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13-décembre à Bobo Dioulasso : Elèves, étudiants et syndicalistes dans la rue

Publié le vendredi 15 décembre 2006 à 08h29min

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La ville de Bobo Dioulasso a connu une chaude atmosphère dans la matinée du mercredi 13 décembre 2006 à l’occasion du 8e anniversaire de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo.

Les élèves ont déserté les salles de classe pour envahir les rues, armés de cailloux et de lance-pierres, prêts à décocher sur qui les provoque ; tandis que les étudiants se sont associés aux syndicalistes du Collectif pour une marche-meeting au cours de laquelle ils ont notamment exigé la réouverture du dossier Norbert Zongo.

La circulation était fortement perturbée dans la matinée du mercredi 13 décembre 2006, sur les rues jouxtant le lycée Ouezzin Coulibaly (LOC) et le lycée municipal de Bobo. Par une tactique qui leur était propre, les élèves desdits établissements scolaires ont tenu à rappeler à tout passant, que le journaliste Norbert Zongo a été assassiné le 13 décembre 1998 et que 8 ans après, la justice burkinabè n’a pas encore identifié et jugé les auteurs et les commanditaires éventuels de ce meurtre. Et cela a consisté en des coups de sifflets stridents, des slogans hostiles au pouvoir, des jets de pierres sur les véhicules fond rouge (supposés appartenir à l’Etat), et sur ceux qui discutaient leurs ordres de dévier, des brûlages de vieux pneus sur les chaussées, etc. Une patrouille de la gendarmerie nationale rodait autour pour disloquer les groupuscules suspects et réprimer les éventuelles tentatives de casse.

Ce débrayage, selon les élèves que nous avons rencontrés sur place, n’aurait pas fait l’objet d’un mot d’ordre préalable d’une quelconque association scolaire. "Nous sommes en grève, parce que c’est le 13 décembre. C’est comme ça chaque année", a déclaré Souleymane Sawadogo, élève en 4e, armé de cailloux dans les mains et dans la poche de sa tenue kaki. Les enseignants, à en croire leurs élèves, étaient eux aussi partie prenante de cette grève, puisque la plupart d’entre eux, ne se seraient même pas présentés au lycée, toute la journée du 13 décembre. Mais plus de peur que de mal, puisqu’en définitive, aucun dégât important (en dehors des chaussées brûlées et noircies) n’est à déplorer du fait de cette manifestation d’élèves.

Non au non-lieu !

Il y avait également un mouvement de foule à la Bourse du travail qui, dans la matinée du 13 décembre 2006, avait été prise d’assaut par des centaines de citoyens pour une marche- meeting, sous la houlette de la section régionale du Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques. De la Bourse du travail, les marcheurs ont rallié la Place de la Nation, où ils ont remis sous pli fermé, une déclaration conjointe au haut-commissaire du Houet, qui avait à ses côtés le maire de la commune, et le préfet de Bobo Dioulasso. Les étudiants de la section ANEB de Bobo se sont associés au Collectif dans le cadre des activités commémoratives du crime de Sapouy.

Au cours d’un meeting tenu à la Bourse du travail, les responsables locaux du Collectif ont, par la voix de Drissa Touré du MBDHP, fustigé l’attitude du pouvoir de la 4e république, dans le traitement du dossier Norbert Zongo. Pour eux, la décision de non-lieu pour Marcel Kafando, l’unique inculpé dans l’assassinat de Norbert Zongo, et prononcée en juillet dernier par la justice burkinabè, dénote la volonté du pouvoir de la IVe république, d’enterrer définitivement le dossier Norbert Zongo.

A contrario, ils ont dit non à ce non-lieu qui selon eux, "ne concerne pas que Marcel Kafando, mais aussi X.", et ont exigé la réouverture du dossier Norbert Zongo, car, se sont-ils dit convaincus, s’il y a assassinat, c’est qu’il y a assassin.


Hommage au Pr Ki-Zerbo

En marge à la commémoration de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo et ses trois compagnons d’infortune, la section régionale des Hauts-Bassins du Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politique (CODMPP), a rendu un hommage au professeur Joseph Ki-Zerbo, décédé le lundi 4 décembre à sa 84e année. Le professeur Ki-Zerbo, selon le Collectif a été une figure emblématique de la lutte contre l’impunité et pour les libertés démocratiques.

Avec sa formule "N’an laara an saara", lancée dans le feu de la lutte contre l’impunité et devenue aujourd’hui un slogan du Collectif, Ki-Zerbo aurait lancé un précieux enseignement aux populations burkinabè et africaines, à la jeunesse surtout, leur indiquant la voie difficile, mais indispensable de la lutte. Le défunt Ki-Zerbo, selon le Collectif n’aurait pas hésité un seul instant à mettre à la disposition du mouvement "Trop, c’est trop", sa notoriété de sage, sa carrure d’intellectuel, de patriote, de nationaliste et de panafricaniste, pour maintenir et consolider le Collectif.

Pour le CODMPP, le professeur Ki-Zerbo n’est pas mort car, par son engagement, par ses actions et ses prises de position courageuses, par ses précieux enseignements, il reste et demeurera parmi nous, et parmi les générations futures. A l’occasion du 8e anniversaire du drame de Sapouy, les militantes et militantes du CODMPP des Hauts-Bassins se sont engagés à poursuivre la lutte contre l’impunité, contre la vie chère et pour les libertés, et ce, à la mémoire du professeur Joseph Ki-Zerbo.

PMR

Le Pays

P.-S.

Lire aussi :
Affaire Norbert Zongo

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