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Côte d’Ivoire : Des dates et cinq propositions pour sortir de la crise

Publié le jeudi 21 décembre 2006 à 08h13min

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Le président ivoirien Laurent Koudou Gbagbo s’est adressé à ses compatriotes dans un discours en cinq points avec des dates précises, le mardi, en vue d’une sortie de crise et d’une réunification de la Côte d’Ivoire.

Ceux qui attendaient de voir les propositions du wody de Mama, Laurent Gbagbo, en ont été servis. Mais entre la teneur de ce discours et sa portée en termes d’adhésion, il y a comme une "zone de confiance" que le président ivoirien, aveuglé par une envie d’aller vite à la paix et surtout sans la communauté internationale, refuse de regarder. Oubliant comme le disait le père de la Côte d’Ivoire moderne, Félix Houphouët Boigny que quand "on est pressé, il faut aller lentement". Et dans le cas de la Côte d’Ivoire, les quatre années de crise n’ont pas eu le mérite de souder le ferment nationaliste.

Elles ont plutôt exacerbé une crise de méfiance entre des populations classées selon l’appartenance soit ethnique, soit religieuse. Le discours présidentiel qui intervient dans un contexte d’un énième coup d’Etat découvert par les Forces armées nationales de Côte d’Ivoire avec déjà des "parrains" dans le landernau politique essentiellement le PDCI, ou du moins tout militaire suspecté proche de cette formation politique et le RDR dont l’un des responsables est suspecté d’être la tête pensante, vient comme une volonté du pouvoir de perpétuer une psychose qui devient récurrente chaque fois qu’une résolution internationale est prise pour sortir la Côte d’Ivoire de "sa" guerre.

Comment Laurent Gbagbo peut-il parler de "dialogue direct avec la rébellion en vue du désarmement et de la réunification" quand les représentants de la rébellion commis à discuter de cette question sont "interdits" d’accès à une rencontre sur le sujet ? Il y a là comme une forme de paradoxe qui ne dit pas son nom.

A bien scruter le discours présidentiel, il ne fait aucun doute que Laurent Gbagbo s’y présente "en bon pasteur, friand de paix", mieux, il semble tourné le dos à tous les jusqu’au boutistes de son clan. Même s’il reprend en son compte, cette autre volonté "populaire" bruyamment exprimée par ses fidèles concernant la "zone de confiance" devenue à leur yeux, "gênante" parce qu’en empêchant les loyalistes de "mettre fin à la guerre" par la guerre. S’étalant sur les mobiles de la crise dans son pays, et ce, après avoir rencontré deux semaines durant, toutes les composantes de la société ivoirienne, a découvert qu’elle a pour fondements "en grande partie, une crise de l’emploi et la formation".

Là où tous ceux qui ont accouru à la tête d’une Côte d’Ivoire malade, voyaient plutôt, des fondements "identitaires" aggravés par le délit de faciès. Il sonne l’amnistie générale et promet de "soumettre à l’Assemblée nationale un projet de loi". Une Assemblé nationale récusée par la résolution 1633 de l’Organisation des Nations unies, même si cette loi adoptée "ne couvrira pas les crimes contre l’humanité et les crimes économiques".

Il y a comme un goût de partage des sanctions, à la rébellion les crimes contre l’humanité (c’est par eux que tout a commencé) et au pouvoir, les crimes économiques). Des dates précises accompagnent les propositions de Laurent Gbagbo dont la plus importante demeure son vou d’aller à la présidentielle en juillet 2007. Ce discours a le mérite de mettre en exergue le fait que le président Gbagbo ne tient pas à partager "son" pouvoir, à être au cour de tout dispositif ou toute initiative qui tendra à parler de la situation de son pays.

Enfant des élections comme il le dit lui-même, il n’entend pas "voir quelqu’un s’immiscer dans » ses affaires, étant entendu que seul lui a obligation de rendre compte aux Ivoiriens. En d’autres termes, la guéguerre avec le chef du gouvernement investi et renforcé dans sa mission par la résolution 1721 ne fera que s’accentuer. Quelle place Laurent Gbagbo accorde-t-il aux autres formations politiques dont les principales le PDCI et le RDR dans "sa marche" vers la paix, la réunification de son pays ? Lui-même ne souffle mot, préférant travailler directement avec les rebelles.

Surtout que selon lui, "la paix est à notre portée" avec en prime (cinquième point), la « mise en place d’un programme d’aide au retour des déplacés de guerre". Laurent Gbagbo a le "mérite" dans ce discours, de "jouer franc" ; il met tout le monde à la touche et veut trouver à cette crise ivoiro - ivoirienne, une solution ivoiro- ivoirienne avec comme acteurs de premier plan, les Ivoiriens. Comme des dates précises ont été déterminées, il ne reste plus à cette communauté internationale et à tous ceux "qui veulent aimer les Ivoiriens plus que les Ivoiriens eux-mêmes" selon ses propos, d’espérer que cette fois sera la bonne.

Jean Philippe TOUGOUMA

Sidwaya

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