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Mahamoudou Ouédraogo : « La SNC est devenue la plus grande manifestation culturelle de la sous-région »

Publié le vendredi 9 avril 2004 à 18h02min

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Avant même que les lampions ne s’éteignent sur la 12è édition de la Semaine nationale de la culture, le ministre Mahamoudou Ouédraogo en faisait le bilan dans les colonnes de Sidwaya. Un bilan toujours d’actualité où il explique l’esprit du parrainage de la biennale de la culture qui a accueilli cette année Amadou Matar M’Bow, ancien directeur général de l’UNESCO.

Sidwaya : (S) La Semaine Nationale de la Culture (SNC) est à mi-parcours. A cette étape, quel bilan faites-vous du déroulement de la manifestation ?

Mahamoudou Ouédraogo :(M.O) C’est une édition qui donne beaucoup de satisfaction dans la mesure où le plus important était de faire en sorte que la population de Bobo-Dioulasso s’approprie la SNC. C’était un grand défi parce que je me souviens qu’il y a une dizaine d’années, lorsque vous alliez à la cérémonie d’ouverture, il n’y avait pas suffisamment de gens pour remplir les gradins du stade Wobi. Maintenant la foule qui se masse à l’ouverture comme à la clôture montre qu’il y a une adhésion populaire et que les Bobolais en ont fait leur affaire. C’est le premier constat.
Le deuxième, c’est qu’au niveau des arts du spectacle et au niveau des autres domaines en compétition, on voit qu’il y a une amélioration qualitative de nos artistes.

Cela est très important parce que les artistes sont les premiers ambassadeurs du Burkina Faso à l’intérieur et à l’extérieur du pays. S’ils sont médiocres, cela veut dire que leurs missions ne vont pas être bien remplies. Enfin, la SNC permet de fédérer la sous-région, de faire venir beaucoup de touristes, ce qui a des conséquences heureuses, pour la localité de BoboDioulasso et l’Ouest du Burkina.

Il y a un autre aspect qui est important à relever. C’est que la SNC c’est devenue trop grande pour les infrastructures d’hébergement de la ville de Bobo-Dioulasso. C’est, à mon avis le point sombre de cette SNC. C’est l’envers du succès. La SNC est en train de suivre le même chemin que le FESPACO. Il y a une quinzaine d’années, lorsque les festivaliers arrivaient à Ouagadougou pour la biennale du cinéma africain, c’était la croix et la bannière pour les loger.

Nous sommes à présent confrontés au même problème à Bobo-Dioulasso. Cela montre que la SNC est devenue la plus grande manifestation de la sous-région. Il y a donc nécessité de construire des hôtels, des centres d’accueil et d’hébergement. Je lance donc un appel aux opérateurs économiques de la sous-région en général et à ceux de Bobo-Dioulasso en particulier pour qu’ils investissent dans le secteur de 1 ’hôtellerie parce que l’État ne peut pas tout faire.

Bien entendu, certains diront : « Après la SNC, qu’est-ce qu’il y a ? » En fait, c’est comme le problème de la route.
S’il y a beaucoup d’infrastructures hôtelières, on verra qu’il y aura plus de manifestations, plus de séminaires, plus de rencontres à caractère intellectuel, économique social et culturel à Bobo Dioulasso.

s. : Qu’est-ce qui a motivé le parrainage de la SNC par des personnalités ?

M.O : Nous avons voulu donner un visage à la SNC, la symboliser et faire en sorte que lorsqu’on colle un nom, une personnalité de grande envergue à la SNC, qu’on sache que nous avons des ambitions nobles et saines et que la SNC veut ressembler par symbole à ce grand homme-là. C’est pour cela que nous avons voulu le faire depuis deux ans et que nous avons commencé par le Burkina Faso qui regorge de grands hommes de talent.

L’objectif, c’est d’amener une grande personnalité (Burkinabé ou non Burkinabé) à montrer la voie du succès, de la persévérance, du courage à la SNC ; la voie de l’excellence en somme.

Que gagne la SNC à ta vers ce parrainage ?

M.O. : La manifestation gagne en notoriété parce que Amadou Matar M’Bow par exemple est quelqu’un qui est mondialement connu. La SNC gagne aussi en positionnement parce que, elle est la plus grande manifestation culturelle en Afrique de l’Ouest, mais elle n’est pas la seule manifestation. Il y a la dynamique des manifestations et celle des hommes, des groupes. Vous pouvez être le premier aujourd’hui et être le dernier demain. Il faut donc chaque fois essayer de trouver quelque chose pour aller de l’avant, pour garder la place de leader.

S. : Pendant cette SNC, il y a eu une grande conférence sur le thème du pardon. Quelle contribution la culture peut-elle apporter à l’intégration et l’ancrage de la notion de pardon dans la société burkinabé ?

M.O. : Dans nos cultures, le pardon est une donnée essentielle et permanente. Il n ’y a rien qui ne puisse faire l’objet de pardon. Dans les anciens temps, lorsqu’ il y avait des crimes odieux, il y avait des rituels pour effacer les conséquences malheureuses de ces crimes. Lorsqu’ il y avait égaIement une bagarre ou une guerre entre des personnes ou entre des communautés, il y avait encore la réponse culturelle à cet état de fait dommageable. La parenté à plaisanterie est là justement parce qu’elle participe de la fluidité des relations humaines pour qu’il n’y ait pas de conflit de guerre entre des voisins qui en fait, sont des frères, mais qui généralement s’ignorent.

Il me semble enfin que la culture universelle est une culture de pardon. J’aime beaucoup citer Mahatma Gandhi, la grande âme de l’Inde qui dit ceci : « La rancune, la rancoeur ne conduisent à rien de bon ». La loi du Talion, à savoir œil pour œil, dent pour dent finira par rendre le monde entier aveugle et édenté. « Nous ne voulons pas cela pour le Burkina.

Propos recueillis par Urbain KABORE
Sidwaya

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