LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Administration Bush : Comment partir de l’Irak ?

Publié le lundi 18 décembre 2006 à 08h09min

PARTAGER :                          

L’incapacité de l’administration Bush à opérer un digne retrait des soldats américains du bourbier irakien illustre de façon éloquente l’extrême légèreté avec laquelle la décision d’annexer l’Irak a été prise. Le pays de Saddam Hussein, Bush et acolytes pensaient qu’ils n’en feraient qu’une simple bouchée.

Malheureusement pour Bush et ses séides et heureusement - nous le verrons plus bas - pour l’humanité, ils sont tombés sur un os. Voilà quatre années que dure l’expédition sans que, jusque-là, aucun objectif fixé par les faucons soit atteint. Seule consolation : la condamnation à mort du raïs irakien devant un tribunal de Bagdad acquis à la cause des Etats-Unis.

Reste que l’on fait face à un pays complètement défiguré. La situation sur le terrain, "grave et dangereuse", n’incite, du reste, guère à l’optimisme. Le pays est en lambeaux, le terrorisme est à son paroxysme, alimenté par des groupes insurgés irakiens qui font la loi, sans doute persuadés que, à terme, les Américains se retireraient sans gloire. Sans oublier les violences confessionnelles chiites et sunnites.

"Ça va mal en Irak ! Je sais à quel point c’est dur", aurait même admis M. Bush. Qui plus est, la stratégie actuelle ne "marche pas". C’est la conclusion à laquelle a abouti, de façon courageuse, le rapport Baker, rédigé par une commission indépendante chargée d’étudier l’évolution de la stratégie américaine dans ce pays. Ce rapport recommande notamment le retrait des troupes américaines d’Irak d’ici à 2008, et prône un changement radical de méthode. Ces conclusions, à l’évidence, sont pour déplaire à l’actuel locataire de la Maison-Blanche, car sonnant comme un désaveu de sa politique en Irak.

Si Bush s’oblige à ne pas faire la sourde oreille face aux recommandations de ladite commission, c’est principalement à cause de l’échec de son parti aux élections de la mi-mandat, les Américains ayant sanctionné sa mauvaise gestion de la crise irakienne. Créée en mars dernier à l’initiative du Congrès, cette commission regroupe à la fois des républicains et des démocrates. Une raison supplémentaire pour Bush de composer.

Si l’homme qui dirige l’Etat le plus puissant au monde admet que "ça va mal", comment son pays pourra-t-il alors ramasser ses clics et ses claques sans perdre la face ? Comment partira-t-il d’Irak la tête haute ? Une équation à multiples inconnues. Le retrait, selon Bush, dépendrait des conditions sur le terrain. Un vrai embarras souligné par ailleurs par son refus d’ouvrir un dialogue avec l’Iran et la Syrie en vue d’une solution globale. Et pourtant, pour le rapport Baker, aucune solution de paix dans la région n’est possible sans le concours de ces deux moutons noirs des Etats-Unis. Alors, ne vaut-il pas mieux partir pendant qu’il en est encore temps ? Si cela est d’ailleurs le souhait de la majeure partie des Américains, à quoi bon s’entêter ? En tout état de cause, l’Amérique n’est pas loin de revivre l’électrochoc de la terrible guerre du Vietnam.

Sans doute, avec l’arrivée de Robert Gates, nouveau secrétaire à la Défense et antithèse de son prédécesseur Rumsfeld, et manifestement très proche du plan Baker, la pression sur Bush pour changer de politique en Irak, et plus globalement dans la région, sera-t-elle plus forte. Bush voudrait-il raidir la nuque parce qu’il est à son dernier mandat ? Peut-être. Toujours est-il qu’aucun de ses enfants, et plus généralement de la nomenclatura républicaine, n’est sur le front. Une consolation tout de même pour les peuples du monde : l’expédition en Irak n’a pas atteint son but. Et aux Etats-Unis le sacro-saint principe de la limitation des mandats est une réalité. Si fait que, pour quelques années encore, les pays de "l’axe du mal", en particulier l’Iran, la Syrie et la Corée du Nord, peuvent dormir relativement tranquilles.

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique