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Gaoua : Le CDP et l’or de la colline sacrée

Publié le mardi 9 janvier 2007 à 07h46min

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Tinbelté Palenfo est conseiller à Gaoua. Par le biais de cet écrit, il revient sur le débat sur la colline sacrée tout en donnant son point de vue sur certaines actions du CDP dans la commune de Gaoua.

La population de Gaoua ne saurait oublier de si tôt cette date du 31 mai 2006. Cette date qui prit effet le 23 avril 2006 a fait couler beaucoup d’eau sous le pont du fleuve Poni et beaucoup d’encre sur le papier blanc du Blanc tenu par la presse burkinabè. Les habitants du Bafudji ont encore à l’esprit les conséquences de la campagne municipale portant élection des conseillers et partant des maires. Gaoua ne s’était pas mise en marge de cette campagne. Cinquante-six villages et huit secteurs devraient être visités par les politiques en vingt et un jours de campagne. Chaque parti politique devant mobiliser cent vingt-neuf candidats-conseillers, les hommes politiques n’ont pas eu honte de promettre des bateaux qui vont flotter sur le fleuve Poni et des avions qui vont atterrir sur la colline sacrée du secteur n°1 qui suinte le métal jaune à n’en pas croire. Des promesses, il en est question car aucun autre parti", n’en a fait usage si ce n’est "le géant parti", le CDP-Gaoua qui en a fait son cheval de bataille. Le CDP-Gaoua, il faut le préciser, n’a pas frissonné en se lançant dans deux directions afin de conquérir le fauteuil du maire de Gaoua.

Ensuite, il s’est donné la peine d’entreprendre des consultations tous azimuts avec comme unique objectif : "le fauteuil du maire." Pour en savoir plus sur le respect des engagements pris par le géant parti-section de Gaoua, il est important d’étudier chaque niveau de promesse à l’égard des conseillers d’une part, et des orpailleurs d’autre part.

La population de Gaoua on le disait, se rappelle encore ce 31 mai 2006 qui a officiellement mis fin au mandat de Ouali, jadis à la tête de l’organe exécutif de la commune de Gaoua. C’est à partir de cette date également que le CDP devenait le nouveau maître dudit organe avec son homme de confiance M. Farayéri Frédéric Da. Pour l’homme politique averti, c’est un piège que le CDP venait de mettre à l’endroit de notre maire, en moins d’une année de vie politique du méga parti- section de Gaoua. En tout cas, ça donne à réfléchir quand on sait qu’au sein du CDP Gaoua, on dénombre pas mal de vieux militants qui, depuis l’ODP/MT ont dirigé le parti et n’ont jamais bénéficié d’une telle manne. Bref ! Nous tirons notre chapeau au maire Da et lui souhaitons bonne réussite de vie politique parmi ces "calibres" doués de politique controversée qui ont accepté le porter au fauteuil exécutif communal.

La population se pose des questions

Cependant, la population de Gaoua se pose mille et une questions, entre autres : Par quelle "route" le CDP Gaoua a passé pour honorer ses promesses faites aux conseillers et qui ont été l’objet d’une soirée de reconnaissance sous le ciel orageux de juillet 2006 à la place de la Nation ?

Pour toutes fins utiles, pendant la campagne, le CDP Gaoua a promis aux conseillers des vélos, du riz, des engrais, sans songer à promettre le développement, l’embellissement, l’eau potable si la population lui faisait confiance en le portant à la tête de l’exécutif. Quoi qu’on fasse ou qu’on dise, Dieu fit que sa volonté a été entendue si bien qu’il organisa un meeting de remise des prix aux promesses faites à l’alliance. Ici, on ne parle pas une fois de plus de la politique mes des individus. De qu’elle alliance s’agit-il ?

C’est une alliance née à la veille de l’élection du maire de Gaoua. L’objectif était de chasser Ouali de l’exécutif. Premier échec, car Ouali n’est pas chassé. Il a perdu le fauteuil de l’hôtel de ville de Gaoua. C’est ce que disait le général Charles de Gaulle : "La France a perdu une bataille, mais la France n’a pas perdu la guerre". Ainsi Ouali n’est et ne peut être chassé du fait qu’il demeure une force antinomique pour le CDP, malgré la fameuse alliance. Plus loin encore, il faut dire qu’il est plus facile de faire l’alliance que de développer. Si nous restons dans la logique de Clémenceau dans son livre "Discours de paix", alors que nous étions au lendemain de la première guerre mondiale qui disait : "Il est plus facile de faire la guerre que la paix". Autrement dit, cette alliance concernait les partis tels que l’ADF/RDA, le PAI, l’UNIR/MS, coiffés du CDP. De tous ces partis, aucun ne relevait de la mouvance, et auquel le CDP pouvait se rallier si ce n’est le RDB de Ouali-Gaoua. Dans tous les cas, en politique, c’est des pourparlers et nul ne peut affirmer qu’il a totalement raison. De ce fait, pour porter son appui à l’action entreprise, il est conseillé de poursuivre l’action au lieu de la changer. L’aspect physique de Gaoua, dès l’arrivée de Ouali à la tête de la commune en dit beaucoup.

Ne pas changer l’attelage au milieu du gué

Pour cela, il était très impérieux que la classe politique de Gaoua fasse violence sur elle-même pour accompagner l’homme communiste croyant dans ses idées que de vouloir changer pour l’homme de leur goût qui risque de ne pouvoir rien faire pour la population. C’est justement cette façon d’agir des hommes politiques qui fait croire à Abraham Lincoln pendant la guerre de sécession que "mieux vaut ne pas changer d’attelage au milieu du gué".

De toute façon, pour exprimer sa profonde reconnaissance à la fameuse alliance, le CDP-Gaoua a mobilisé, on ne sait où, 67 vélos, 67 sacs de 25 kg de riz et 67 sacs d’engrais au bénéfice des conseillers alliés. Sachant qu’un vélo coûte en moyenne 40 000 F sur la place du marché (vélo adaptable), 6 000 F le sac de 25 kg de riz et 13 500 le sac d’engrais, on peut déduire sans se tromper que le CDP-Gaoua a dépensé au bas mot la somme de 3 986 500 F. Signalons qu’un appel a été lancé pour que les 62 autres conseillers se présentent et entrent en possession desdits articles par le biais du maire. Considérant que tout est ficelé pour doter tout le monde, on peut estimer les dépenses à la somme partielle de 7 675 500 F CFA. Tout compte fait, sans vouloir vérifier le compte du parti CDP-Gaoua à Gaoua, ou de quiconque, on est en droit de se demander la provenance de ce butin aussi important si ce n’est la sacrée colline qui a été l’objet d’une promesse aux orpailleurs dans le cas où c’est le CDP qui serait aux affaires. Maintenant que l’alliance est satisfaite, qu’attendent les orpailleurs qui ont prêté main forte au CDP à la conquête de l’hôtel de ville de Gaoua ? Quand on sait que le vin est tiré, il faut le boire ?

En politique, les gens sont très loin de la mesure des enjeux. Les orpailleurs ayant participé au succès lumineux du CDP n’attendent que l’exploitation de la colline. Que peuvent faire les leaders CDP qui ont leurs doigts dans la bouche des orpailleurs qui creusent la colline à laquelle la population autochtone a donné à jamais le titre sacré de ses ancêtres et où la révolution et ses dirigeants dès les premiers moments ont fait flotter les couleurs nationales en guise de respect ? Sans être plus malin que l’esprit malin, nous pouvons croire qu’il y a anguille sous roche. Sans quoi, comment comprendre que le tout premier conseil communal devant se tenir le 29 août 2006, inscrit au 4e point de son ordre du jour "la situation de l’or dans l’espace communal de Gaoua ?" A cet effet, les coutumiers ont remis un message au premier responsable de la province du Poni faisant état du non-lieu de l’extraction du métal jaune sur la colline.

Quelque chose de caché

On suppose que le premier responsable de la commune a été saisi par l’autorité de tutelle. Mais pourquoi s’entête-t-il à livrer la colline aux orpailleurs qui n’entendent pas investir dans le désert ? Sinon de quelle autorisation ont-ils bénéficié pour y remonter une seconde fois et en être déguerpis une fois de plus le jeudi 23 novembre 2006 ? C’est qu’il y a quelque chose de caché qui met mal à l’aise les orpailleurs qui refusent de libérer les lieux. En tout cas, il y a que cette situation nécessite d’être tirée au clair. Pour cela, nous demandons aux orpailleurs de jouer franc jeu en mettant au su et vu de l’opinion provinciale, régionale et nationale les accords secrets qui les lient à ces hommes dits possesseurs de la colline. On constate, que ce qui fait le plus mal aux orpailleurs, c’est le fait qu’ils n’ont pas pu bénéficier jusque-là, d’une journée de remise officielle de la colline par les détenteurs de la commune de Gaoua comme cela fut le cas avec l’alliance le 23 juillet 2006. En tout état d’e cause, si les chercheurs d’or ont entre leurs dents des étincelles contre le CDP-Gaoua qui a su les exploiter, qu’elle lecture croisée pouvons-nous faire à ce propos ?

La conquête version 2006-2011 de l’organe exécutif de la commune de Gaoua pose d’énormes difficultés aux nouveaux locataires. Si l’on s’inscrit dans la logique qu’une promesse est une dette qu’on réclame à coups de bâton, il résulte que le CDP ne sait pas où mettre la tête au regard des pioches, cordes et marteaux que les orpailleurs brandissent contre lui. C’est la raison qui fait que les leaders du CDP de la cité du Bafudji ne sont pas en mesure de prendre une décision officielle. Certainement qu’ils les conseillent : "Travaillez, il n’y aura rien" ou encore ils disent "si vous laissez, nous n’avons plus rien à vous donner." Ce sont évidemment ces positions qui font que les orpailleurs tiennent coûte que coûte à ne pas libérer la colline.

"Libérez la colline sacrée"

Ensuite, pour ce qui concerne les prix attribués à l’alliance, nous jugeons cela inutile. Inutile dans ce sens où il y a des villages qui n’ont même pas un seul puits à grand diamètre pour se procurer l’eau potable. Par contre, certains optent volontairement de laisser des populations à la merci des vers de guinée et bien d’autres encore. Si on se réfère à la somme de 7 675 500 F CFA éjectée pour nourrir rien que des ventres sur le dos des populations, ça donne à réfléchir. D’ailleurs, en toute sincérité, cette somme, devenue déchets pouvait servir à soulager un tant soit peu des populations qui meurent par manque d’eau potable. Pour mémoire, en pays lobi, l’or ne fait pas le bonheur. Et quiconque ayant avalé un centime de tout genre provenant de l’or, est maudit. Pour preuve, il n’est pas rare d’entendre, pour ceux qui pensent détenir la sagesse des anciens : "Ce n’est pas l’argent de l’or qui me nourrit". L’or est à la limite, un élément sacré dans la vie quotidienne du Lobi. Dans l’optique de limiter nos propos, nous demandons à ceux qui sont les décideurs de la commune de Gaoua, que la colline sacrée soit libérée par les orpailleurs, car il ne sert à rien d’attiser la colère de nos ancêtres qui attendent impatiemment de nous interroger sur la gestion de ce qu’ils nous ont laissé comme héritage.

Alors que nous écrivions ces lignes une décision ministérielle portant sur la fermeture temporaire du site d’or de la colline sacrée du secteur N° 1 de Gaoua venait d’être portée à la connaissance des fils de Gaoua. Le site étant soumis au contrôle strict de l’armée, nous saluons ladite décision du ministre en charge du département des mines pour avoir compris la préoccupation des fils de Gaoua. Mais il était beaucoup plus souhaitable que le ministre aille au-delà de cette considération en prônant la fermeture systématique qui fera que des gens qui pensent développer Gaoua de cette façon ne nourrissent pas l’ambition d’une éventuelle ouverture.

Tinbelté Palenfo,
Conseiller

Le Pays

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