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ONU : Changement d’hommes, changement de priorités

Publié le vendredi 15 décembre 2006 à 07h40min

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Ainsi, hier 14 décembre 2006, Kofi Annan, secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), a tiré sa révérence à la structure qu’il a dirigée pendant une décennie. Le Ghanéen avait succédé au Norvégien Trygve Lie, à Dag Hammarskjöld le Suédois, au Birman U Thant, à l’Autrichien Kurt Waldheim, au Péruvien Javier Pérez de Cuellar et à l’Egyptien Boutros Boutros Ghali.

Annan, faut-il le rappeler, avait trois grands défis à relever. Primo, faire en sorte que la mondialisation profite à toute la race humaine et pas seulement à ses membres les plus chanceux. Secundo, parvenir à panser les blessures de l’après-guerre froide en établissant un nouvel ordre mondial de paix et de liberté. Tertio, protéger les droits et la dignité des individus, en particulier des femmes, qui étaient si largement piétinés.

En quittant le perchoir, Kofi Annan a plaidé, lors d’un bilan de son action, pour un renforcement des Nations unies face aux problèmes mondiaux, qui ont pris en dix ans une nouvelle forme, plus aiguë. Beaucoup d’eau a, depuis lors, coulé sous les ponts et on retient que dans le domaine économique, la mondialisation et la croissance ont continué, notamment en Asie.

Mais il ne faut pas se voiler la face, car le miracle asiatique n’a toujours pas sa réplique dans d’autres régions du monde et ses bénéfices sont loin d’être partagés. La mondialisation qui, théoriquement, doit nous rapprocher, en pratique, risque de nous éloigner davantage.

Les ravages de la guerre, quant à eux, se poursuivent dans des régions du monde, en particulier dans le monde en développement où les populations sont exposées à de violents conflits.

Et Annan de critiquer sévèrement la politique américaine, notamment en matière de lutte contre le terrorisme. Mais n’est-ce pas peut-être parce qu’il est sur le point de retrouver sa liberté de parole que le Secrétaire général sortant fait ces déclarations sévères concernant les Etats-Unis ?

En outre, il ne faut pas se leurrer et attribuer les échecs au premier responsable uniquement, mais également à la communauté internationale. Toutes les fois que cette dernière s’est impliquée à fond comme au Liberia, en Sierra-Leone ou dans les Balkans, pour ne citer que ces exemples, la paix est revenue.

Kofi Annan, le premier Africain bon teint noir, aura fait la fierté des petits Nègres. Et cède ainsi son fauteuil au Sud-Coréen Ban-Ki-moon qui entrera en fonction le 1er janvier 2007 après sa prestation de serment hier jeudi au siège de l’ONU à New York. Une page onusienne vient d’être tournée avec le départ de Kofi Annan qui pourra prendre une retraite sabbatique et pourquoi pas rêver de la magistrature suprême dans son Ghana natal.

D’aucuns estiment même que s’il ne s’est pas véritablement appesanti sur le dossier ivoirien, c’était pour garder des relations de bon voisinage si un jour il se retrouvait président. Maintenant que Kofi Annan a tiré sa révérence, il lègue six dossiers chauds à Ban-Ki-moon, qui ont pour noms : Iran, Liban, Côte d’Ivoire, Somalie, Darfour (Soudan) et Corée du Nord.

Mais on peut dire sans risque de se tromper qu’avec ce changement d’hommes au somment de l’ONU, il y aura forcément un changement de priorités. Car il n’est pas évident que le nouveau patron accorde la même importance que son prédécesseur à certains dossiers, même s’il les connaît bien pour les avoir vu passer dans les couloirs de la maison, où il a longuement évolué. Mais ne vendons pas trop vite la peau de l’ours et attendons de juger l’action de Ban-Ki-moon au soir de son mandat, d’ici cinq ans.

Pierre Tapsoba

L’Observateur Paalga

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