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L’Afrique en 2006 : L’ombre de la crise « darfourienne »

Publié le samedi 30 décembre 2006 à 10h30min

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L’année 2006 n’a pas dérogé à la règle sur un continent en proie en permanence à des conflits, des crises et autres foyers de tension sur fond de famine et de pauvreté. Un cliché certes un peu réducteur et fortement afro-pessimiste, la crise du Darfour participant à l’exacerbation de ce sentiment de désespérance pour un continent pourtant si riche.

La crise du Darfour donc aura volé la vedette à tous les autres conflits, en raison de l’ampleur de la catastrophe humaine qu’elle a engendrée, amenant certains à parler de « génocide ». Le mot n’est pas fort si tant est que dans le cas d’espèce, les « Djenjawids » stipendiés par le régime de Khartoum pour mener cette sale guerre sont arabes, cependant que leurs victimes les Furs sont des noirs « bon teint ».

On touche là aux origines de ce conflit séculaire dans cette zone « tampon » qu’a constitué le Soudan « meroeïtique » lorsque sous la poussée des différents envahisseurs, les premiers habitants de l’Egypte (dont chacun sait maintenant qu’ils étaient noirs) ont reflué à l’intérieur du continent.

Les « conquérants » arabes qui n’entendaient pas rester en Egypte ont donc « poussé » jusqu’au Soudan et plus loin (RDCongo, Tchad, Bénin, Sénégal, Burkina Faso, etc.), les noirs, dans ce qui est devenu abusivement « l’Afrique Noire ». Arrêtons là l’histoire pour dire que le Soudan et plus particulièrement le Darfour est devenu la zone « tampon », si tant est que les Furs ne pouvaient aller plus loin. Les deux communautés ont donc vécu en situation de ni-guerre, ni-paix exacerbée par les différences de croyance, la plupart du temps dans l’indifférence générale.

C’est qu’on ne va pas bouleverser l’ordre du monde pour quelques « nègres » massacrés de plus, surtout que les commanditaires sont riches de leur pétrole et forts de leur position géographique, au carrefour du monde noir et de celui blanc. Le conflit du Darfour est donc complexe comme tous les vieux conflits (Proche-Orient, conflit des Balkans, Kosovo...) et sa résolution passe, il nous semble par l’érection d’un nouveau droit international (c’est le cas d’ailleurs pour les conflits suscités).

Réfugié derrière le principe du respect de la souveraineté internationale et de l’inviolabilité des frontières nationales, le régime de Khartoum laisse donc le Darfour vivre dans l’enfer et la damnation. Le Soudan compte en effet le plus grand nombre de personnes déplacées au monde soit quelque six millions de personnes. Celles-ci vivent dans des conditions dramatiques en particulier dans le Darfour et sont victimes d’agressions, de viols et d’enlèvements.

Elles sont privées d’eau, de nourriture et d’abris, les convois humanitaires étant eux-mêmes pris pour cibles. Du fait de l’ampleur de la crise, toute la région s’en trouve affectée avec les rebellions tchadienne et ougandaise qui font de la « résistance » cependant que la Centrafrique n’est pas encore sortie de sa « néantisation ». La norme internationale étant inopérante (il n’y a pas de droit d’injonction ou de poursuite), il faut la réécrire surtout que rien dans la charte des Nations Unies n’empêche de reconnaître qu’il y a des droits par-delà les frontières.

En dépit des intérêts politiques donc, il existe des valeurs et des principes universels qui l’emportent sur ces intérêts et la protection des civils en fait partie. Il y a des principes sacro-saints à remettre en cause dont le respect de la souveraineté et son corollaire, la non-ingérence. Ce qui ne devrait cependant pas être la porte ouverte à tous les abus, surtout avec ce nouveau droit pénal international à double vitesse qui se construit.

A la réflexion cependant et le Darfour étant un fardeau du carcan géopolitique hérité de la colonisation, lequel handicape tout le continent, c’est la « voie africaine » du développement qui, semble-t-il reste à trouver au regard des causes des conflits. Celle-ci étant connue grâce à des monuments comme Cheick Anta Diop, Joseph Ki-Zerbo, N’Krumah... il reste à l’appliquer. Autrement, il y aura toujours des « urgences » comme le Darfour, la Côte d’Ivoire, le Tchad, etc.

Boubakar SY

Sidwaya

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