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Affaire Norbert Ongo : Une apathie préjudiciable

Publié le jeudi 14 décembre 2006 à 08h51min

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Au plus font de l’affaire Norbert ZONGO, et alors que le collectif occupait royalement la rue pour réclamer justice pour notre confrère assassiné et ce avec des slogans putschistes à la bouche, on aura noté une apathie on à tout le moins une timidité dans l’autre camp. Laquelle se révèlera préjudiciable si tant est que tout l’argumentaire juridique et judiciaire bâti depuis lors, tourne autour de la culpabilisation des autorités. Une leçon à retenir.

C’est connu, dans un système démocratique « normal », la rue ne saurait être aucunément le lieu privilégié d’interpellation de la justice quant à sa gestion de certains dossiers. Elle ne saurait être, aussi un lieu où les appels à la sédition, font florès si tant est que les mécanismes d’appropriation du pouvoir d’Etat sont clairement définis et connus de tous. Des attitudes condamnables donc, surtout lorsqu’il n’y a pas péril en la « demeure démocratique ».

Or c’était le cas le 13 décembre 1998 et aujourd’hui encore, les autorités ayant dés l’annonce de l’assassinat, dit qu’elles mettraient « tout en œuvre » pour que les coupables soient connus et punis.

Face à la bronca suscitée et alors même qu’il était mis en cause dans la rue par des vandales manipulés par des apprentis sorciers, le président du Faso avait affirmé haut et fort que ce crime ne resterait pas impuni. Bien sûr, il n’avait aucune certitude quant à l’identité des assassins sauf celle consistant à écarter « toute implication » de son frère cadet dans cet acte odieux, tel que le prétendaient les manifestants de tous poils.

Responsabilité, souci de la manifestation de la vérité et de la préservation de la maison commune, l’homme d’Etat s’était mis à la hauteur de cet évènement malheureux qui était en passe d’ébranler les fondements de la République sur la base de simples a priori et préjugés. Si le patron a su se mettre au diapason de cette tragédie, on ne peut pas en dire autant de tous les membres de la mouvance présidentielle dont certains et non des moindres avaient disparu de la circulation.

Alors donc que le Collectif « djafoulait » tout en souhaitant que les bruits de bottes se fassent entendre au Burkina Faso, la mouvance présidentielle tétanisée se contentait de traiter le dossier du bout des lèvres, à l’exception de certains « gourous » qui avaient eu « l’audace » de mettre leur camp hors de cause et appelaient les militants à répliquer au collectif « en prenant la rue en main ».

Une attitude a priori irresponsable, mais somme toute républicaine, la chute des institutions étant devenue le leitmotiv des marcheurs du collectif. Des marcheurs grisés par leur nombre et surtout par la passivité des « hommes du président » et qui étaient convaincus d’être désormais seuls au monde et bientôt maîtres du « navire » Burkina. Une parenthèse pour souligner que c’est la même méthode qui est usitée par les loubards minoritaires du FPI en Côte d’Ivoire ( appuyés par les FANCI) pour affirmer leur main mise sur le pays. Une tactique qui a marché jusqu’au mois dernier lorsque, lassés de tant d’outrecuidance, les militants de l’autre camp leur ont opposé une réplique musclée qui les a ramenés dans leur terrier pour un bout de temps.

Voilà l’attitude « saine » à avoir lorsqu’on a en face des enragés pseudo démocrates qui prétendent agir au nom de la justice. Faute de l’avoir compris ou usité à temps, voilà le camp présidentiel burkinabé contraint jusqu’à présent à crier son innocence dans un dossier où aucun élément matériel ne permet de l’incriminer. Bien sûr, certains parleront de l’intention coupable qui a pu exister en son sein par rapport à certains écrits du journaliste, mais cette argumentation ne pèse rien devant une juridiction. Qui d’entre nous n’a en effet eu d’intention coupable vis-à-vis de quelqu’un pour une raison ou une autre ?

Pour autant et même si certains sont passés à l’acte, cela ne fait pas d’eux des assassins tant qu’il n’existe pas de pièces à conviction pour établir leur culpabilité.

Or, jusqu’à présent aucun élément matériel, aucun aveu ou témoignage n’existe pour établir formellement qui a tué Norbert ZONGO. Alors, plutôt que d’aboutir à une erreur judiciaire, on comprend que la justice burkinabé ait prononcé un non-lieu jusqu’à ce qu’elle soit plus et mieux informée. Peut- être l’aurait-elle été si l’on avait empêché le collectif d’accomplir son œuvre destructrice.

Une leçon à méditer pour le futur d’autant que les apprentis putschistes n’ont pas désarmé et attendent la moindre étincelle pour rallumer le feu. Comme dirait l’autre, « la rue n’appartient à personne « et même si on ne répond pas au coup de pied de l’âne, il faut lui montrer qu’on est bel et bien le maître et qu’on entend le rester.

Par Alpha YAYA

L’Opinion

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