Blaise Compaoré a répondu aux différentes préoccupations, non sans avoir fait un commentaire sur le récent affrontement entre militaires et policiers dans la ville de Ouagadougou.

Ces derniers temps, le flambant neuf palais de Kosyam reçoit bien du monde. Après les vœux de bonne année 2007, par le personnel de la présidence le 27 décembre, voici venu le tour, deux jours après, des corps constitués qui se sont également pliés à cet exercice. Pour l’occasion, les représentants des différentes structures ont enfilé la tenue des grands jours.

Famille judiciaire, forces de défense et de sécurité, corps de santé, exécutif, organisations de la société civile, anciens combattants, etc. Au secrétaire général du Conseil des ministres, Zakalia Koté, a été dévolu la charge d’égrener les doléances des uns et des autres. Rude tâche donc que de parler au nom de tous ces différents corps de métiers aux préoccupations souvent diamétralement opposées.

Mais l’interlocuteur s’en est tiré à bon compte, lui qui, en bon hôte, a pris soin de parler de la beauté architecturale de la nouvelle présidence « bâtie avec patience et innovation et qui est une fierté pour toute la nation ». Et de conclure sur la question que « les corps constitués saluent la réalisation de cette infrastructure ».

Après ces salamalecks d’usage, l’éditeur du Journal officiel a abordé les préoccupations des uns et des autres. Pratiquement toutes tournaient autour de l’amélioration de conditions de vie et de travail des différentes branches d’activité.

En réponse, le chef de l’Etat a dressé un petit bilan des acquis engrangés en 2006. Parmi lesquels le dialogue fructueux entre le gouvernement et les syndicats et « celui très enrichissant » avec le secteur privé, qui ont abouti à une baisse notable du prix des hydrocarbures et au relèvement du SMIG, « à la grande satisfaction des partenaires sociaux et des citoyens ».

Et le chef de l’Etat a terminé par cette note suivante, bien connue des journalistes qui sont habitués aux cérémonies officielles : « J’ai écouté attentivement les préoccupations et les attentes que vous avez exprimées pour l’année 2007.

Soyez assurés que l’Exécutif, le Législatif, le Judiciaire et les institutions de conseil, de contrôle et de médiation veilleront à leur trouver les solutions appropriées. Je réitère à toutes et à tous, mes meilleurs vœux pour l’année nouvelle ».

Mais l’on imagine bien que pour de nombreux auditeurs, le sujet portant sur les récents heurts entre policiers et éléments de l’Armée semblait être celui sur lequel le président du Faso était le plus attendu. Evénements qu’il a pris soin de déplorer avant de donner son avis sur ce qu’il pense être une armée républicaine.

« Les forces de défense et de sécurité doivent perpétuer l’image exemplaire de femmes et d’hommes courageux, vertueux, loyaux et rigoureux, dont le patriotisme, le professionnalisme, le respect des valeurs républicaines, emportent l’admiration, l’estime et l’assurance de leurs concitoyens. Le ministre en charge des Armées et le commandement ont reçu des instructions pour prendre des dispositions fermes afin d’éviter à l’avenir de tels actes déplorables ».

L’ironie dans tout cela est que, dans la soirée de cette présentation de vœux, pour ne pas dire presque au même moment, des armes crépitaient du côté de Gounghin.

Issa K. Barry

Observateur Paalga