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2006 AU BURKINA : Une année de tourments

Publié le vendredi 29 décembre 2006 à 07h48min

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L’année 2006 est partie comme elle est arrivée. L’année 2007 s’est d’ores et déjà installée. Individuellement, chaque Burkinabè souhaite que la nouvelle année lui épargne les peines et les déconvenues qu’il a rencontrées en 2006. Collectivement, malgré quelques acquis enregistrés sur un certain nombre de sujets, les Burkinabè attendent une année moins mouvementée que celle qu’ils viennent d’enterrer.

Mais auparavant, comme disent les sages, pour savoir où l’on va, il importe de connaître où on se trouve. Autrement dit, 2006 a-t-elle été une bonne année, et que souhaiter pour 2007 ? Les dix derniers jours de l’année ont été marqués par des violences, des incidents entre militaires et policiers. Ces événements se sont soldés par la mort de cinq personnes. De même, il y a seulement deux mois à Piéla dans le Gourma, trois jeunes gens ont péri par les armes. Ils ont été accusés d’être des coupeurs de route par les policiers. Cela fut qualifié de bavure policière. Les Burkinabè souhaitent que ces tristes événements demeurent au cours de 2007 de mauvais souvenirs.

Il faut rappeler les regrettables incidents frontaliers qui ont opposé, d’une part, des populations du Burkina Faso et du Mali, et d’autre part, notre pays au Bénin. La diplomatie du bon voisinage ayant prévalu dans ces deux cas, les populations qui vivent de part et d’autre des frontières ont retrouvé depuis longtemps leurs millénaires relations fraternelles. La crise qui secoue la République soeur de la Côte d’Ivoire perdure en dépit des implications de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’Union africaine, de l’Union européenne, de l’Organisation des Nations unies. A l’heure qu’il est, le président ivoirien, Laurent Gbgab en est encore à proposer à ses compatriotes ses propres solutions de sortie de crise. Malheureusement, il n’y a rien de nouveau dans ces nouvelles propositions, et il y a peu de chances qu’elles soient favorablement accueillies par ses antagonistes. La situation en Côte d’Ivoire ne peut pas trouver de solution, aussi longtemps que les uns et les autres refuseront de la traiter comme un problème d’intégration nationale d’abord, avant toute autre considération. Cette crise déteint de multiples manières sur notre pays.

Un fait qui a marqué les esprits au cours de l’année 2006, particulièrement celui des militants du Collectif, c’est le non-lieu prononcé le 18 juillet par le juge d’instruction dans l’affaire de notre confrère Norbert Zongo. Au cours d’une marche à l’occasion du 8e anniversaire des événements de Sapouy, le Collectif a dit non au non-lieu de la justice burkinabè. L’année 2006 a vu la disparition le 4 décembre d’un de ses plus illustres fils, le Professeur Joseph Ki-Zerbo, l’opposant politique intransigeant, mais surtout l’historien de renommée internationale un peu avant lui, notre confrère Alassane Kogoda Ouédraogo, secrétaire général de la rédaction du "Pays" était arraché prématurement à notre affection le 3 novembre 2006. Le président du Collecif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques, Ouédraogo Halidou, le président du "pays réel", est de retour au pays, après une évacuation sanitaire en France. Il est en convalescence. De nombreux accidents de la circulation ont endeuillé beaucoup de familles. Que l’année qui débute leur donne les ressources morales et spirituelles nécessaires pour passer ces douloureuses épreuves.

L’épidémie de la grippe aviaire déclenchée dans notre pays et dans d’autres pays de la sous-région ouest-africaine a fait au Burkina plus de peur que de mal, dans la mesure où l’on ne déplore aucune perte humaine causée par cette grippe. En conclusion, sur certains plans, 2006 a été une année moins facile que 2005.

Mais elle n’a pas été négative sur de nombreux autres plans. En effet, les élections municipales ont été organisées le 23 avril, consacrant la communalisation intégrale du Burkina. Si l’on regrette les violences, avec parfois morts d’hommes, enregitrées dans certaines régions avant, pendant, et après les municipales, on peut s’accorder pour dire que le processus démocratique dans le cadre de la construction d’"une société d’espérance" est enclenché. Aujourd’hui, l’ensemble des communes urbaines et rurales du Burkina ont leurs maires. Mais le moins qu’on observe, c’est que l’intendance ne suit pas. Dans le cadre de la communalisation intégrale, les populations sont appelées à se prendre intégralement en charge. Mais, n’est-ce pas trop leur demander dans la mesure où dans de nombreux villages du Burkina, elles sont en butte à des problèmes de subsistance ?

Sur le plan social, il convient de souligner la tenue des concertations syndicats-gouvernement. Les résultats tangibles de ces pourparlers sont le relèvement du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), la baisse du prix de l’essence à la pompe, la promesse réitérée par le gouvernement de résoudre la sempiternelle question des avancements constatés des agents de la Fonction publique. Comme dirait mon cousin Saydou, "c’est beacoup, mais ce n’est pas arrivé". Sur le plan social, il faut également souligner la privatisation de l’Office national des télécommunications, qui est entrée dans sa dernière ligne droite, la mévente du coton qu’on peut imputer aux subventions que les gouvernements des pays développés accordent à leurs cotonculteurs, la recapitalisation de la Sofitex et les débats sur les OGM qui seraient scellés à l’heure actuelle. Une première au Burkina Faso : les paysans ont marché pour réclamer de meileures conditions de vie et de travail à cause de la mévente de leurs productions, celles qui nourrissent des millions de familles.

C’est une gageure de vouloir faire le bilan sur les plans politique, social, économique, etc. Pour nombre de nos lecteurs, les points soulevés dans le cadre de cette chronique pourraient paraître subjectifs et non exhaustifs. Nous le leur concédons. Toutefois, si nous sommes d’accord qu’au cours de l’année qui s’en va on a engrangé des acquis, la logique commande que l’on reconnaisse également que beaucoup reste à faire pour ancrer davantage la démocratie au Burkina Faso. C’est dans ce cadre qu’on comprend la pétition pour les candidatures indépendantes, initiée par la société civile. Cela étant, il ne reste qu’à souhaiter que notre patrie, le Burkina Faso, se porte mieux en 2007.

Le Fou

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