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ECLA, FEBAH, A BETTER LIFE BURKINA,VISION AID OVERSEAS : A quatre pour rendre la vue

Publié le jeudi 14 décembre 2006 à 07h46min

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Depuis le lundi 04 décembre 2006, il règne une animation particulière à la coordination de « l’Association être comme les autres » (ECLA) à Tampouy, secteur 20 de Ouagadougou. Dès les premières heures de la matinée, elle est prise d’assaut par des centaines de personnes qui accourent des quatre coins de la capitale.

Et les longues files humaines qui s’y forment attirent les regards des passants qui se demandent bien ce qui s’y passe. En fait, c’est l’ONG anglaise "Vision Aid Overseas" qui, pendant deux semaines, apporte sa contribution à la résolution des problèmes de vue des déshérités.

Une équipe de l’ONG anglaise Vision Aid Overseas a déposé son baluchon pour quelques jours au secteur 20 de Ouaga, en partenariat avec ECLA, la Fédération burkinabè pour la promotion des associations des personnes handicapées (FEBAH) et une autre ONG, A Better Life Burkina. Elle propose des consultations et des remises gratuites de verres correcteurs aux profit des handicapés et des plus démunis.

Ils sont donc des centaines de patients (âgés pour la plupart et souvent démunis) qui affluent depuis la semaine dernière à la coordination d’ECLA pour profiter de l’aubaine en se faisant consulter et remettre gratis pro die, comme on dit, des verres correcteurs. Parmi eux, el adj Kaboré Adama dit « Kompélé Adama » du secteur 10 de Ouagadougou que nous avons rencontré lors de notre passage mardi dernier.

D’abord, il a tenu à nous expliquer le sens de son surnom qui lui a été donné par le défunt Sankara Inoussa, et qui serait dû au fait que depuis 1957, il ne porte jamais de demi-saison : depuis cette date, il est toujours habillé en complet.

Puis, de nous confier qu’il souffre de la cataracte, et que malgré les deux opérations qu’il a subies, ses yeux continuent à lui faire atrocement mal ; aujourd’hui sa vue est des plus faibles. C’est pour cela qu’ayant été informé de la présence des Anglais en ces lieux, il ne s’est pas fait prier pour y accourir.

"On nous respecte malgré notre pauvreté"

« Et je n’ai pas été déçu ! » Nous dit-il, avant de poursuivre : « Vraiment, je remercie et je félicite les Blancs qui sont venus de si loin pour nous consulter et nous donner gratuitement des lunettes, et sauver ainsi nos vues. Que Dieu les bénisse, car il n’y a pas de meilleure aide que celle-là. Si tout le monde était aussi charitable, le monde serait meilleur.

Vous-même, regardez la longue file de gens et personne ne va débourser 5 F. Connaissez-vous beaucoup de cas comme ça, où on vous consulte et on vous donne des lunettes gratuitement, et avec le respect en plus ? Moi en tout cas je n’en connais pas.

C’est pourquoi je prie Dieu de les bénir, de bénir leur action, et de leur donner la force de pouvoir continuer pour le bonheur de nous autres qui n’avons pas les moyens ». Sankara Arouna du secteur 21 est tout aussi élogieux à l’endroit des « toubabs ».

Lui souffre de myopie. Il nous dit avoir été informé par un ami qui connaît son problème d’yeux, qu’à la coordination d’ECLA, « des Blancs sont venus, qui font des consultations gratuites et donnent aussi des verres correcteurs gratuitement ».

Alors, sans perdre le temps il est accouru. Il est encore tout retourné de l’accueil dont il a bénéficié : « On ne peut qu’être admiratif devant tant de dévouement et un tel altruisme. Tout ce que je souhaite, c’est que Dieu bénisse ces gens-là, qu’il fasse grandir leur œuvre pour qu’ils continuent à nous aider.

Ici les gens sont très pauvres et ça fait parfois pitié ; quand une aide pareille arrive, c’est vraiment un grand soulagement pour nous autres.

En tout cas, j’ai reçu des verres correcteurs, je suis très content. Je ne suis pas très cultivé, mais désormais je vais pouvoir au moins lire mes pronostics PMU’B ». A côté de lui, Sissao Adama acquiesce. C’est un agent commercial.

Il habite au secteur 29. « Mon problème, dit-il, est que je vois de loin, mais de près, j’ai des problèmes. C’est le président d’ECLA à qui j’avais posé mon problème qui m’a appelé pour m’informer qu’il y a des Anglais qui sont là et qui peuvent trouver solution à mon problème. Vraiment, je remercie ces messieurs et dames. Ils sont accueillants, très sympathiques et très respectueux des gens ».

Un engagement gratuit

Assis sur un banc, ses tout nouveaux verres correcteurs à la main, Dakissaga Ousséni, qui vient du secteur 21, tient aussi à dire son mot : "Je viens du nouveau lotissement du secteur 21 appelé Marcoussis. Je souffre de myopie. Je viens de recevoir des verres et je sens que ma vue s’est améliorée. Ces Blancs-là, ils font du travail propre et clair. Ils nous aident pour l’amour de Dieu.

L’accueil est chaleureux et on n’emmerde personne. Le travail se fait dans le respect et nous sommes très honorés. Vous-même vous voyez, ils reçoivent tout le monde sur un pied d’égalité, sans distinction. Il ne font pas de différence entre les riches et les pauvres comme s’est souvent le cas dans nos formations sanitaires ». Parmi les patients, il y a aussi des tout jeunes, des élèves.

Comme Fatoumata Tall, élève de 3e au collège privé Pierre Kula de Diébougou. Elle est myope. Elle est tout heureuse d’avoir, selon elle, bénéficié d’une bonne consultation et d’avoir reçu des verres correcteurs sans bourse délier.

« Leur travail est magnifique et ça aide beaucoup de gens » nous assure-t-elle... Selon Alexandre Tapsoba de l’ONG A Better Life Burkina, c’est au total 300 à 400 personnes qui bénéficient quotidiennement des consultations et des verres correcteurs. Et à la fin des deux semaines que va durer l’opération, ils seront environ quatre mille à avoir profité de cette action humanitaire.

Lorsque le patient arrive, il est d’abord pris en charge par des agents du CSPS du secteur 20 (district de Paul VI) qui participent à l’opération, et qui contrôlent son acuité visuelle et l’oriente ensuite vers la salle de consultation où l’attendent les optométristes de Vision Aid Overseas (ils sont neuf sur les onze membres que compte l’équipe, les deux autres étant des opticiens).

C’est après une consultation très poussée que le patient se voit offrir ses verres correcteurs. Et quand on ne trouve pas de verres pour un patient, on l’oriente vers un service de santé pour une intervention chirurgicale. Mais qu’est-ce exactement que Vision Aid Overseas ?

C’est une ONG anglaise qui vient en aide aux personnes qui ont des problèmes de vue dans le tiers-monde. Elle se charge de collecter des lunettes auprès des gens en Angleterre, pour les recycler et les envoyer à ceux qui en ont besoin.

Tout le monde y travaille, selon un membre de l’équipe, monsieur Ruhan Du Plooy, sur la base du volontariat. « Nous sommes tous des volontaires. Personne ne reçoit de l’argent. C’est vraiment un engagement gratuit », dit-il. En Afrique, Vision Aid Overseas est présent dans des pays comme le Ghana, le Malawi et l’Ethiopie.

Quant à A Better Life Burkina, c’est la représentation de la Fondation A Better Life basée à Genève avec une section en Norvège et une autre aux Etats-Unis. Comme son partenaire anglais, c’est une organisation qui travaille dans l’humanitaire, en faveur des groupes défavorisés, les handicapés et les personnes âgées, qu’elle soutient dans plusieurs domaines.

A titre d’exemple, au Burkina, A Better Life a déjà organisé des missions chirurgicales sur les becs de lièvre, les pieds- bots, le noma, etc. En plus, elle prend en charge les besoins alimentaires et médicaux des personnes âgées.

C’est un véritable partenariat quadripartite entre ECLA, la FEBAH et ces deux ONG qui a rendu possible cette opération qui prend fin le 16 décembre 2006. Une autre mission (la quatrième du genre) est annoncée pour janvier 2007.

David Songo

Observateur Paalga

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