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Crise irakienne et opinion publique : Bush et l’hypocrisie de ses détracteurs

Publié le samedi 23 décembre 2006 à 09h38min

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George Bush

L’Irak s’est enlisé dans une crise dont on imagine mal l’issue et avec elle, l’armée américaine dont la situation de perdant-vainqueur fait les délices des caricaturistes. Il est vrai que la politique est par excellence le domaine privilégié des coups bas mais il y a des cas où l’hypocrisie de certains acteurs non seulement se justifie peu, mais en plus, se déploie très mal à propos.

L’Irak est une aubaine pour les instituts de sondages et une tribune d’une incomparable richesse pour les détracteurs de George W. Bush. Il n’y avait pas d’armes de destruction massive en Irak puisque jusqu’à présent on ne les a pas trouvées ! D’accord. L’Irak ne représentait pas une menace directe pour les Etats-Unis ni en termes d’armement ni en termes de capacités technologiques ! D’accord. Cependant, il ne faut pas perdre de vue que la force de Bush vient de sa capacité à avoir en temps réel les avis des meilleurs experts dans tous les domaines y compris ceux dont le grand public n’a même pas encore entendu parler.

Cela revient à dire qu’en réalité, les décisions du président américain sont en fait la résultante d’une convergence d’expertises centrées exclusivement sur les intérêts des Etats-Unis. Il y a une tête, cela est vrai, mais le pays est dirigé par un ensemble de connaissances et de compétences dans lesquelles puisent ceux qui ont en charge sa destinée. Le conflit irakien n’est pas le résultat d’une rancœur personnelle du président Bush contre les Irakiens.

C’est l’aboutissement d’un calcul froid et impersonnel que des experts du Pentagone et d’autres organes américains ont mené sans état d’âme. Au lieu de tirer à boulets rouges sur lui, les détracteurs de Bush devraient plutôt s’en prendre à la multitude de conseillers qui constituent ses sources habituelles d’inspiration et de décisions. L’Amérique n’a pas été bâtie par des tièdes et des indécis mais par des fonceurs touche-à-tout qui assez souvent se sont cassé les dents. Les Européens ne doivent pas oublier que c’est le parapluie américain, à travers une OTAN qui existe toujours, qui les a soustraits aux appétits gloutons de l’Ogre soviétique.

L’arbre ne doit pas cacher la forêt

Les Africains doivent garder en mémoire les déclarations du secrétaire chargé de l’Afrique qui disait en substance : "C’est sous George W. Bush que l’aide américaine à l’intention des pays africains a atteint son plus haut niveau depuis vingt-cinq ans".

Que des chefs d’Etat en goguette dans son propre pays le traitent de tous les noms ou que d’anciens camarades d’université le traitent de médiocre finit par écœurer et à rendre sympathique celui-là même qu’on tente d’avilir par tous les moyens.

L’électorat américain ne s’y est pas trompé et a bien stigmatisé cette hypocrisie de mauvais aloi en réélisant en pleine crise irakienne, le même Bush à la tête du pays.

Accuser un seul homme d’avoir précipité tout un pays dans le chaos, c’est reconnaître implicitement que celui-ci dispose de pouvoirs absolus à l’image d’un Hitler ce qui reviendrait à la limite à nier le fait démocratique lui-même parce que dans la réalité, un élu n’est pas aussi libre de ses actes qu’on le croit, surtout à certains niveaux de décision. Un chef d’Etat peut devenir un déséquilibré mental soit du fait d’une involution interne qui lui est spécifique soit parce que l’exercice du pouvoir aura fait de lui un mégalomane maniaque dont les actes et la pensée portent préjudice à l’Etat.

Ce n’est pas pour autant qu’il peut plonger son pays dans le chaos et la destruction à sa guise à moins que tout son entourage et toutes les institutions-verrous n’aient plongé en même temps que lui. Bush a sa part de responsabilité dans le problème irakien parce qu’il est la tête mais c’est précisément à cause de cela qu’il faut avoir la clairvoyance de jeter la pierre, si pierre il y a à jeter à tous ceux qui le méritent, car depuis la nuit des temps, l’expansionnisme américain n’a jamais été le fait d’un seul homme et encore moins maintenant.

Luc NANA

L’Hebdo

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Vos commentaires

  • Le 26 décembre 2006 à 13:18, par N. Ouedraogo En réponse à : > Crise irakienne et opinion publique : Bush et l’hypocrisie de ses détracteurs

    Si un président suit les conseils de ses conseillers, à lui aussi de faire ses choix (ce pourquoi il a été élu d’ailleurs, choisir) entre des avis divergents : un président, des USA surtout, est entouré de conseillers qui lui donnes des avis contraires et à lui de définir les priorités suivant sa politique. Il a donc l’ENTIERE responsabilité des actions de son pays. Le choix ultime ne peut venir que de lui.

    En ce qui la guerre en Irak, votre article évite soigneusement de chercher une quelconque explication "rationnelle" à cette intervention. Si les raison invocquées sont fausses (et largement fausse, il s’agit de montages grossiers, Tony Blair va même devoir subir un procès pour avoir soutenu de telles "histoires" autant en désaccord avec les dires des experts), qu’est-ce qui a poussé Bush à se lancer dans un tel bourbier ?

    La réponse me semble pourtant anodine et simple : le pétrole. Rien de plus. L’année 2006 a été marqué par l’atteinte du "pic oil" ou pic de l’essence. Il n’est aujourd’hui plus possible de maintenir le prix du pétrole fixe en exploitant de nouvelles sources facilement exploitables. Le pétrole deveindra de jour en jour de plus en plus difficile à extraire, donc son prix ne fera que augmenter. Il est par exemple intéressant de voir qu’en 1850, un baril de pétrole suffisait pour en extraire 100 (il y avait même des puits de pétrole artésiens, la seule énergie était utilisée pour le conditionnement et non pour l’extraction) alors qu’aujourd’hui il en faut en moyenne entre 10 et 20. Il est même prévu de construire une centrale nucléaire proche d’un site ou la terre a une très forte teneur en pétrole afin d’avoir suffisamment d’énergie pour l’extraire ! à partir 90$/baril les experts disent que ce projet devient rentable...

    Un président élu pour 4 ans ne se soucis que très peu des ressources en Energie des 50 prochaines années mais bien du prix du pétrole à la pompe lors de son mandat. La guerre en irak, après avoir augmenté artificiellement le prix du baril, a permit de limiter l’augmentation du prix du prétrol. Ceci de manière très simple : les USA pillent le pétrole irakien (ils remboursent leurs frais de guerre) et donc achètent beaucoup moins de pétrole sur le marché mondial (loi de l’offre et de la demande, les USA étant les premiers, et de loin, clients mondiaux) ce qui empêche toute augmentation du prix. Jusqu’à quand ?...

    Georges W. Bush est donc responsable, par ses choix, de cette politique de courte vue qui ne cherche qu’à résoudre ponctuellement des problèmes de très grande envergure et cela en manipulant l’opinion de ses concitoyens mais aussi du reste de la planète.

    Pour ce qui est de l’aide américaine en augmentation pour l’Afrique, je poserai une simple question : quelles est la proportion de cette aide qui est directement conditionnée par l’acceptation de cultures OGM dans les pays africains ? Et celle de l’aide "militaire" ?

    L’article a soulevé un sujet intéressant et a abourdé des visions pertinentes mais il aurait fallu un petit complément d’information pour mieux brosser la situation.

    Cordialement,

    N. Ouedraogo

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