit, c’est le sort réservé aux responsables ou les supposés responsables de ces actes récents. Depuis 1998, le pays a connu diverses manifestations : des militants du Collectif manifestent contre l’impunité, des étudiants et des élèves vont en grève pour protester contre des mesures académiques, des commerçants de Rood-Woko défendent leurs intérêts par une AG qui se termine dans la violence...

Qu’a-t-on retenu des mouvements de ces gens ? Ils ont été gazés, pourchassés comme des lapins, convoyés en prison, lynchés et matraqués à souhait, traités d’apatrides, de manipulés, d’ennemis de la République. Bref, ils ont été malmenés par les forces de l’ordre sur ordre de leurs supérieurs parce qu’ils troubleraient l’ordre public.
Cette fois-ci, les forces de l’ordre brûlent, pillent, saccagent. Que fait-on d’elles ? On leur assure l’impunité, on leur promet la quiétude, on leur déroule un tapis rouge, on se presse de satisfaire leurs revendications...

Si c’étaient des civiles qui avaient commis les actes des 20 et 21 décembre, si c’étaient des militants du Collectif, des étudiants, des élèves ou des commerçants en colère, les locaux de la gendarmerie seraient garnis de prisonniers. Des opposants et des leaders syndicaux seraient taxés de manipulateurs, d’opportunistes qui veulent prendre le pouvoir par la force. Conclusion, les forces de l’ordre ont tous les droits, les civils tous les devoirs.

Les premières, même quand elles troublent l’ordre public, la « République » ne leur en veut pas, mieux elle les dorlote. Les seconds, même quand ils ont raison, on n’en a que faire de cette raison.
Quand ils réclament juste la justice ou de meilleures conditions d’existence, la « République » se rue sur eux avec ce qu’elle a comme moyens de répression, car ceux-ci troublent l’ordre public.

Pourquoi une telle différence entre civils et forces de l’ordre ?
Les civils n’ont que leurs bras, leurs larmes ou des bâtons... Et donc, le rapport de force sur un terrain, dans un contexte de régime semi-autoritaire, ne sera jamais à leur faveur, face à la République et ses armes.

Par contre, les militaires, les policiers, les gendarmes sont armés. Et pour cela, ils peuvent nuire à ceux qui dirigent, à ceux qui décident. Et pour cela, quand ils ont tort, on leur donne raison. Et pour cela, leurs dossiers sont traités avec toute la diligence requise.
Cette situation pose d’énormes questions à la « République » qui a le reflex de faire matraquer et emprisonner ses « citoyens » non armés.

Quand des militaires, des gendarmes ou des policiers descendent dans un quartier de la ville de Ouagadougou, malmènent tout le monde - enfant, adultes, vieux, vieilles, hommes, femmes- parce qu’un des leurs a été agressé ou un jeune homme du quartier aurait fait la cour à une copine de l’un d’eux, peut-on expliquer ou justifier un tel acte ?

L’on ne peut pas admettre que des individus, utilisent les pouvoirs que leur accorde un système pour causer du tort à ceux qui, malheureusement ou heureusement, n’ont pas ces pouvoirs. C’est un défi démocratique. Ailleurs, on entend que tel soldat, tel gendarme a été mis en examen pour tel ou tel acte qu’il a posé.

Dans les « Républiques tropicalisées », on a l’impression qu’on les sanctionne que quand ils veulent le pouvoir des chefs. Tant que ce sont des populations qu’ils maltraitent, ils ne font que leur devoir.

Bendré

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Vos commentaires

  • Le 9 janvier 2007 à 12:26, par biga En réponse à : > Les forces de l’ordre ont-elles tous les droits ?

    C’est vrai. LEs forces de l’ordre et le pouvoir ne respectent pas les civils. On a tous l’impression qu’ils sont au dessus de la loi. Rappelez vous les casques.. Rappelez vous qu’ils brulent les feux tricolores... et puis gare à toi si tu dragues une même fille qu’eux (les forces de l’ordre) ... Et pourtant, ils ont aussi des enfants et des frères civils. Mais là encore, le prytanée Militaire est plein de leurs enfants....
    Si c’était des civils, on aurait déjà vu cette marionnette de Procureur du Faso qui aime sortir à la Télé, venir nous donner des lecons, ce faux type.

    Quand on voit tout ça, on ne peut que dire trop c’est trop au Faso

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