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CDP : "La guerre des clans ne mène nulle part"

Publié le mardi 19 décembre 2006 à 08h45min

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L’auteur de l’écrit dont teneur suit, revient à la charge après les réactions que sa réflexion sur les clans existant au CDP ont provoquées. Pour Ambroise Kafando, il s’agit cette fois de repréciser sa pensée.

"Un mal qui répand la terreur, mal que le ciel en sa fureur inventa pour punir les crimes de la terre, la peste puisqu’il faut l’appeler par son nom, capable d’enrichir en un jour, l’Achéron, faisait aux animaux la guerre.

Nul mets n’excitait leur envie. Ni loups, ni renards n’épiaient la douce et l’innocente proie. Les tourterelles se fuyaient.

Plus d’amour, partant plus de joie. Le lion tint conseil et dit : mes chers amis, je crois que le ciel a permis pour nos péchés cette infortune. Que le coupable de nous se sacrifie aux traits du céleste courroux. Peut-être obtiendra-t-il la guérison commune... Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons, j’ai dévoré force moutons. Que m’avaient-ils fait ? Nulle offense... Sire, dit le renard, vous êtes trop bon Roi, vos scrupules font voir trop de

délicatesse. Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce. Est-ce un péché ? Non non. Vous leur fîtes Seigneur en les croquant, beaucoup d’honneur... On n’osa trop approfondir du tigre, ni de l’ours, ni des autres puissances, les moins pardonnables offenses. Tous les gens querelleurs, jusqu’aux simples mâtins, au dire de chacun étaient de petits saints. L’âne vint à son tour et dit. J’ai souvenance qu’en un pré de moines passant, la faim, l’occasion, l’herbe tendre et je pense quelque diable aussi me poussant, je tondis de ce pré la largeur de ma langue. Je n’en avais nul droit, puisqu’il faut parler net. A ces mots, on cria haro sur le baudet. Un loup quelque peu clerc prouva par sa harangue qu’il fallait dévorer ce maudit animal, ce pelé, ce galeux d’où venait tout leur mal. Sa peccadille fut jugée un cas pendable. Manger l’herbe d’autrui, quel crime abominable !...."

Traité de tous les noms d’oiseaux

Cette fable de la Fontaine illustre parfaitement ce qu’une grosse pointure du CDP et son écurie m’ont donné de penser après que, dans un article publié dans "Le Pays" n°3734 du 02 octobre 2006 et L’Observateur paalga n°6755 du 30 octobre 2006, j’ai alerté les consciences de notre pays sur un phénomène qui était en train de mettre en péril la cohésion au sein du Congrès pour la Démocratie et le Progrès - CDP- Quelle ne fût pas mon indignation, lorsque pour une vérité que je n’avais pas besoin de révéler, un show médiatique intelligemment dissimulé fut organisé pour me traiter de tous les noms d’oiseaux de la savane. Malade les jours qui ont suivi ce réquisitoire médiatique, je n’avais pas pu réagir. Je reviens donc par la présente, non pas dans l’intention de dire

des insanités sur Moussa Ouédraogo, Bamadou Cessouma - puisque c’est de ces deux messieurs qu’il s’agit - ou sur quiconque mais pour repréciser ma réflexion et surtout pour relever des contradictions que j’ai pu trouver çà et là dans leurs écrits - "Le Pays" n°3740 du 2 novembre 2006 et n°3743 du 7 novembre 2006 - Comme dirait Henri Emmanuelli, je n’ai pas l’habitude de fonder ma pureté sur l’aune de l’impureté des autres. Je demeure invariable sur mes positions. Que me reproche t-on d’avoir dit de si bouleversant qu’il faille ameuter les troupes pour massacrer le pauvre Yonli Paramanga et moi ? Pour ma part, j’avais voulu partager avec l’opinion nationale, trois inquiétudes majeures :

- Premièrement, j’avais écrit que le découpage de l’environnement présidentiel en écuries politiques coachées par des éléphants du CDP, tel qu’il avait été présenté dans la presse quelques jours auparavant, était dangereux. Pour notre stabilité sociale dont il faut reconnaître une certaine précarité, tolérer qu’autour du Président Blaise Compaoré, il y ait des Rochistes, des Salifistes, des Simonistes, des Françoisistes, des Paramangaistes et que sais-je encore, relevait à mon sens, d’une dérive intellectuelle grave. En lieu et place j’avais souhaité plutôt une mobilisation des compétences au-delà des clivages idéologiques, claniques, ethniques et géographique derrière l’homme qui a essayé de rassembler tous les fils du pays autour des grandes valeurs républicaines, voilà maintenant près de deux décennies.

- Deuxièmement, j’avais pensé que l’étalage de nos différences dans les organes de presse est suicidaire dans ce sens que cette pratique contribue à approfondir nos adversités et à exacerber inutilement les tensions. J’avais trouvé que dans le fonctionnement institutionnel du parti il existait bien des cadres plus appropriés pour évoquer les questions de dérapages verbaux, de déclarations incontrôlées ou de mauvaise gouvemance.

- Troisièmement, j’avais estimé que les ambitions politiques des uns et des autres étaient tout à fait légitimes, mais qu’elles devaient obligatoirement respecter des règles d’équité et de morale politique. Le Président Blaise Compaoré saura en temps opportun mettre les petits plats dans les grands afin que chaque talent trouve une place pour s’exprimer. Largement expérimenté en matière de management des hommes, il est en mesure de conduire notre peuple avec succès vers la satisfaction minimale de ses aspirations profondes en tenant compte de toutes les sensibilités..

"Le piment est tombé dans l’oeil du chien"

C’est en substance ces trois opinions personnelles que j’avais évoquées. Patatra ! Le piment est tombé dans l’oeil du chien, disent les mossis. Pendant que Moussa Ouédraogo me prête l’intention d’ouvrir un front contre les cadres soudés du CDP et me demande de réapprendre l’histoire du pays, Bamoudou Cessouma me traite de délateur, de menteur, de larbin rampant et d’avocat du diable cherchant à exonérer Yonli Paramanga de ses responsabilités pour des faits avérés - maladresses verbales - Quand ce n’est pas Moussa Ouédraogo qui me rappelle que l’espace public est ainsi fait que nul ne peut échapper au jugement de l’opinion, fût-il Premier ministre, c’est Bamadou qui m’informe que Yonli Paramanga a bénéficié jusque-là du soutien inestimable de tous les responsables du CDP, et qu’il faut que je sache que tout poste au niveau de l’Etat est passager. La première contradiction que j’ai pu relever dans ces deux écrits est que chacun d’eux en l’occurrence Bamadou Cessouma cherchera à me rencontrer mais qu’aucun d’eux, tout en évitant de commettre les mêmes erreurs que moi, n’a songé à porter une adresse avec laquelle on pourrait vérifier son identité.

Si ce ne sont que des attaques envers la personne de Yonli Paramanga, pourquoi s’adresser à Ambroise Kafando en pointant un doigt accusateur sur le Premier Ministre comme si on l’on était convaincu de sa complicité dans mon écrit. Pourtant, lorsque le sieur Paul Emmanuel Ouédraogo avait publié la liste des cadres du pays portant la marque MADE BY SALIF DIALLO, aucune initiative n’avait été prise pour éviter qu’on se moque de l’intelligence du peuple burkinabè comme l’a si bien écrit Bamadou Cessouma. Un proverbe gourmantché s’applique bien à cette attitude : c’est ce qui est consommable qui s’appelle éphémère.

En fait, j’avais voulu mettre en évidence la dangerosité d’une guerre des clans que je redoute tant pour le CDP. J’avais stigmatisé les affres de ce combat à distance, ces retranchements qui constituent les signes annonciateurs d’un désastre humain à l’image de celui qui s’est passé entre les Présidents Compaoré et Sankara. J’ai toujours la pleine et entière conviction que ce sont les faucons des deux hommes qui avaient été responsables des événements du 15 octobre 1987, que Blaise Compaoré et Thomas Sankara étaient les meilleurs amis du monde, et que ce sont les cloisonnements d’opinions et d’intérêts autour d’eux, les dérives machiavéliques de leurs partisans qui ont eu raison de leur amitié.

J’ai bu le calice jusqu’à lie lorsque pour m’administrer le coup de grâce, un gourou de la place - c’est le terme favori de Bamadou Cessouma - au cours d’une interview accordée au Pays dans sa parution n°3741 du 5 novembre 2006, m’a traité d’indécrottable animateur de la rumeur en me confondant à des gens qui s’asseyent dans leurs salons, inventent des clans et dessinent des clivages entre les grands du CDP.

De prime à bord, ce qui m’a paru très intéressant dans cette interview c’est surtout que chacun était libre de dire ce qu’il voulait à travers la presse et de s’attendre aussi à des réactions diverses dans la même presse. Deuxième contradiction : dois-je comprendre que les écrits de Moussa Ouédraogo et Bamadou Cessouma sont plus destinés à Yonli Paramanga qu’à moi ?

Qu’à cela ne tienne, l’interview a eu le mérite au moins d’avoir été claire sur certains points. Répondant à une rumeur que j’avais évoquée sur les ambitions d’une grosse pointure du CDP à l’approche des échéances du 3e congrès du CDP et des législatives prochaines, une déclaration solennelle a été faite. L’opinion nationale et internationale reteindra que le ministre d’Etat n’est pas de ceux qui s’agrippent aux mamelles du pouvoir par tous les moyens y compris la trahison des camarades. Je retiens également qu’il ne vise rien du tout et j’en déduis ni le poste de président du parti, ni le poste de premier, ni le poste de président de l’Assemblée nationale. Les choses sont très claires cependant ; il y a des éclaircissements à faire sur une déclaration sous jacente. Lorsque le numéro 2 du gouvernement affirme que toutes ces élucubrations relèvent plutôt d’un combat d’arrière-garde. Qui mène ce combat ? Roch Kaboré ou Yonli Paramanga ?

Bref ! Le 3e congrès du CDP ne m’a pas donné raison, on verra maintenant pour les postes de Premier ministre et de Président de l’Assemblée nationale à venir. L’histoire révèle toujours les contrevérités, les amusements de galerie et les langues de bois. S’il m’était donné un jour de reconnaître mon tour, je m’inclinerai devant la postériorité et la conscience collective et je magnifierai la parole d’honneur et la franchise de l’homme.

"L’histoire revèle les contrévérités"

Mais si toute cette démarche de réaction par rapport à mon écrit avait suivi sa logique jusqu’au bout, pourquoi la lecture entre les lignes de cette interview du 3 novembre 2006 faite par la Rédaction de L’Observateur paalga en sa parution n° 6759 du 6 novembre 2006 n’a pas provoqué de tollé généralisé ? Qu’est-ce qu’une de nos plus belles plumes a pu si bien écrire pour ne pas essuyer les mêmes invectives que moi ? Revenons un peu sur les réflexions de Passek Taalé. A mon sens, quatre idées fortes peuvent être retenues :

- Premièrement, la Rédaction de l’Observateur paalga avait estimé que face à l’imprudence langagière si vous me regardez est-ce que je ressemble à quelqu’un qui peut être l’homme de quelqu’un, qu’est-ce que ceux qui poussent des cris d’orfraie auraient voulu que Yonli Paramanga dise ? Que c’est son tout-puissant ministre d’Etat Salif Diallo qui l’a effectivement fabriqué ! Quant à la maladresse verbale dans le Jeune Afrique du 31 juillet 2006, l’Observateur estime qu’elle peut être considérée comme un pêché d’orgueil qui a fait oublier à l’enfant terrible de Tansarga que même en bonne démocratie, il est parfois risqué de parler de la succession de son propre patron pendant que celui-ci vit, et peut faire ou défaire les hommes selon son bon vouloir ou ses intérêts du moment. La Rédaction de L’Observateur s’est également posée des questions sur deux sujets abordés. Quand le ministre d’Etat croit que personne d’entre nous n’a des ambitions au-delà de ce qu’elles peuvent être, le journal s’est demandé à qui le dit-il et à qui fait-il allusion ? Ce ne serait pas par hasard à Paramanga qui a dévoilé ses ambitions dans le J.A ? De même, quand il affirme que nous sommes tous des hommes de Blaise que ce soit le

Premier ministre, moi ou d’autres... il n’est pas loin de répondre à celui qui disait n’être l’homme de personne.

- Deuxièmement, L’Observateur a abordé le phénomène des clans et des lignes de clivages en pensant que même résiduel comme le soutient le ministre d’Etat, ce phénomène n’existe pas que comme vue de l’esprit. Quand Gorba affirme qu’il n’a vraiment aucun problème entre lui et son ami de premier ministre, l’Observateur paalga éprouve quelques difficultés à le croire. Là-dessus, le journal explique qu’il est obligé de faire dans la langue de bois mais la discorde entre les deux hommes relève désormais du secret de Polichinelle même s’ils doivent sauver les apparences.

- Troisièmement, L’Observateur paalga se demande si toute cette histoire n’a qu’un seul objectif, préparer le limogeage de Yonli Paramanga en poste depuis six ans, et dont le terminus naturel serait les législatives de 2007. Selon la Rédaction du journal, de son retour de voyage, l’homme qui ne boxe pas en dessous de la ceinture a cherché vainement à rencontrer le locataire de la primature. On va beau parler d’animateurs indécrottables de la rumeur mais c’est ce qui s’est murmuré.

- En conclusion, L’Observateur paalga estime que Blaise Compaoré qui est le seul à décider n’a pas besoin de cette littérature pour débarquer le koro Yonli ou au contraire prolonger son bail à un poste qui est instable. Il pense que cette affaire peut être un nouvel avatar de la rivalité légendaire qui existerait entre Salif et François de qui le Premier ministre s’est rapproché ces derniers temps. Mais quoi qu’il en soit, en déduit le journal, si Paramanga doit encore apprendre à tourner sa langue 7 fois avant de parler, rien ne saurait justifier les amabilités dont il est victime depuis quelques temps comme si ceux qui le pourfendent n’ont jamais été pris en flagrant délit de dérapage verbal.

A mon avis, il n’y a pas une grande différence entre l’analyse de la Rédaction de l’Observateur paalga et les réflexions que j’avais faites. Si différence il y a, elle ne peut provenir que du fait que l’Observateur est témoin indifférent et moi un témoin actif. Mais j’ai compris que lorsque c’est par exemple la Rédaction de L’Observateur paalga qui parle de rumeurs, il n’y a pas de vives réactions, mais lorsque c’est Ambroise Kafando qui parle de sources dignes de foi, on crie haro sur le baudet. Lorsque la Rédaction de l’Observateur évoque l’existence tutelle résiduelle du phénomène des clans au CDP, il n’y a rien à dire, mais lorsque Ambroise Kafando parle du danger que la lutte des clans comporte, on crie haro sur le baudet. Lorsque la Rédaction de l’Observateur parle de l’orage provoqué par Paramanga qui est en train de tomber sur lui et Ambroise Kafando, de lynchage médiatique contre le Premier ministre, on crie haro sur le baudet.

Lorsque L’Observateur paalga pense que le Président Compaoré n’a pas besoin de cette littérature pour prendre des décisions qui s’imposent et que Ambroise Kafando estime que les hommes qui travaillent aux côtés du Président doivent cultiver la paix, la tolérance, la concorde et l’orienter vers des directions de sagesse, d’équilibre et de rassemblement, on crie haro sur le baudet. Cette autre contradiction me fait penser à ce proverbe mossi qui dit : "Si les lianes entrelacent l’idiot du village, il faut vite le sortir de son bourbier, sinon un autre jour, les mêmes lianes entrelaceront un prince et il sera gênant de vouloir l’aider en s’en défaire."

N’en déplaise à Moussa Ouédraogo, à Bamadou Cessouma, je réitère ma demande au Président de siffler la fin de ce gala du noble art entre ceux qui ne boxent pas en dessous de la ceinture en politique et Yonli Paramanga qui, par déduction, boxerait en dessous de la ceinture. Cette guerre froide perturbe les militants du CDP.

A propos de dérapage verbal, est-ce que le terme boxer convenait dans de telles circonstances ? Doit-on comprendre que dans l’entourage de Blaise Compaoré les gens s’adonnent à des uppercuts, des crochets courts ou longs et à des KO ? N’y avait-il pas meilleur exemple de discipline sportive à prendre ? Et puis, quels sont ces titres de détresse dans certaines presses sonnant le glas de EPY à la place du Président ?

"Faisons confiance au président Compaoré"

Il faut que les gens comprennent à jamais que Blaise Compaoré n’est plus le monopole d’une minorité ? Il est le Président de tous les Burkinabè, proches ou pas, plus proches ou pas. Qu’on arrête de vouloir l’entraîner dans des erreurs. Si Yonli Paramanga ne donne plus satisfaction à la personne qui l’avait investi dans ses missions, elle tirera des leçons conséquentes et prendra ses responsabilités avec sérénité, sans le concours d’un quelconque super conseiller.

La guerre des clans ne mène nulle part, faisons confiance au Président Compaoré, accompagnons-le dans sa quête du bonheur de notre peuple par des valeurs humaines d’amour et de confiance mutuelle, évitons de médiatiser nos fantasmes et autres algorithmes politiques, tels avaient été mes messages dans mon dernier écrit. J’ai essuyé la furia de Moussa Ouédraogo et Bamadou Cessouma alors que j’étais dans le même état d’esprit que le patron de mon cousin Zoodnoma Kafando qui a fait connaître sa lecture d’une interview accordée par le ministre d’Etat Salif Diallo, au journal "Le Pays". Je comprends maintenant pourquoi la Fontaine termine sa fable des animaux malades de la peste en écrivant : selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

Ambroise KAFANDO

L’Observateur

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