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« France blanche, colère noire » : Où l’on apprend que l’anti-communautarisme est le racisme des bien-pensants

Publié le vendredi 29 décembre 2006 à 07h35min

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« France blanche, colère noire » est le titre d’un ouvrage publié en mai 2006 (Editions Odile Jacob) par François Durpaire, Professeur d’histoire nord-américaine à l’université Panthéon-Sorbonne (Paris I). L’auteur y démontre que les identités sont des « constructions sociales » et non des essences, c’est-à-dire des données se présentant comme naturelles.

Ainsi, la volonté récente des Français de couleur noire de se regrouper dans des associations tire son origine de l’injustice sociale dont ils sont victimes et contre laquelle ils veulent lutter, non d’une volonté de repli communautaire. Car la minorité noire est, selon la formule de Fred Constant, professeur de sciences politiques, une « population éclatée, que n’unit aucune communauté de conscience sinon le sentiment d’une appartenance "raciale" commune à laquelle le miroir de la société française la renvoie ».

Or, pour maintenir le statu quo dans une France qui se croit, par opposition aux Etats-Unis, étrangère aux problèmes raciaux, on présente les revendications de leur droit à « l’égalité effective » comme relevant d’un communautarisme dangereux pour la cohésion nationale. Ainsi, la lutte contre le communautarisme est devenue une forme commode et intellectualisée de négation des problèmes raciaux au sein de la société française.

Pour F. Durpaire, elle est le « racisme des bien-pensants ». Et établissant un parallèle avec les Etats-Unis, l’auteur montre que les récentes émeutes dans les banlieues françaises ressemblent à celles que les Etats-Unis ont connues dans les années 1960. Pourtant, loin de s’inspirer des solutions américaines, on se plaît à décrier les Etats-Unis parce que les hommes politiques, les médias et même les manuels scolaires entretiennent l’ignorance sur les réalités américaines.

Et l’auteur d’interroger : « Aujourd’hui, le citoyen français blanc, évoquant les Etats-Unis comme le pays des communautés fermées, connaît-il mieux son compatriote noir, l’a-t-il plus souvent comme voisin, collègue de bureau ou ami, que le citoyen américain blanc ? ».

A la lecture de cet essai, on acquiert la conviction que les dispositifs visant à corriger les inégalités de fait dans la société française sont à encourager. A la condition toutefois de faire attention au choix des mots pour les caractériser. Car, comme l’écrit Stéphane Pocrain dans sa préface à l’ouvrage, l’expression « discrimination positive » condamne d’emblée ce qu’elle entend promouvoir.

« Parler de "discrimination positive", c’est laisser croire qu’on entend combattre les discriminations par d’autres discriminations. Consentir par avance à l’idée selon laquelle il faudrait léser les uns pour avantager les autres. Et plus précisément encore, donner libre cours au fantasme selon lequel on construirait les droits de ceux de nos concitoyens qui sont victimes du racisme sur les brisées d’un droit commun qui régresserait de fait. Chacun perçoit bien qu’une telle présentation n’est pas seulement inopérante mais également dangereuse. »

Roger Toumson, membre du Haut Conseil de la francophonie et préfacier lui aussi de l’ouvrage, conclut dans la même veine : « On l’aura compris, cet ouvrage n’est pas un réquisitoire partisan, sans nuance. Plutôt un ardent plaidoyer pour une citoyenneté incolore, pour une France fraternelle forte de ses diversités, capable d’intégrer les altérités des quatre horizons, apte, enfin, selon cette élégante formule d’Achille Mbemba, à "proposer au monde une politique de l’humain conforme à la promesse inscrite dans sa propre devise" ».

Je ne saurais suffisamment recommander la lecture de ce brillant essai à ceux qui veulent sortir des images émotionnelles et des demi-vérités des informations télévisées pour approfondir leur compréhension d’une des questions les plus brûlantes de la société française d’aujourd’hui : la question des minorités.

Denis Dambré

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Vos commentaires

  • Le 29 décembre 2006 à 23:47, par Togsida En réponse à : > « France blanche, colère noire » : Où l’on apprend que l’anti-communautarisme est le racisme des bien-pensants

    L’ignorance des realites americaines entretenues en france est repercutee dans les anciennes colonies d’Afrique francophone ou la genration actuelle aux commandes evoluent et gouvernent dans l’inefficacite. Si seulement je pouvais dire a tous les jeunes francophones de fairedes USA leur vrais reve. Aux Staes, on rreconnait l’existence du racisme et il y a des lois sans pitie pour les combattre si l’on se sens victime de racisme. AUx States on oublie que tu es noir si tu as de la valeur. En France, etre noir c’est etre condamne a vie.
    De passage a Paris pour le Burkina, je me suis arrete a l’hotel Ibis pour y passer une nuit. Parce que mon francais etait trop ouagalais, sans fioritures j’ai eu d’abord tres peu sinon pas de consideration. Je j’ai appele une connaissance et lui ai raconte ma frustration. Elle m’a dit ne leur parle plus francais, parle leur anglais. Mon Dieu, je ne suis habille dans une culotte bouffante (Jean’s), Tshirt et Kepi, et je ne parlais que anglais. Tous ce que je disais etait pris au maximum de seruieux, bien que j’etais expressement insolent. Ils se sont dit que j’etais un americain noir. C’est vrai que la plupart des francais se sentent trop petits devant les americains, et c’est vrai aussi que j’ai eu du "respect" en jouant ce role que je n’aime pas. Mais est-ce vraiment du rspect ? Voyez, la plupart des francais n’ont aucun respect pour les noirs. Meme les footballeurs noirs qui les aident a arracher les coupes du Monde et autres coupes, ils ne les aiment pas toujours .
    Ils traitent les noirs dans la rue comme des animaux. Il ya 12 ans que je reside aux USA, aucun policier ne m’a deja arrete pour verifier mon identite. En France la police est a mesure de laisser passer un blanc criminel et passer 2o minutes a chercher des poux sur la tete rasee du "
    negre" qui a tous ses papiers. Cela est un signe premonitoire. rappellez vous que les ivoiriens ont commencer a accuser les etrangers quand leurs ressources ont commence a atrir. Seuls les niais croyent que les immigrants sont un probleme. C’est le signe d’un manque de politique de developpement. Regardez les USA, Ils savent qu’ils ne peuvent pas arreter l’immigration sur leurs pays, alors ils on t cree la lotterie qui fait entrer officillemnt plus de 180,000 personnes par an, sans compter les mexicains illegaux.
    J’ai decide maintenant de passer soit par Accra ou Dakar pour aller a Ouaga. Delata AIrlines vole directement maintenant sur Accra, personne, aucun raciste, fut-il de la france n’aura l’occasion de se foutre de moi encore. Et j’enverrai le message a beaucoup de Burkinabe residant ici de boycotter la France, puisque la France nous boycotte.

    • Le 3 janvier 2007 à 23:53, par wodsassa En réponse à : > « France blanche, colère noire » : Où l’on apprend que l’anti-communautarisme est le racisme des bien-pensants

      `Ha,laaa tu as dis la verite mon frere c’est ce que je fairais a mon prochain voyage sur Ouaga.Parceque deja pour l’obtention du visa de transit sur le territoire francais il faut discuter tres fort.Pourtant je ne vois pas cette personne qui va quitter les U.S.A pays de liberte pour alle s’installer en france(cacho).
      Il est temps que la france comprenne qu’elle n’est plus incontournable et que l’Afrique aujourd’hui peut bien se passer d’elle.

  • Le 2 janvier 2007 à 18:00, par N. Ouedraogo En réponse à : > « France blanche, colère noire » : Où l’on apprend que l’anti-communautarisme est le racisme des bien-pensants

    Merci pour cet article, je vaius m’empresser de lire ce livre, quoique j’emet déjà des doutes quant aux solutions proposées mais on dirait que le fond du problème est bien posé.

    J’emet des hypothèses car je ne suis vraiment pas convaincu, donc en total désaccord avec le précédant intervenant, que les solutions pronées par les USA soient les meilleures. Que l’éludation du problème en France soit vraiment lamentable (il y a bel et bien un problème de racsime et de ségrégationisme non officiel en France), je ne pense pas qu’il suffise de franciser les solutions américaines pour résoudre le problème. Car ce qui est fait aux USA, et qui est critiqué en France, est le recours au communautarisme à outrance.

    Aux USA il y a tout et n’importe quoi qui soit communautaire : le club de Karaté pour "noirs", les associations d’élèves ou étudiants "hispaniques", etc. Et cela amène à quoi ? Et bien, tu n’a plus le choix quand à tes occupations, tout est défini suivant ta couleur de peau...

    J’ai le souvenir d’une fille, haïtienne donc métissée, qui, après avoir passé son bac en France a voulu étudier aux USA. Quelle surprise elle a eu en arrivant dans son école : tout lui a été proposé (sport, culture, groupes d’amis, etc.) mais uniquement pour des gens comme elle : des noirs. Alors que d’après sa culture et ses propres expériences, elle se trouvait elle même bien plus éloignée des noirs américains que des autres étudiants, or cela lui était impossible de participer à d’autres associations que celles de sa "communauté" qui n’était pas du tout la sienne au final !

    D’ailleurs la démonstration concernant la "discrimination positive" est suffisante pour voir que les solutions américaines, toutes orientées autour de cette logique, sont contre-productives et permettent juste de protéger légalement les gens contre le racisme tout en l’instaurant de manière précise dans les réflexions : aux USA, quand on remplit n’importe quel formulaire il doit être fait mention du "groupe" auquel on appartient, à savoir blanc, noir, hyspanique, asiatique ou autre (bien sur que les termes ont été choisi en fonction du politiquement correcte)...

    Les films américains montrent bien ce montage très "artificielle" d’entente entre les "races" puisqu’ils n’arrêtent pas de répeter que les "races" existent ce qui est déjà une forme de racisme (même si on "jure" de ne pas les classer l’une par rapport aux autres).

    Que ce livre puisse faire avancer la réflexion sur l’intégration des nouveaux arrivants quelque soit leur couleur de peau ou leur accent.

  • Le 4 janvier 2007 à 00:03, par wodsassa En réponse à : > « France blanche, colère noire » : Où l’on apprend que l’anti-communautarisme est le racisme des bien-pensants

    Il faut que la france comprenne aujourd’huit qu’elle n’est plus incontournable.J’ai du mal a comprendre que malgre la globalisation la france continue de jouer a une politique protectioniste maladive,pendent que le reste du monde ouvre ses portes pour echanger avec l’Afrique.
    Mais elle le regrettera plus tard,jen suis certain.

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