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M. Justin Koutaba : « Nous cherchons à passer d’une culture de fonctionnariat à une culture entrepreneuriale »

Publié le lundi 18 décembre 2006 à 09h13min

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Justin Kutaba, ministre de l’Emploi et de la Jeunesse

La dernière activité majeure, cette année, organisée par le département de l’Emploi et de la Jeunesse est sans conteste, la 2e édition du Forum national des jeunes prévue sur le site du SIAO du 19 au 21 décembre 2006.

Le premier responsable du département, le ministre Justin Koutaba nous situe davantage sur l’événement et nous livre sa compréhension du thème, « une jeunesse porteuse de dynamisme entrepreneurial au service du développement ».

Sidwaya (S.) : La 2e édition du Forum national des jeunes a lieu du 19 au 21 décembre 2006 à Ouagadougou. Comment se passent les préparatifs ?

Justin Koutaba (J.K.) : Nous avons mis en place un comité national d’organisation avec un certain nombre de commissions qui correspondent aux ambitions que se donne cette 2e édition du Forum national des jeunes.

S. : Quelles sont les difficultés d’ordre organisationnel que vous rencontrez ?

J.K. : Des difficultés, on en rencontre toujours dans de pareilles circonstances dans la mesure où nous avons prévu de faire venir 2500 jeunes de toutes les régions, provinces et couches sociales du Burkina Faso. Nous aurons les ruraux ceux des centres urbains, les élèves et étudiants. Ils vont rencontrer le chef de l’Etat et discuter des questions qui les concernent. Donc, vous conviendrez avec moi que mobiliser autant de jeunes nécessite une logistique, une mobilisation de moyens humains, matériels, financiers, toute chose qui ne peut pas manquer de connaître des difficultés d’exécution. Mais le comité national d’organisation, les présidents des commissions et tous ceux qui se sont engagés dans les préparatifs de cette grande rencontre entre le chef de l’Etat et les jeunes sont de bonne volonté, sont de bonne foi si bien que les difficultés sont atténuées.

S. : Que nous enseigne le thème de ce forum ?

J.K. : Le thème du Forum national des jeunes cette année est : « Une jeunesse porteuse de dynamisme entrepreneurial au service du développement ». Nous avons voulu à travers ce thème qui concerne l’entrepreunariat des jeunes, aller dans le sens de ce que souhaite le président du Faso dans son programme quinquennal, que la jeunesse du Burkina Faso soit une jeunesse entreprenante, qui prenne des initiatives, une jeunesse qui puisse avoir un certain nombre d’opportunités de formation.

Nous voulons pouvoir former les jeunes en entrepreneuriat, pouvoir leur créer des opportunités de financement de leurs activités et, bien sûr, cela est incontournable de nos jours lorsqu’on veut résoudre les problèmes d’emploi, de chômage. L’enjeu est de pouvoir former les jeunes, les doter d’une formation professionnelle, les initier aux métiers, toute chose qui va nécessiter une conversion des mentalités, à savoir que nous cherchons fondamentalement à passer d’une culture de fonctionnariat à une culture entrepreneuriale. Ce qui justifie le choix du thème de cette 2e édition du Forum national des jeunes.

S. : Qui est jeune d’après le département de l’Emploi et de la Jeunesse ?

J.K. : Dire qui est jeune à travers une définition nécessite une gymnastique d’esprit, mais sur le plan international, nous nous référons à un certain nombre de textes des Nations unies, de la CEDEAO et au niveau national qui définissent, chronologiquement, c’est-à-dire sur le plan de l’âge, qui est jeune.

En général, il s’agit de ceux qui ont entre 18 et 35 ans. Mais nous pensons que l’essentiel aujourd’hui dans le concept de jeunesse, c’est beaucoup plus l’esprit, la mentalité. Quel que soit leur âge chronologique, tous ceux qui ont un esprit positif, des ambitions de se développer individuellement et de développer leur communauté, tous ceux qui ont un esprit entrepreneurial, inventif, créatif, nous les mettons dans la catégorie des jeunes quand bien même ils sont souvent âgés. Voilà notre compréhension de la jeunesse que nous plaçons sur le plan de l’esprit, du positivisme, de la mentalité.

S. : Des recommandations ont été émises lors du premier forum tenu les 10 et 11 juin 2005. Où en êtes-vous avec leur mise en ouvre ?

J.K. : L’objectif principal du Forum national des jeunes, c’est l’élargissement des canaux de dialogue et d’écoute des couches socioéconomiques de notre pays, particulièrement la frange jeune. La première édition du Forum national des jeunes avait pour ambition, d’écouter la jeunesse pour savoir ce qui peut constituer des obstacles ou des freins à son épanouissement.

Et les jeunes se sont exprimés librement et directement lors de la première rencontre avec le chef de l’Etat. Ils ont exprimé leurs préoccupations. A ce jour, quand nous faisons le bilan de cette première édition, nous constatons que le président du Faso, avec son gouvernement, ont pris acte et à cour les préoccupations exprimées par les jeunes. Nous pouvons même affirmer que la création d’un ministère de la Jeunesse et de l’Emploi est une émanation des recommandations de cette première édition.

D’autres préoccupations telles que l’organisation de la jeunesse, l’animation, la mobilisation de la jeunesse, la mise en place de structures de financement des activités de la jeunesse sont des recommandations auxquelles le chef de l’Etat a accordé une oreille attentive. Je puis déjà vous dire qu’une nouvelle structure de financement des activités de jeunes, des projets de jeunes verra le jour à partir de cette 2e édition. Les jeunes ont fait des recommandations en ce qui concerne la santé de la reproduction. Vous êtes aujourd’hui à même de constater comment se mènent beaucoup d’activités y relatives. Le bilan est très positif et nous pensons une fois de plus que lors de cette 2e édition, il ressortira des propositions concrètes qui seront suivies d’actions immédiates ; ce d’autant plus qu’il existe aujourd’hui institutionnellement un ministère, un département en charge de cette frange capitale de notre population qui est la jeunesse.

S. : D’autres recommandations avaient trait à la politique de logement des jeunes ainsi que la fourniture d’outils informatiques à certaines associations et mouvements de jeunes. Vont-elles avoir une suite ?

J.K. : En ce qui concerne les recommandations sur le logement de jeunes, en douceur et en toute discrétion, il y a de grandes initiatives qui sont en train d’être prises pour offrir aux jeunes des logements à prix jeunes. Le chef de l’Etat nous a recommandé d’émettre des infrastructures en faveur des jeunes. En plus de ces logements, nous avons déjà dans le budget 2007, un certain nombre d’études architecturales qui seront faites dans le sens de mettre en place des auberges de jeunesse pour permettre la mobilité des jeunes, pour offrir des infrastructures d’accueil, des cadres d’animation et de travail. A la première édition, les jeunes avaient également souhaité avoir des centres d’écoute et de dialogue.

Dans le budget 2007, nous avons en projet leur lancement sur toute l’étendue du territoire. Nous avons donc un certain nombre de projets à réaliser dans le sens d’augmenter leurs capacités organisationnelles et de donner à la jeunesse non seulement des opportunités d’emplois mais aussi de nouvelles infrastructures par rapport auxquelles ils pourront mener un certain nombre d’activités.

En plus de cela, vous savez que nous sommes dans l’ère de l’informatique, des technologies et dans ce sens, nous voulons augmenter les capacités de formation et d’organisation des jeunes. Il est prévu une dotation de matériel informatique, d’ordinateurs par rapport auxquels nous allons construire des centres multimédia mais aussi offrir aux mouvements, associations et réseaux de jeunes bien organisés, de quoi se former sur le plan informatique.

S. : Quel est aujourd’hui le niveau de chômage chez les jeunes du Burkina Faso ?

J.K. : Le taux de chômage des jeunes diffère selon que nous sommes en milieu urbain ou rural. En milieu urbain, nous parlons de chômage tandis qu’en campagne, on parle de sous-emploi. Si nous tenons compte des dernières statistiques qui nous ont été données par l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD), nous avons un taux de chômage très peu élevé de 2,7% et un taux de sous-emploi beaucoup plus restreint en campagne.

Les jeunes en milieu rural cultivent pendant 3 à 4 mois et c’est pendant la saison non pluvieuse qu’il faut leur trouver de quoi s’occuper. Maintenant, par rapport à ce taux de chômage un peu élevé, il faut noter qu’il y a un lien direct entre le sous-emploi en milieu rural et le chômage en milieu urbain. Le travail étant saisonnier en campagne, il va de soi qu’il existe une espèce de migration des jeunes ruraux vers la ville pendant justement la période de la saison sèche.

Ces jeunes, la plupart du temps, ne retournent pas en campagne et gonflent ainsi le nombre de ceux qui sont sans emploi en ville et génèrent d’autres problèmes sociétaux. En tout état de cause, d’une ville à l’autre, le chômage à Ouagadougou, Bobo-Dioulasso touche un certain nombre de jeunes d’une grande importance. Nous avons donc ambitionner de travailler à créer des conditions favorables à leur employabilité, de développer des centres de formation professionnelle de façon à leur offrir des opportunités qui peuvent les rendre plus employables, les amener vers la possibilité d’être employés par des privés, des entreprises, par l’Etat mais aussi parce qu’ils auront un savoir-faire à s’auto-employer en prenant des initiatives et en créant leurs propres entreprises.

S. : Nous sommes à la fin d’une année. Est-ce qu’on peut affirmer que vous êtes satisfait des actions de votre département au cours de 2006 ?

J.K. : Satisfait serait trop dire. Le département de l’Emploi et de la Jeunesse a été créé en janvier 2006. Nous pensons que nous n’avons pas fait grand-chose d’abord.

Par rapport aux ambitions du gouvernement en matière de création d’emplois, de mise en place de systèmes de formation professionnelle, d’initiatives allant dans le sens de mettre en harmonie et en adéquation la formation et l’emploi, les ambitions du gouvernement en matière de lutte contre le chômage, d’organisation de la jeunesse, de sa formation ne font que commencer.

Nous sommes en-deçà de ces ambitions pour une première année, mais nous pensons qu’avec l’accompagnement de tout un chacun, avec la volonté des jeunes d’aller avec le gouvernement pour relever les défis du développement, nous pourrons faire beaucoup mieux, réaliser des ambitions, des rêves en matière d’emploi, de formation professionnelle. Nous n’allons donc pas donner une note de satisfaction parce que nous sommes à un début. Nous ne pouvons que faire une invite à la jeunesse pour qu’ensemble nous construisions nos ambitions et les réalisions.

S. : Quelles seront vos priorités pour 2007 ?

J.K. : Notre priorité pour 2007, c’est mettre le cap sur la mise en place du système de formation professionnelle. Nous avons déjà mené des réflexions, des études sur le terrain, travailler avec nos partenaires, les pays amis qui nous accompagnent. Donc, nous sommes à mesure d’aller en 2007 vers la réalisation de toutes les infrastructures en matière de formation professionnelle. Mais tout cela doit être assis sur des textes fondamentaux.

Nous avons donc l’ambition que ceux-ci soient adoptés dès le premier trimestre de l’année 2007, la politique nationale de la jeunesse suivie de son plan d’action, la politique nationale de la formation professionnelle suivie de son plan d’action. Toute chose qui va laisser espérer la positivité en matière d’opportunités pour les jeunes, en matière de formation, de création d’emplois Voici donc une situation ou un concept complexe et non facile comme la jeunesse et l’emploi face auquel nous avons aussi des ambitions qui sont à la taille de la complexité de la question.

Entretien réalisé par Ismaël BICABA

Sidwaya

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