Bush est donc bien loin d’avoir gagné cette guerre qu’il a engagée en fanfare en 2003. Tout comme les Irakiens qui ont marre de cette invasion, les Américains se disent fatigués de supporter cette guerre qui a fait « officiellement » 3000 morts dans leurs rangs ; mais en réalité, beaucoup plus, sans compter les conséquences au plan économique, social et relationnel à travers le monde.

Trop c’est trop, disent les démocrates américains qui viennent de prendre le contrôle du Congrès et s’apprêteraient à demander des comptes à Bush sur le bourbier irakien.

Et comme si toutes ces pertes ne lui ont pas servi de leçon et faisant la sourde oreille aux multiples appels, Bush prépare une nouvelle stratégie pour la « reconquête » de l’Irak ; une nouvelle aventure dirait-on, car lui seul est convaincu de la justesse de cette guerre. Ainsi, il a procédé à des remaniements tous azimuts de hauts responsables de la diplomatie, des renseignements et surtout de l’armée.

En nommant le super-patron des services de renseignement, Negroponte au département d’Etat et le vice-amiral à la retraite Michaël Mc Connell, un homme du sérail et ancien directeur de l’Agence de renseignement électronique aux services des renseignements, Bush veut certainement maximiser ses chances dans cette nouvelle aventure. Selon lui, John Negroponte pourrait assurer cette fonction vitale à un moment crucial en misant sur sa grande expérience, son jugement sûr et sa parfaite connaissance de l’Irak et de la guerre contre le terrorisme. Quant à Michaël Mc Connell, il aura la délicate mission de coordonner les seize agences américaines civiles et militaires.

Il bénéficie lui aussi de la confiance totale de Bush qui pense que ce dernier est à même de lui fournir les meilleures informations et analyses sur cette crise irakienne. Dans la même logique, George Bush a opéré des changements dans la hiérarchie de l’armée et du commandement. Outre le ministre de la Défense qui a été débarqué dès le lendemain de la large victoire des démocrates aux élections parlementaires de novembre 2006, Bush a nommé deux nouveaux commandants pour l’Irak. L’amiral William Fallon prend désormais la tête du commandement central, une direction de l’armée qui coiffe les opération militaires au Moyen Orient alors que le général David Petraeus est commis au commandement des troupes au sol en Irak.

Comme le dit l’adage, « qui veut voyager loin, ménage sa monture », tous ces remaniements opérés par Bush visent à préparer sa nouvelle stratégie de la guerre en Irak, une stratégie qu’il pourrait annoncer officiellement au cours de cette semaine. Mais avant cela, il devrait s’entretenir avec plusieurs parlementaires et chefs d’Etat étrangers. Parviendra-t-il à les convaincre, ou va-t-il s’entêter seul dans sa nouvelle aventure ?

Par Zakaria YEYE

Sidwaya