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Concertations gouvernement-syndicats : Quand le dialogue paie

Publié le samedi 30 décembre 2006 à 10h39min

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L’année 2006 a été marquée par de multiples manifestations au plan social contre la vie chère au Burkina Faso. Observation de mots d’ordre de grève, organisations de marches suivies de meetings, interpellation du gouvernement à travers des écrits, autant d’actions initiées par les organisations de la société civile pour le relèvement du pouvoir d’achat des Burkinabè.

Augmentation de 25% des salaires et des pensions, règlement des arriérés et des avancements des agents de la Fonction publique, révision à la baisse des prix des produits de grande consommation, augmentation des salaires dans les établissements privés telle que annoncée par le président du Faso Blaise Compaoré en décembre 2004..., bref, plusieurs points ont été inscrits dans la plate-forme revendicative des organisations de la société civile notamment des syndicats en 2006.

Et pour se faire entendre par la partie d’en-face, à savoir le gouvernement, les organisations syndicales burkinabè ont mené une série d’actions au cours de l’année écoulée. Ainsi, les travailleurs du privé comme du public se sont mobilisés dès le 1er mai 2006 à l’occasion de la fête du travail, en organisant une marche suivie d’un meeting au cours duquel des revendications telles que le traitement diligent des dossiers sociaux déjà examinés par la justice, la reconstruction rapide du marché central (Rood Woko) de Ouagadougou, le relèvement des allocations familiales ont été posées.

Parties en négociations avec le gouvernement les 4 et 5 mai 2006, les organisations syndicales ont claqué la porte pour protester contre une hausse des prix des hydrocarbures intervenue à cette période. Considérant cette hausse comme de la provocation, les syndicats vont observer un mot d’ordre de grève les 23 et 24 mai avant de battre le macadam le 10 juin 2006.

Trois semaines plus tard, c’est-à-dire le 1er juillet 2006, les centrales syndicales rééditent leur action en appelant 2000 à 3000 militants dans les rues de Ouagadougou la capitale burkinabè.

Ces mouvements de grève et de marche-meeting entamés depuis le mois de mai 2006 visaient à contraindre le gouvernement avant toute reprise de dialogue, à ramener les prix des hydrocarbures au niveau où ils étaient au moment des concertations gouvernement-syndicats de mai 2006. Le litre du super par exemple devrait être ramené de 705 F CFA à 646 F CFA.

La grande médiation du CES

Au moment où le fil du dialogue s’est rompu entre gouvernement et syndicats, un homme nommé Thomas Sanon, président du Conseil économique et social (CES) a tenté le tout pour le tout de ramener les deux parties à la table de négociation en septembre 2006. Sa médiation a permis la tenue de 3 ou 4 réunions entre gouvernement et organisations syndicales.

Une médiation qui a été saluée par l’ensemble des parties même si elle n’a pas empêché les organisations syndicales de lancer un mot d’ordre de grève le 27 septembre pour protester contre la mesure du port obligatoire de casque prise par le gouvernement et le non-lieu prononcé dans le dossier Norbert Zongo, journaliste assassiné en décembre 1998.

La médiation du président du CES a contribué à la relance du dialogue dont les fruits sont appréciés aujourd’hui par les uns et les autres. "Cette année (NDLR : année 2006), les négociations, les discussions ont permis d’aboutir à des conclusions que nous avons appréciées comme étant satisfaisantes ; même si elles sont partiellement satisfaisantes, c’est quand même des résultats très encourageants", a déclaré le secrétaire général de la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B), Tolé Sagnon.

Parmi ces résultats, il cite la baisse du prix des hydrocarbures, la mise en application des risques professionnels pour les agents publics, la mise en ouvre de décisions de justice relatives à certains dossiers sociaux comme le cas de Faso Fani, de la CEMOB (Compagnie d’exploitation des mines d’or du Burkina) où l’Etat doit donner 1 milliard de francs CFA ou encore du dossier SOSUCO. Autres acquis, le doublement des allocations familiales passant de 1000 à 2000 F CFA.

Baisser les droits de taxes

Cependant, le secrétaire général de la CGT-B n’oublie pas de relever d’autres dossiers des travailleurs encore en attente. Il s’agit de ceux de la Société africaine de pneumatique (SAP), de la Société industrielle du Faso (SIFA) et de la SITACI (Société industrielle des tôles et de l’acier).

Sur la question des produits de grande consommation notamment les hydrocarbures dont la moindre augmentation des prix fait des vagues, Tolé Sagnon propose d’agir sur un certain nombre de paramètres. "Nous disons que pour pérenniser cette baisse des prix des hydrocarbures, il faut relier la structure de prix. Cette relecture de la structure des prix va permettre de stabiliser au moins les prix même s’il y a des flottements au niveau international".

Augmentation de la capacité du stock de sécurité permettant de tenir de 3 à 6 mois, la révision à la baisse des droits de taxes perçus par l’Etat, des frais de transport et de transit grâce à des appels d’offres, ce sont là des propositions pouvant permettre, selon les organisations syndicales, de mettre les Burkinabè à l’abri des ajustements mensuels. Le gouvernement, sur ce point concernant les hydrocarbures, envisage une libéralisation de ce secteur à partir de 2007 mais déjà les responsables syndicaux et d’autres acteurs de la société civile (Ligue des consommateurs) émettent des inquiétudes sur les conséquences de cette libéralisation.

En attendant la mise en ouvre de cette réforme du secteur des hydrocarbures en 2007, l’année 2006 s’en va et une année nouvelle s’annonce. Les organisations de la société civile déclarent qu’elles suivront de près l’application des engagements pris par le gouvernement. En tous les cas, force est de reconnaître l’utilité du dialogue en toute chose.

Les revendications syndicales sont parfois jugées maximalistes par le gouvernement tandis que les syndicats critiquent l’étalage de richesse de la minorité dirigeante dans un pays où la paupérisation est une réalité. Dans un tel contexte, il est important de privilégier les concessions. Le gouvernement peut revoir son train de vie et les organisations syndicales peuvent revendiquer de meilleures conditions de vie et de travail en tenant compte des ressources dont dispose le Burkina Faso.

Enok KINDO

Sidwaya

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