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<I>Droit dans les yeux </I> : Le Burkina 48 ans après

Publié le mardi 19 décembre 2006 à 08h44min

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La fête nationale est passée. J’étais tout juste arrivé une année dans le pays quand la République a été proclamée. Ce n’est pas seulement le nom qui a changé ! Où en est-on maintenant ? La population a plus que triplé. C’est un pays de paix, ça veut dire qu’il n’y a pas de conflits armés, le Burkina Faso est une démocratie, ou plutôt une démocrature.

Il y a une grande liberté pour créer des associations : plus de 110 partis politiques, plus de 250 associations féminines à Ouagadougou. Il y a la liberté de presse, bien qu’il ne soit pas toujours prudent d’exprimer son opinion, surtout si l’on est fonctionnaire. Ouagadougou est une des villes les plus coquettes de l’Afrique et Ouagadougou n’a pas son égal dans toutes les villes d’Europe en ce qui concerne sa facette Ouaga 2000.

Ouaga 2000, c’est un centre qui est capable de recevoir beaucoup de grandes réunions internationales et en toute sécurité. Le Burkina Faso est devenu le premier producteur de coton de l’Afrique et son coton est de bonne qualité.

Il y a beaucoup de barrages construits et de plus en plus de citoyens ont accès à l’eau. Le réseau routier s’améliore de plus en plus. Le réseau électrique s’étend aussi, même si le coût de l’électricité dans notre pays est parmi les plus chers d’Afrique.

Les branchements téléphoniques se multiplient et le nombre de téléphones portables explose.

Au cours des dix-sept ans de règne de Blaise Compaoré beaucoup de choses ont avancé.

Cependant, notre pays a toujours été un pays pauvre en comparaison avec d’autres pays du monde. Je me rappelle encore que nous étions le dixième pays le plus pauvre du monde, mais Blaise, a réussi à nous faire descendre à la troisième place. Sauf dans les discours, les paysans n’ont pas beaucoup d’importance dans notre pays, bien qu’ils forment plus de 80% de la population. Huit sur dix citoyens sont éleveurs ou agriculteurs, et souvent les deux. 40% de ces personnes sont dans une situation de pauvreté absolue.

Dans cette situation, beaucoup de parents ne peuvent pas envoyer leurs enfants à l’école et n’ont pas accès aux soins élémentaires de santé. Autrefois, nos légumes exportés étaient connus en Europe, mais ça, c’est du passé.

Les pouvoirs du chef de l’Etat

La corruption est très généralisée. On entend dire parfois que dans d’autres pays c’est pire, mais je n’aime pas ce raisonnement. La guerre en République démocratique du Congo a coûté la vie à trois millions de personnes et Staline a tué dix millions de personnes, mais cela ne veut pas dire que moi je peux tuer quelques personnes, quelques-uns seulement. Si je tue une seule personne, je ne suis pas innocent parce qu’on a vu pire en République démocratique du Congo ou avec Staline, et je dois être puni sévèrement.

Souvent, ce n’est pas la qualité morale ou technique qui compte pour les affectations, mais la place que vous avez dans le parti au pouvoir.

Tous les maires de Ouagadougou sont reconduits, même ceux (ou celles) qui ont très mal exercé leur mandat précédent. Le parti, pas le peuple, en a décidé ainsi : c’est honteux ! A croire que la dignité humaine n’a plus beaucoup de valeur au Burkina.

L’impunité pour une certaine catégorie de gens s’est généralisée. Le cas de Norbert Zongo est connu dans le monde entier, bien qu’on sache exactement où chercher les coupables et le(s) commanditaires(s). Beaucoup de citoyens n’ont plus confiance dans la justice, même s’il y a parfois des jugements justes. La sécurité sur la route, même sur les grands axes, n’est plus assurée ; en ville non plus d’ailleurs.

Il y a un semblant de démocratie, mais en pratique le parti majoritaire règne comme un parti unique : 72% de sièges municipaux.

Ce parti est au service du président qui a obtenu plus de 80% des suffrages (mais seulement de 28% des citoyens en âge de voter). Le président a un pouvoir quasi absolu : il nomme les ministres, les hauts fonctionnaires et 2/3 du Conseil constitutionnel ; il décide s’il y aura un référendum, sur le pouvoir exceptionnel et la dissolution de l’Assemblée nationale ; il signe et ratifie les accords internationaux ; il est président du gouvernement, chef de l’armée et président du Conseil supérieur de la justice.

Blaise Compaoré est donc directement responsable de tous les maux du pays.

Le Seigneur est mon berger. Même si je traverse les abîmes du malheur, il est avec moi. Il me conduit vers des prés d’herbe fraîche et me fait reposer. Grâce et bonheur m’accompagnent tous les jours de ma vie.

Oui je garde confiance. C’est la jeunesse qui est le fondement du Burkina, pas d’un Burkina riche, mais d’un Burkina prospère où règnent la justice et la solidarité.

Aidons notre pays, consommons et achetons les produits burkinabè et réagissons contre l’APE (Accord de Partenariat Économique) entre l’Afrique et l’Europe en exigeant comme préalable la reconnaissance de la souveraineté alimentaire.

Bonne nouvelle : Même si la corruption s’étend à tout le Burkina, il occupe quand même la dixième place sur 46 pays en Afrique.

F.Balemans B.P.332 Koudougou

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 19 décembre 2006 à 10:57, par innsa En réponse à : > <I>Droit dans les yeux </I> : Le Burkina 48 ans après

    Tu n’as pas peur qu’on vienne te chauffer les oreilles toi ?
    Tu vas a l’encontre de tous les discours : "tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes"
    Il ne faut pas nous sortir des discours comme ca... Parce que comme on dit : " ca va aller... Dieu est grand"

    On pourrait de te dire : tu es dans un pays libre... c’est pour ca que tu peux ecrire ça

    Mais on se connait tous a Ouaga.

    En tout cas ca fait plaisir de voir qu’il y a des gens qui pensent que le Burkina n’est pas du tout dans la bonne voie.

    Le mecanicien au bord de la route avec son GSM, la multiplication de 4X4, les maisons de luxe de Ouaga 2000 etc. beaucoup pensent que c’est ca le developpement !

    • Le 19 décembre 2006 à 21:55, par Jojo En réponse à : > <I>Droit dans les yeux </I> : Le Burkina 48 ans après

      Courage, Père Balmans. Toi au moins tu oses rompre avec l’hypocrisie pour dire que les choses ne vont pas au Burkina. Je lisais sur le net qu’il y a la croissance au Burkina mais il suffit de sortir à quelque km de Ouaga pour savoir que rien ne change, ou du moins peu de choses changent. Et les villageois qui sait qu’ils sont là ?, sauf bien sûr lors des élections. Alors,Bravo pour ton courage car tu oses défier les langues de démagogue.
      Et que Dieu te protège.

      Jo

      • Le 20 décembre 2006 à 17:00, par LEKING En réponse à : > <I>Droit dans les yeux </I> : Le Burkina 48 ans après

        Moi je pose une question ? Mon Père est-il si sûr que c’est Blaise le responsable de tout ce que vit le Faso ?
        Moi je crois que non. Il fait de son mieux pour que ça avance. Seulement comme l’a dit un illustre personnage dans un français soutenu, "Blaise n’est pas du tout mauvais, c’est son dernière-là qui est mauvais". Il compte dans son entourage quelques rapaces qui font marcher au pas le pays, alors que l’on devait pouvoir aller ne serait-ce qu’à 50 à l’heure, une vitesse légèrement inférieure à celle du meilleur coureur du dernier tour du Faso.

        Leking

        • Le 21 février 2007 à 12:31 En réponse à : > <I>Droit dans les yeux </I> : Le Burkina 48 ans après

          mr leking, si blaise était irréprochable, croit-tu qu’il aurait laisser ces rapaces de son équipe freiner le rythme qu’il veut donner à la bonne marche du pays ? on est tous au faso. on sait ce qui se passe. arreter de tenter tout le temps de disculper blaise. il concentre tous les pouvoirs républicains. s’il veut que le Burkina marche autrement il peut le faire. s’il ne le fait pas c’est que c’est cette situation d’amalgame, de confusion et de corruption qui l’arrange le plus lui et sa famille. toutes les sinuosités trouvent leur origine chez blaise. BYE !
          GOYACLEY

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