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11-décembre : Vive la République et vive les honneurs !

Publié le samedi 16 décembre 2006 à 09h14min

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S’il y a bien une chose que la IVe République sait bien faire depuis quelques années, c’est récompenser ses illustres fils !

Passé l’intermède du 1er novembre qui avait fait croire que la célébration des fêtes de l’indépendance pouvait revêtir ses lustres d’antan, le 11 décembre 2006 a ramené tout le monde à la réalité des célébrations symboliques, avec pour seul ingrédient la décoration d’une pléiade de récipiendaires pour des bons et loyaux services rendus à la Nation.

A l’allure où vont les choses, il y a des citoyens burkinabè qui graviront rapidement tous les ordres des distinctions honorifiques. S’il y a une échelle, c’est bien pour qu’on en gravisse les échelons.

En matière de reconnaissance de la Nation envers ses fils, les Burkinabè ne peuvent pas se plaindre. Tous les ordres possibles ont été mis en place et toutes les agrafes possibles aussi. Ainsi dans tous les secteurs d’activités, dans le privé comme dans le public, la chère patrie est en mesure de dire merci à ses filles et à ses fils.

Les fonctionnaires n’ont plus l’apanage du service rendu au pays. Ce fut d’ailleurs pendant longtemps une aberration, car s’il y a bien des gens qui s’échinent jour et nuit dans des domaines concrets de création de richesses, c’est bien dans le secteur du privé. Donc la IVe République a bien démocratisé la reconnaissance des efforts des uns et des autres. Vive la République et vive les honneurs !

Blaise ayant ouvert le bal dans son tout nouveau palais, symbole des habits neufs de la République, ses ministres ont jusqu’à la fin du mois, sinon plus, pour récompenser les autres méritants. Autant dire qu’un cycle d’arrosages vient aussi de commencer. Pour les communions comme pour les décorations, les mesures d’accompagnement sont les mêmes chez les hommes intègres au point d’être d’une affligeante morosité : boissons, crudités, brochettes, poulets, beignets, riz gras et frites à toutes les huiles.

Recevoir une médaille c’est désormais faire face aux obligations de donner à boire et à manger à des troupes de vrais et de faux amis, des parents proches et lointains, mais qui ont le mérite de saliver en présentant leurs félicitations, sinon « toutes leurs félicitations » pour ceux qui ne savent pas en garder pour d’autres circonstances. Dommage que les services traiteurs ne se soient pas encore montrés agressifs dans ce secteur prometteur de faiseurs de cocktails prêt-à-porter pour petites gens (il ne faut pas se leurrer, tous les décorés ne roulent pas sur l’or, et un 11 n’est pas le lendemain d’un 25 d’un mois).

Seule consolation pour ces dépenses des grands jours, c’est la perspective d’une bonification d’échelon pour les fonctionnaires (encore eux !) qui signifie à moyen terme un solde indiciaire amélioré. Là encore, il faut féliciter cette IVe République qui a trouvé cette idée généreuse de ne pas s’en tenir aux honneurs pour les honneurs et de lier les médailles à des avancements.

Elle est bien généreuse, mais sa conséquence n’est pas des plus heureuses quand on constate que malgré leur profession de foi d’être comblés par le seul fait d’être décorés, des récipiendaires se ruent dès le lendemain sur les fameux « papiers ministres » pour formuler leur demande de bonification d’échelon avec le « j’ai l’honneur » de circonstance ! Faut-il les blâmer ? Ça mérite réflexion. C’est un signe des temps. Quand « Viima ya kanga », les honneurs ça ne se mange pas !

JOurnal du jeudi

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