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Me Halidou Ouédraogo : "Non, je ne suis pas passé à l’ennemi"

Publié le mercredi 13 décembre 2006 à 08h30min

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Me Halidou Ouédraogo

Halidou Ouédraogo. L’homme est resté égal à lui-même dans ses convictions les plus profondes. Ou presque, en dépit de la maladie et des vicissitudes de la vie. Le jeudi 7 décembre dernier, aux environs de 10 heures, nous étions avec lui, à son domicile de Pissy pour un entretien. Le premier accordé à la presse nationale depuis son retour de soins de l’Hexagone.

Parlant de cet homme qui ne laisse personne indifférent, bien de choses ont été dites sur ses généreux bienfaiteurs et surtout sur ses relations réelles ou supposées avec le pouvoir. Sur toutes ces questions et bien d’autres, Halidou Ouédraogo, comme à son habitude, n’y est pas allé du dos de la cuillère. Pour lui, il n’est aucunement passé à l’ennemi. Entretien.

Bonjour « prési ». Courant octobre 2006, lors du procès dit des 50 millions, vous avez déclaré que « désormais je vais mieux ». Aujourd’hui, vous êtes au mieux de votre forme ?

• Je ne suis pas au mieux de ma forme, mais je me sens beaucoup mieux.

Ça doit sans doute évoquer des souvenirs douloureux pour vous, mais rappelez-nous comment cette attaque est survenue.

• C’était un matin, j’étais allé au Palais de Justice de Ouaga pour évacuer mes dossiers. Je suis arrivé le premier, le Tribunal est arrivé également. On a commencé l’audience par mon dossier. Je l’ai plaidé, je l’ai terminé. Et j’étais en train de remettre le dossier au président du Tribunal quand, à un moment donné, mon bras est resté immobile. Je ne pouvais plus faire quoi que ce soit.

Je ne pouvais plus avancer, je ne pouvais plus reculer. J’ai demandé l’autorisation de m’asseoir, chose que l’on m’a accordée. Après, on m’a amené à la table des avocats et à l’hôpital par la suite. Ça s’est passé comme cela le 28 février (2006 NDLR).

Vous voilà donc évacué en catastrophe en France. Comment ça s’est passé là-bas ?

• Je me suis réveillé après dans l’hôpital américain de Paris . Je crois qu’on a dû m’anesthésier durant le voyage. C’était très difficile, je passais au scanner cinq fois par jour, ce qu’ils appellent des IRM (Image par résonance magnétique : NDLR), on faisait des prélèvements de sang. Je ne savais pas ce qui m’arrivait.

Je ne pouvais pas dormir. Même pour rester sur un côté du lit, c’était difficile ; je ne pouvais pas m’asseoir. Cela a duré quatre bonnes semaines. Au bout de ces 4 semaines, on m’a appris à m’asseoir un peu, mais on m’attachait à une chaise pour que je ne tombe pas, la tête en avant, comme un enfant qui apprend à s’asseoir.

Et il n’était pas question de me lever. Une semaine après, on a jugé que ça allait mieux et on m’a envoyé en rééducation au Centre Mirabeau. Là-bas, l’équipe médicale qui m’a examiné me dit qu’il n’y avait rien à faire, que j’étais complètement paralysé. On m’a amené dans ma chambre.

Cela faisait plus d’un mois que j’étais arrivé. Et miraculeusement. C’est là que j’ai eu ma première douche. Ils ont un matériel comme une chaise ouverte par le bas pour amener le patient aux toilettes et à la douche. Quand je suis revenu de la douche, j’ai levé mon pied gauche et ça a répondu. Je me suis dit "je ne suis donc pas condamné !" Ils m’ont dit que c’était bizarre.

J’ai rétorqué "non ce n’est pas bizarre, c’est comme ça". C’est ainsi que j’ai commencé à récupérer petit-à-petit. Mais ma main était toujours très lourde, elle pesait peut-être 20 kg. J’ai donc suivi la rééducation, mais je ne pouvais rester éternellement dans un centre de rééducation. J’ai demandé à regagner le pays.

Et j’ai continué la rééducation au centre animé par le (docteur Seydou Koné de la clinique des Sports à Kologh-Naba NDLR) ; vraiment je suis très satisfait, mon état s’est amélioré beaucoup avec lui, compte tenu d’un certain nombre de raisons : il y a le traitement, le soutien psychologique, il y a la famille, les gens qui me rendent visite... cela a quand même remonté mon moral. Bon ça va maintenant.

Pendant que vous étiez alité à Paris, Ouaga a beaucoup fait du bruit sur le montage, notamment financier de cette évacuation. Combien cela a-t-il coûté au finish et qui a casqué ?

• A vrai dire je n’ai pas fait les calculs, mais je sais que cela a coûté beaucoup d’argent. ll y a d’abord mon évacuation, avec l’avion médicalisé, de Genève à Ouaga, de Ouaga à Paris, avec cinq médecins ; cela a dû coûter, mais je ne sais combien !

Cela a été le fait de Georges Soros (milliardaire américain) qui a mis un certain nombre d’antennes de sa fondation en Afrique, notamment l’antenne de Dakar dont je suis membre du Conseil d’administration. C’est grâce à lui que j’ai été évacué.

Après l’hôpital américain, il fallait rentrer au Centre de rééducation, et la mission de la Fondation Soros était terminée. On m’a proposé de revenir à Dakar pour me rééduquer. J’ai dit "non !", autant m’envoyer au Burkina où il y a des centres de rééducation aussi".

Et finalement, de discussion en discussion il a été décidé de faire appel à des bonnes volontés pour m’aider. C’est là qu’est intervenu El hadj Oumarou Kanazoé. Il a pris la presque totalité de ma rééducation en charge.

Le MBDHP avait aussi collecté de l’argent, 6000 euros (environ 4 millions FCFA) et c’est ainsi que j’ai pu faire les quelques mois au Centre de rééducation. C’est sûr, ça a coûté beaucoup d’argent, et surtout qu’il y avait des examens complémentaires. Au cours de ma rééducation, j’étais tombé, j’ai perdu jusqu’à huit dents. On m’a opéré pendant 6 heures pour me mettre des implants, il faudra aller prendre les couronnes après. C’est vraiment cher, tout cela !

C’est vrai que la santé n’a pas de prix !

• Oui. C’est un miracle, je ne sais comment j’aurais fait si je n’avais pas eu ces soutiens.

Le chef de l’Etat, comme on l’a entendu, est-il personnellement intervenu d’une manière ou d’une autre ?

• A un moment, le gouvernement est intervenu ; surtout maintenant que je repars, c’est le fait du gouvernement uniquement, qui met la main au portefeuille. Je me dis que s’il n’était pas intervenu ce n’aurait pas été facile pour moi. Les ministres burkinabè, vraiment, ont été bienveillants. Au niveau du personnel soignant, le diagnostic a été bien posé.

Toujours est-il que je dois repartir pour le contrôle de la rupture d’anévrisme ; pour le contrôle du diabète, car je suis diabétique, et également pour le contrôle des yeux, parce qu’il y a eu des conséquences visuelles. A ce niveau, c’est le gouvernement qui est en train de prendre cela en charge. Il me l’a signifié, je n’ai pas les dates de mon prochain départ pour Paris, mais c’est une question de calendrier.

Y a-t-il eu quelques personnalités qui sont venues vous rendre visite à Paris ?

• Ah oui. Presque tout le pays ! Salif Diallo est venu à trois reprises, Oumarou Kanazoé est venu à deux reprises, sa fille est venue me voir également, Boureima Badini est venu, Gérard Kango, bref, je ne peux les citer tous, car beaucoup sont venus de tous les côtés. Je n’ai pas de mots, c’est Dieu seul qui peut les en remercier.

Une fois hors de danger, vous avez déclaré à notre confrère "Fasozine" avoir peur de mourir. La mort vous fait-elle autant peur ?

• J’ai toujours eu peur de mourir. Si vous fouillez bien dans votre journal, vous verrez qu’à un moment, je vous ai dit que j’ai peur de mourir. Et là, vraiment j’ai eu peur de mourir. A deux reprises, au centre Mirabeau, je ne savais pas ce que je devenais, à tel point que j’ai appelé ma belle-sœur un soir pour qu’on parle, une sorte de confession quoi ! C’est curieux comme maladie.

Vous n’avez mal nulle part et pourtant vous êtes gravement malade ! Je pense que tout peut survenir à tout moment chez un homme. Et vous avez des idées noires, vis-à-vis du personnel même qui vous soigne, car le mal vous ronge. Donc j’ai vraiment eu peur de mourir. Et j’ai peur de mourir aujourd’hui.

Vous êtes récemment passé de la magistrature au Barreau. Quelles étaient vos motivations profondes ?

• C’est une longue histoire. Je n’ai jamais eu de paix depuis que j’ai prêté serment en septembre 1979 pour rejoindre le Tribunal de Gaoua. Jusqu’à ma démission de la Magistrature, je n’ai jamais eu de paix. Vous vous rappelez, c’était à l’époque du Syndicat autonome des magistrats, que j’ai créé. C’était la course-poursuite, les deux ans et demi de clandestinité, c’était des obstacles, des dangers de toutes sortes non seulement sur ma personne, mais aussi sur ma famille. Ensuite, c’était l’affaire Norbert Zongo.

C’était très très difficile. A un moment donné, l’Etat m’a intimé l’ordre de choisir entre les associations que je dirige (Union interafricaine des droits de l’homme et MBDHP) et mon retour au Palais ! J’étais à quelque cinq ans de la retraite. Je leur ai dit, "j’ai choisi, je reste à la tête des associations que je dirige, puisque les mandats ne sont pas à terme, je préfère que vous me licenciez, mais je ne vais pas vous donner le plaisir de me licencier, car, je vous donne ma démission".

J’ai démissionné donc et comme au Barreau il y a des opportunités, et que quand vous êtes magistrat pendant dix ans vous pouvez devenir avocat pourvu que vous remplissiez quelques conditions, et acceptiez le serment de servir comme avocat au Barreau, j’ai postulé et mon dossier à été accepté. Voilà pourquoi je suis devenu avocat aujourd’hui.

N’est-ce pas aussi parce que le Barreau nourrit mieux son homme ou êtes-vous, vous Halidou Ouédraogo, au-dessus de ces considérations financières ?

• Vraiment, je ne sais pas. Il y a près de 150 avocats au Burkina, et je ne suis pas sûr que tous ces avocats s’en sortent convenablement. Mais c’est un métier libre, c’est une entreprise privée, il faut faire preuve d’esprit d’imagination, d’innovation et faire très attention dans ce métier pour s’en sortir.

Dans ce métier, vous aurez des dossiers pour lesquels vous ne prendrez pas un franc, parce quand une femme se présente devant vous et vous dit : "mon mari me bat tous les jours, il est alcoolo, je n’ai rien pour vous donner" ou bien vous avez des enfants qui subissent le même sort, vous ne pouvez rien prendre.

Non seulement, c’est un dossier dangereux qui touche à la vie privée, mais aussi ce n’est pas une affaire qui nourrit son homme, car vous ne percevez aucun kopeck. Il y a des pays où pour divorcer, les parties mettent à votre disposition un million. Mais ici on ne peut pas faire ça.

En tout cas, chez moi, je ne le fais pas. Il y a aussi de bons dossiers où tu peux te retrouver très riche sans trop de peine, pourvu que ça aille. Au nombre de ces dossiers, vous avez les dossiers sur les entreprises, les institutions, etc. Si vous avez des conventions avec cinq ou dix institutions, vous vivrez bien, vous payerez votre personnel, etc.

Dans mon cas, il y a l’impondérable qu’est l’imprévu, j’ai ouvert mon cabinet et je suis tombé malade peu après. Il faut que j’attende de guérir pour espérer reprendre, mais pour combien de temps. C’est un métier passionnant, mais très difficile.

En tout cas, vous êtes devenu l’avocat d’Oumarou Kanazoé, l’un de ceux que le Collectif a traînés dans la boue au plus fort de la crise Norbert. On pouvait vous attendre partout sauf là-bas.

• Il ne faut pas confondre les choses. C’est vrai que cela a fait des gorges chaudes. Rappelez-vous une chose. D’abord il y a les principes. Quand vous prêtez serment de servir comme avocat, vous prêtez serment de défendre quiconque vous sollicite et dans 90% des cas, vous défendez quiconque vous sollicite. Le médecin, quand il vous reçoit, il ne vous dit pas : "si vous êtes du parti opposé au mien, je ne vous soigne pas" ; le militaire ne prend pas son fusil pour fusiller son voisin parce qu’ils ne s’entendent pas, il a le fusil pour défendre la république.

Vous voyez, l’avocat, c’est pareil. Pour mon histoire avec Kanazoé, il faut dire d’abord que Kanazoé et ma famille, c’est une longue tradition. Kanazoé vient de l’ancien Yatenga, il connaît tous nos parents, il connaît les parents de tous ceux qui sont à la tête de l’Etat aujourd’hui et du gouvernement.

Ils ont été camarades. Nous avons eu l’occasion de le voir comme nous avons vu des gens comme Bougourawa Ouédraogo, Gérard Ouédraogo, etc. On savait que c’était un homme d’affaires ; ce sont des liens que vous ne pouvez pas défaire. Vous vous rappelez aussi qu’il y a eu la médiation entre les ex-travailleurs d’Oumarou Kanazoé et l’entreprise OK sous l’égide du MBDHP ; cela a duré presque un an. J’ai connu l’homme. Parfois même quand ça ne marchait pas, il venait lui-même nous dire : "allez-y, je cède sur ce point". La colère n’est pas bonne, disait-il.

Il faut essayer toujours d’arranger les choses. Je le dis parce que ce sont des choses qui m’ont facilité le travail. Et des dossiers qui ont traîné à la justice pendant 17 ans ont été résolus, à 90%. Il y en a qui ne sont pas contents bien entendu, mais ce dossier est réglé. Vous posez vos problèmes et si vous n’êtes pas content, vous repartez à la justice.

Je me suis interdit d’interférer dans les dossiers qui sont pendants devant la justice. Et ça a été clair, ça faisait partie du protocole d’accord, de la méthodologie ; nous avons écarté donc tous les dossiers pendants devant la justice. C’était des dossiers que les travailleurs ont retirés et sur lesquels nous avons travaillé avec le ministre également (actuellement en soin en France) qui nous avait affecté deux inspecteurs du travail, un n’était pas disponible, mais l’autre, Ouédraogo Boukary, qui était parti à la retraite, était ponctuel. Et Kanazoé avait également sollicité les services de quelques inspecteurs du travail.

Il y avait les comités d’entreprises qui étaient dans le Syndicat des travailleurs du bâtiment et des travaux publics, il y avait son personnel et le MBDHP qui présidait la médiation. Cahin-caha nous sommes arrivés à un protocole d’accord puis j’ai livré ce rapport général, étape après étape, même à la presse. Ça a été discuté avec les travailleurs et ça porte la signature de leur syndicat. Le travail a plu certainement à l’intéressé.

C’est à partir de là que je suis devenu son conseil. Je ne peux pas dire : "Comme je suis du Collectif, comme c’est Kanazoé qui me sollicite, je refuse". Non. Ce que je vous ai dit montre que je ne suis pas comme ça. Je suis un homme loyal, un homme de vérité, fidèle en amitié, un homme constant dans les prises de position. Que mes positions plaisent ou ne plaisent pas, je tiens compte de l’humeur des uns et des autres.

Mais quand ce sont des choses normatiques, quand on entre dans le domaine du droit, je pense que je suis un juriste. Je suis l’un des juristes les plus en vue de ce pays, nous avons écrit la Constitution, nous avons fait beaucoup de choses, donc cela ne n’empêche pas de dire la vérité, d’affirmer certaines choses. C’est pourquoi je suis devenu son avocat. Au demeurant, je ne m’en gêne pas du tout. J’ai trouvé des confrères avec lui, ils y sont toujours, je me suis ajouté à eux, c’est tout !

Un avocat est certes susceptible de défendre toutes les causes, mais il peut aussi se déporter pour des raisons qui lui sont propres. Autrement dit, vous n’étiez pas obligé d’être l’avocat d’O.K.

• Vous savez, ce monsieur, il a soutenu à bras-le-corps toutes les républiques passées, parce qu’il avait les moyens ; il les connaissait, il a vécu à côté de tous ces hommes. Kanazoé a dû soutenir un tel dans sa campagne de députation, un tel pour devenir chef de l’Etat.

Et ce n’est pas parce que je suis son avocat que je soutiens le pouvoir. Non, ce n’est pas le cas. Dans ma vie (j’ai 61 ans), j’ai voté une seule fois et je l’ai déjà dit. J’ai voté seulement la Constitution de 1991. Le reste, je ne m’y suis pas intéressé parce que je ne trouve pas mon compte dedans. Dire "parce que je suis l’avocat de Kanazoé je soutiens le pouvoir", c’est osé. Mais comme c’est Halidou...

Certains, même parmi vos camarades du Collectif, disent pourtant que vous avez trahi, que vous êtes passé à l’ennemi.

• Les gens sont libres de dire ce qu’ils pensent, mais moi je me connais. En quoi je trahis ? Pendant huit ans, nous avons marché ici, et il n’y a pas eu une marche où j’étais absent ! On pouvait tirer sur nous et il y a des responsables qui avaient peur de se mêler à nous. Cette année, je ne peux pas, je suis très handicapé, mais le Collectif continue. Et je le soutiens.

Et ceux qui disent que j’ai trahi mes convictions, il faut voir de tous les côtés. Il y a le nomadisme politique, côté officiel et de l’autre, le comportement des uns et des autres. On a toujours reproché à Halidou ceci, et c’est Halidou qui a toujours été à un doigt d’être sous terre. Nous ne sommes pas dix à avoir fait la clandestiné ici au Burkina deux ans et demi durant, mais nous avons dit la vérité au CNR (NDLR : Conseil national de la révolution), nous avons dit la vérité à l’ODP/MT, au CDP, aux autres partis politiques. Nous n’en sommes pas peu fiers.

Etes-vous toujours président du Collectif ?

• Oui, je suis toujours président du Collectif. Mais avec mon état actuel, le Collectif s’organise comme il peut pour faire son travail. Je crois qu’il faut avoir la modestie de laisser la place dans ce cas aux uns et aux autres pour continuer le travail.

Me, quand la polémique sur la candidature de Blaise Compaoré faisait rage, vous avez déclaré au grand dam de vos camarades que, juridiquement, il pouvait se présenter. Puis vous êtes devenu avocat d’OK qui ne fait plus mystère de son appartenance au CDP. Reconnaissez que ça confine au suicide politique.

• Pas du tout, pas du tout. J’ai signé la pétition du MBDHP pour les candidatures indépendantes, je peux faire autre chose de plus. Non, ce n’est pas un suicide politique. Si je me lance dans la politique aujourd’hui, je serai député au moins de chez moi au Yatenga, ou conseiller municipal de Ouagadougou.

J’ai conscience que les gens m’estiment assez pour ne pas me laisser tomber ainsi. Le problème de la candidature de Blaise Compaoré, c’était une fausse querelle. Est-ce parce que j’ai dit qu’il pouvait se présenter, que je l’ai intronisé président ? C’est accorder beaucoup d’importance à ce que j’ai dit.

L’opposition est allée à l’élection en rangs dispersés (paix à l’âme de Ki-Zerbo), à l’époque j’ai osé dire que si elle veut battre Blaise Compaoré, ils n’avaient qu’à choisir une candidature unique et je suis même allé plus loin en leur proposant la candidature du professeur Joseph K-Zerbo. On a dû me prendre pour un rigolot à l’époque. Je sais que l’opposition a des difficultés à s’unir, mais enfin !

Je profite d’ailleurs de votre journal pour rendre hommage à cette étoile qui a brillé au firmament des dignes fils de l’Afrique et qui vient de tomber. Ki-Zerbo nous a enseigné beaucoup de choses ; il nous a enseigné la dignité, le courage comme disait sa femme.

Il aurait suffit de peu pour que l’opposition mesure sa force si on l’avait désigné comme candidat unique contre Blaise ; la campagne aurait ainsi changé de ton. Mais si chacun se lève et prend sa mobylette et va en campagne, ou change de parti, c’est l’éternelle divagation.

Le 20 octobre dernier, Robert Ménard a apporté à Ouaga ce qu’il considérait comme des charges nouvelles pour la réouverture du dossier Norbert. Les considérez-vous comme telles ?

• Je reviens à la profession judiciaire pour dire que c’est dans la tradition française, que nous avons été moulés ; le juge d’instruction est l’une des personnalités les plus puissantes du pays, il obéit à son intime conviction et à la loi. Il peut effectivement prendre la décision de non-lieu comme cela a été le cas. Il revient aux autres de contester en amenant des éléments. Vous avez rencontré le Procureur général, avant-hier (NDLR : l’entretien a eu lieu le jeudi 07 novembre dernier), il a répondu en partie à ces questions.

Ce que je veux dire, pour répondre précisément à votre interrogation, c’est que je soutiens le travail de la commission d’enquête indépendante présidée par le juge Kassoum Kambou. Nous nous sommes battus pour que Robert Ménard ne soit pas expulsé ; nous nous sommes battus pour qu’il revienne ici, et il revient souvent ; nous nous sommes battus pour qu’il signe le rapport et il l’a signé. Et le rapport a été remis officiellement, les médias en ont fait écho. Il faut faire une différence entre son classement sans suite, le non-lieu donné et le contenu du rapport.

Nous avons suivi ce dossier jour après jour et à ma connaissance, el hadj Oumarou Kanazoé a été bel et bien entendu ; François Compaoré, je ne me rappelle pas, mais je crois que lui aussi a été entendu. Si on veut chercher la vérité, il faut que nous nous battions pour que le dossier Norbert Zongo soit imprescriptible, ouvert, parce que ce genre de dossier ne peut pas être prescrit, rangé dans un tiroir. Il faut travailler à chercher les auteurs de ce forfait. Moi, ça ne me surprend pas, le parquet a donné une réponse verbale, et on a appris qu’on prépare tout ça par écrit ; il faut qu’on suive et qu’on voit où ça mène

Votre client Kanazoé a été cité dans le pavé de Ménard. Que pouvez-vous dire pour sa défense ?

• Il a été cité comme n’ayant pas été interrogé, or il a été interrogé. Il n’y a pas de problème, tout interrogatoire ne débouche pas forcément sur une inculpation. Je ne vais pas faire le procès du dossier Norbert Zongo, parce qu’il est très lourd, il y a beaucoup de méandres dedans.

Vous avez croisé la parole avec votre confrère Me Sankara dans le procès dit des 50 millions. A cette occasion, il a notamment demandé au convalescent que vous êtes de vous tenir debout comme tout le monde. Comment l’avez-vous pris ?

• J’en ai été écœuré. A la suspension, je l’ai d’ailleurs appelé et je lui ai dit que venant de lui, il m’étonnait, il m’a rétorqué qu’il refuse de recevoir la morale venant de moi et que c’est le droit, qu’il faut aller jusqu’au bout. J’ai répliqué : mais tu veux qu’on me prenne sur une civière. Le droit ! Quand j’étais le président de la Cour d’appel de Ouagadougou, tu entrais à l’époque à l’université. En ce moment il n’y avait pas de Barreau, je faisais office de bâtonnier ! Avec le procureur général !

C’est maître Dabiré, Pacéré Titinga et moi qui avons commencé à travailler aux textes sur le Barreau. Et j’ai été magistrat pendant 28 ans. J’ai reçu des avocats ; j’ai rendu justice et je n’oublie jamais qu’un avocat est un demandeur, c’est le tribunal qui a le dernier mot, qui dit : "Vous avez tort, ou vous avez raison".

Ce jour-là à l’audience, j’ai dit à maître Sankara "Vous n’avez pas la police de l’audience, vous vous croyez au-dessus du Tribunal, le président du Tribunal ne m’a pas fait cette remarque, mais par respect pour le Tribunal, comme je ne suis pas mort, je me lèverai autant que je peux pour poser mes questions, et même si nous restons ici jusqu’à demain, je plaiderai le droit devant vous". Je n’étais pas content du tout de cette attitude de Me Bénéwendé Sankara.

Est-ce à dire que vos relations se sont détériorées ?

• Je ne le crois pas, c’est trop dire que de l’affirmer. Dans la vie il y a toujours des faux pas. Je mets ça sur ce compte-là. On avait de très bonnes relations. Et c’est un jeune homme que j’admirais, que je citais en exemple parmi les avocats les plus probes. J’échangeais souvent avec lui. Il m’appelait à Paris quand j’étais malade, il ma rendu visite ici à deux reprises. On ne peut pas dire qu’un tel monsieur vous veut du mal.

Il y a quelque chose qui a cloché. Il n’a pas apprécié peut-être ma position d’avocat à côté de l’autre partie (NDLR). Mais il n’a pas le droit de ne pas l’apprécier. Je suis responsable de mon cabinet et je défends qui je veux. Ça, c’est une liberté fondamentale. Et je suis très content d’avoir gagné ce procès avec mes deux collègues. C’est très simple. Je ne suis pas le genre d’avocat qui vient en foutre plein la vue au tribunal.

Quand on t’a vu prendre quelque chose, tu ne viens pas dire que tu n’as pas pris. Tu dis : nous avons pris, nous demandons la clémence du Tribunal. Et nous expliquons pourquoi nous avons pris. Je ne dis pas que je n’ai pas pris et que c’est ceci, c’est cela. Non. Ça, c’est dépasser cette plaidoierie. Les jeux de manche, les avocats tout-puissants là, ça c’est terminé. Je l’ai toujours dit quand j’étais magistrat, que je n’entrerai pas dans ce jeu lors de ces procès, j’avais étudié mes dossiers et je savais ce qu’il y avait dedans.

Vous avez, dans une autre vie, été proche du président Compaoré. Est-il possible que vous vous rapprochiez encore un jour ?

• Pourquoi pas, c’est un citoyen. Vous avez connu le Conseil national de la révolution (CNR). Il y a beaucoup du CNR qui veulent donner des leçons aujourd’hui, et moi, je refuse ces leçons-là. Il n’y a pas une famille où il n’y a pas eu de drame à cause du CNR. Je n’ai jamais dit de liquider quelqu’un ; je n’ai jamais dit de fusiller quelqu’un, je n’ai jamais dit de faire un simulacre de procès de quelqu’un, je n’ai jamais non plus dit de radier quelqu’un et je n’ai jamais dit de confisquer la maison de quelqu’un !

Blaise Compaoré a fait partie de cette équipe, voilà ! J’ai fait partie de cette équipe aussi, mais j’avais de très bons rapports avec le vieux Sankara, paix à son âme. Quand j’avais l’occasion de discuter avec lui, je le faisais. Lors de la perte de son épouse, il m’a fait l’amitié filiale de me dire de venir m’asseoir à sa droite. J’en étais fier et content.

La politique, c’est comme ça, mais nous devons seulement changer de méthodes et jouer la carte de la démocratie. Au nom de cela, pourquoi pas un jour... Moi, je veux la vérité et la justice. Je veux qu’il pèse de son autorité, qu’on ait la vérité et la justice dans ce pays. Et il peut le faire.

Il semble que vous préféreriez voir Blaise au pouvoir plutôt que des opposants tels Hermann ou Me Sankara, est -ce que c’est vrai ?

• J’ai appris ça aussi. Vous savez, Me Hermann, je le considère comme un ami ou un camarade. Nous avons passé le Bac A ensemble, au lycée Philippe Zinda Kaboré, en 1968. Je crois qu’il était détenu à la maison d’arrêt et de correction, on l’amenait, on le démenottait et il composait.

Ce monsieur-là, je ne pouvais avoir que du respect pour lui. Si Me Hermann Yaméogo n’avait pas quitté le Collectif à un certain moment (ce n’est pas nous qui l’avons fait partir du Collectif, ce sont les partis politiques qui lui ont fait quitter le Collectif), il aurait peut-être été ce candidat unique dont je parle, et on l’aurait voté.

Mais en politique, il ne faut pas exiger des citoyens ce que vous ne pouvez pas leur donner, surtout s’il s’agit de choses simples. On ne fait pas la politique sans un programme. On ne fait pas la politique sans dire ce qu’on veut faire. On ne fait pas la politique en nomadisant, en cassant, en reconstruisant. Hermann, peut, peut-être être président de la république un jour. Maître Sankara croit son heure arrivée.

Il a été second à l’élection présidentielle passée, il peut être président du Faso un jour. Aujourd’hui, Blaise est le président, il faut reconnaître qu’il est le président et le charger de tous les péchés d’Israèl et exiger de lui de conduire notre peuple dans la droiture dans le respect de la Constitution, de la démocratie. Mais si cela doit être comme au temps du CNR-là, moi je ne voterai pas un comme ça.

Non, non. Si tu ne fais pas amende honorable et que tu a été mêlé à la politique du Conseil national de la révolution, et que tu m’a traqué, tu as détruit ma carrière, tu as traumatisé ma famille...je ne te voterai pas. Et donc quand ils disent que je préfère voir Blaise au pouvoir plutôt qu’Hermann, c’est faux.

Etes-vous de ceux qui pensaient, quelques semaines après le 13-Décembre, que le fruit était mûr et que le pouvoir ne tarderait pas à tomber ?

• C’est vrai qu’on nous a reproché de vouloir chasser Blaise, Tolé Sagnon et moi. Je ne suis pas allé dans le Collectif pour travailler à la chute de Blaise. Non. Le Collectif n’est pas un parti politique.

C’est un conglomérat d’associations non gouvernementales, de partis politiques, qui visent à créer des espaces de liberté, pour que les politiques puissent évoluer sans être inquiétés. En l’occurrence, le Collectif avait trois points à l’ordre du jour et a toujours trois points et ce sont ces points qui sont toujours valables, même jusqu’à demain.

C’est primo, travailler à l’indépendance de la Justice, lutter contre l’impunité, et notamment faire la lumière sur l’affaire Norbert Zongo ; deuxio, faire respecter les droits de l’homme. Tertio, faire des réformes institutionnelles en faveur de tous les intéressés. Voilà notre programme. Et en dehors de cela, nulle part ailleurs on ne voit "travailler à renverser Blaise", ce n’est pas le programme du Collectif ça. Ce sont d’autres programmes.

Puisque les partis politiques ont opté d’aller aux urnes, qu’ils se donnent des programmes qui convainquent les gens, et qu’ils fassent leur propre politique, sinon nous allons tous faire la politique.

Si on vous demandait d’énumérer les erreurs principales que le Collectif a commises depuis le début de sa lutte, quelles seraient-elles ? A moins que vous n’en ayez pas faites.

• Une des erreurs qui a été imputable un peu au Collectif, de mon point de vue, a été la rupture du dialogue entre le pouvoir et nous. Vous savez, on avait rencontré le pouvoir, qui nous a dit de fixer une date, le 2 juin. Et on nous a fait savoir entre- temps qu’on n’allait plus rencontrer le gouvernement, mais qu’on allait rencontrer Ram Ouédraogo (NDLR : à l’époque ministre d’Etat sans portefeuille) et nous avons refusé.

Le pouvoir, le jour de la rencontre, a amené les anciens présidents, des ministres et montrer les chaises vides que nous avons laissées. Je pense qu’une de nos erreurs a été cela. On aurait dû aller et continuer la discussion puisqu’àprès, les gens l’ont fait.

Aujourd’hui, vous avez bien des groupes qui dialoguent avec le pouvoir. On avait à l’époque un groupe puissant capable de faire fléchir le pouvoir. Le Collectif, comme disait le regretté Ki-Zerbo, s’il n’existait pas, il aurait fallut le créer. Mais le Collectif a eu beaucoup de problèmes à chaque manifestation, il fallait se cotiser. Et il fut un moment où les gens ne pouvait plus débourser un kopeck. Ce ne sont que quelques organisations qui endossent le coup financier des manifestations. C’était difficile.

Parlant de l’affaire Norbert Zongo, avec le recul, êtes-vous toujours aussi sûr comme 2 et 2 font 4 que le coup a été fait par les 6 suspects sérieux ou vous est-il déjà arrivé d’avoir des doutes ?

• Ah oui. Et ça plus que jamais. C’est un crime d’Etat, quelles que soient les contorsions. Rappelez-vous que nous-mêmes avons ouvert une commission d’enquête internationale à l’époque. Et nous avons déposé notre travail en mars. Le président Kassoum Kambou qui dirigeait l’autre commission officielle a déposé son rapport peu de temps après.

Nous avons abouti aux mêmes conclusions : c’est un crime d’Etat qui a été commis par des hommes en armes, donc il faut chercher dans cette direction. Je le pense toujours, beaucoup de chose ont circulé mais on n’a pas pris cela en compte, c’était dur. Vous ne pouviez même pas bouger de chez vous sans être suivi. Votre téléphone est toujours sur écoute. On peut même vous localiser dans vos déplacements. Ça c’est la police de proximité du ministre Djibril Bassolé. Il le faisait vraiment pour certains. Nous particulièrement nous avons subi ces choses-là.

Quels enseignements avez-vous tirés de votre récente épreuve ?

• Le principal enseignement que j’en tire c’est d’éviter de jeter l’anathème sur des gens ; des anathèmes hasardeux ; et de continuer comme je le pense, à faire confiance à tout le monde ; de juger les gens à leur comportement et non pas à leur discours, parce qu’aujourd’hui au Burkina Faso, nous avons beaucoup d’intellectuels, beaucoup de gens qui peuvent faire de jolis discours, mais à la pratique, rien du tout.

Le principal enseignement que j’en tire donc, c’est de faire confiance à tout le monde. Et j’ai eu raison, parce que j’ai vu tout le monde à mon chevet. Même des gens à qui je ne pensais pas pouvoir parler, sont venus me voir. Cela me rappelle le décès de ma mère. A la mort de ma mère, des militants CDP sont venus s’incliner sur sa tombe et demander pardon. Je leur ai dit : vous êtes pardonnés, c’est aussi votre mère. Ces militants-là m’avaient arrêté et amené à la permanence CDR du secteur 9, c’était des responsables. Il faut faire confiance en l’homme.

Compte tenu de votre état, vous devez avoir une alimentation particulière.

• En principe je dois avoir une alimentation particulière, mais j’avais perdu 17 kg, au plus fort de ma crise. A chaque repas, il faut que je puisse manger au moins un bol de tout ce que je veux selon le médecin ; il a supprimé tout régime anti-diabétique, il a dit qu’il faut que je récupère, que je reprenne du poids et il traitera le diabète". A l’époque, je ne pouvais même pas manger. Dès que je buvais un verre d’eau, je rendais.

Et grâce à ses soins et à ceux des autres, ils ont pu me sortir de là. Actuellement, je mange non seulement ce que je veux, mais ils ont trouvé le médicament qui me convient, mon taux de sucre est très équilibré. Et c’est comme si je n’étais pas malade du diabète, mais parfois je sens des faiblesses inexpliquées. Je dois avoir un régime particulier, pas lié à la rupture d’anévrisme, mais au diabète. Je dois faire attention à ne pas prendre beaucoup de poids.

Combien de temps vous prennent vos séances pratiques de rééducation ?

• Je fais la rééducation au Centre animé par le colonel Seydou Koné ; il est très bien, cela me prend 3 heures tous les jours, dans l’après-midi, sauf les samedis et les dimanches.

Je peux marcher avec ma béquille de chez moi jusqu’au goudron, à la SONABHY, s’il n’y a pas de vent et de poussière. Je fais une certaine distance sans ma canne et le reste avec ma canne, donc ça s’améliore quand même. Et je reste confiant.

Que pensez-vous présentement de la presse burkinabè ?

• Je continue de voir que vous faites beaucoup de séminaires. J’ai lu l’autre jour que vous avez constitué une fédération de centre africain de presse. Je demande aux journalistes burkinabè de faire moins d’autocensure. On ne demande pas qu’on encense les gens, on leur demande seulement une petite complicité. On est d’accord qu’on est tous sous la même loi.

Mais comme je le dis, ce n’est pas facile. Il ne faut pas juger les gens, on ne sait pas toujours ce qui se passe. Mais de façon générale, ça va au niveau de la presse burkinabè.

Est-ce vrai que bientôt vous allez abandonner la direction de l’UIDH ?

• Bientôt on a le congrès de l’UIDH ; n’eût été ma maladie, on l’aurait tenu en novembre dernier, et j’aurais passé la main à quelqu’un d’autre. Dès que je me rétablis, d’ici la fin de l’année ou dans les premiers mois de l’année suivante, l’UIDH changera de main.

Et le MBDHP ?

• Au MBDHP aussi c’est possible. Parce que je ne suis pas au top de mes capacités, et je souhaiterais en être déchargé..

Ne risque-t-on pas de perdre le siège de l’UIDH si on change de main, et ce n’est pas un Burkinabè qui vous remplace ?

• Tout à fait. Ça je l’ai dit. L’heure des responsabilités est arrivée. Vous savez, l’UIDH a fait tellement de choses... Nous avons pu faire libérer Laurent Gbagbo, Guillaume Soro et 300 étudiants en 1993 en Côte d’Ivoire ; on a pu faire libérer Abdoulaye Wade et Landing Savané en 1995, etc.

Et nous avons été les premiers à déceler le génocide qui se préparait au Rwanda, à partir d’un mini-génocide en 1992. Nous avons été commis souvent par la commission africaine des droits de l’homme et des peuples pour faire un travail. On a contribué au règlement de la question touareg, de la question togolaise également ; le premier rapport est parti de l’UIDH. En janvier 1992, je me suis rendu à Lomé et j’ai continué au Rwanda. Ça c’est terminé par Lomé I ; Lomé II.

Aujourd’hui ils sont revenus ici. L’IUDH est un instrument qui peut être viable, à condition que tout le monde se l’approprie. Mais on n’a pas beaucoup de moyens, donc si le futur président est du Tchad ou d’un autre pays d’Afrique, c’est sûr qu’il ne peut pas venir ici assez souvent ; il va donc travailler à amener le siège au Tchad par ailleurs. Or il y a beaucoup de candidats : les Sénégalais sont partants, les Maliens aussi, et je crois même que les Nigériens sont partants. Moi j’aurai apporté ma contribution à cet outil.

Vous a-t-on délivré maintenant un passeport diplomatique ?

• Non. J’ai un passeport ordinaire. Il est très simple et pratique. Aujourd’hui si vous arrivez dans certains pays avec un passeport diplomatique, on ne sait pas ce que c’est. Moi, je ne voyage pas d’habitude avec beaucoup de bagages ; dès que je descends de l’avion je prends mon sac et je vais à l’hôtel.

Mais c’est frustrant les raisons qui ont conduit au retrait de mon passeport diplomatique. Tout ça parce que j’ai lutté contre l’impunité.

Moi Halidou je reste inconsolable après la disparition du professeur Joseph Ki-Zerbo (silence). Je suis aussi content d’avoir pu me livrer à votre journal. Vous savez, ici, dans le temps, vous ne pouviez pas parler dans un journal. Je voudrais dire que les libertés démocratiques n’ont pas toujours existé.

Entretien réalisé par Boureima Diallo & Agnan Kayorgo

L’observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 13 décembre 2006 à 20:02 En réponse à : > Ce voyou de "lénine noir" de Me Bénéwendé Stanislas SANKARA

    A Maître Halidou OUEDRAOGO,

    Mon cher Cher Confrère,
    Tu es resté fidèle et égal à toi-même. J’ai apprécié avec beaucoup d’émotion cette interview que je trouve, personnellement formidable.
    Quant à l’attitude de notre Confrère, Bénéwendé Stanislas SANKARA à ton égard à l’audience, je trouve ceci indigne de quelqu’un que l’on tente vainement de présenter comme le cheval blanc de la probité. Son comportement à ton égard est tout simplement une honte pour notre profession. Dire que tu as une lueur d’espoir qu’il soit, un jour, Président du Faso. C’est impossible, à moins qu’il ne change de comportement. Ce fou furieux ne mérite même pas d’être à la tête des sankaristes. il n’a aucune retenue et j’espère qu’il vous a présenté ses excuses après ses "chieries" à l’audience. On n’a pas le droit de se moquer du handicap d’un prochain et encore moins d’un confrère. Pour qui se prend-il, ce lénine noir, à la barbichette de voyou ? En somme, et pour occulter complètement ce fou furieux, je suis content de savoir que tu te rétablis tout doucement et que ta position, qui n’a pas changé reste celle de la tolérance et de l’amour d’autrui.

    • Le 14 décembre 2006 à 06:59, par drissa En réponse à : > Ce voyou de "lénine noir" de Me Bénéwendé Stanislas SANKARA

      Toi je pense plutot que tu es venu ici pour regler tes comptes avec Me Benewendé Sankara ! Tu te mets à l’insulter comme s’il était un vulguaire voyou. Ce queMe Sankara a dit au tribunal à Me Halidou n’est en réalité qu’un prétexte pour toi pour vilipender Me Sankara et tu sembles tout simplement être jaloux de lui. Pour un juriste, tu devrais savoir que ce genre d’attaque, ce genre de provocation comme l’a fait Me Sankara, ne sont que des tactiques, des stratégies pour atteindre l’adversaire. J’ignore dans quel pays tu es, mais tu devrais visiter les palais de justice dans les pays développés (ou a tout le moins suivre des émission comme le feuilleton américain La Firme de Boston) et tu verrais que ce genre de coup bas sont très fréquents ! D’ailleurs Me Halidou n’a t il pas dit que Me Sankara était en contact avec lui quant il était malade ? Mieux, relis bien comme il faut la réponse de Me Halidou et tu verras qu’il ne tiend aucune rigueur majeur envers Me Sankara meme s’il dit les avoir regretté.
      Mais je pense que tu le sais très bien, raison pour laquelle je demeure convaincu que c’est par pure jalousie que tu t en prends ici à Me Sankara !
      Alors si tu as quelque chose contre lui, va donc l’affronter publiquement plutot que de venir te cacher anonyment pour le dénigrer et l’insulter comme s’il était un vulgaure malfrat !

      • Le 14 décembre 2006 à 23:08 En réponse à : > Ce voyou de "lénine noir" de Me Bénéwendé Stanislas SANKARA

        Vous ferez mieux de prodiguer vos précieux conseils à Me Bénéwendé Stanislas SANKARA qui m’a, personnellement déçu en cette circonstance particulière. Celui-ci doit suivre l’exemple de notre Confrère, Halidou OUEDRAOGO qui lui a pardonné ses offenses, inadmissibles, dans nos sociétés. Ne serait-ce que le droit d’aînesse lui obligeait à une courtisie et une fraternité minimales. La tactique et autres stratégies que vous évoquez pour purifier l’acte ignoble et éhonté de ce Confrère prouve si besoin en était, que vous n’êtes pas un habitué des prétoires, mais au contraire, un vulgaire chanteur des louanges de votre prétendue idole. Votre éducation de base fait également défaut et laisse à désirer, compte tenu de votre prise de position, également éhonté et partisane. Dire que je suis jaloux de Me Bénéwendé Stanislas SANKARA me fait, tout simplement, sourire tranquillement et je préfère davantage rester dans l’anonymat pour mieux me moquer de ce jeune homme et de son accolyte que, pour rien au monde, je n’envierai. Parole de burkinabé. Et je suis sincère. Merde !

        • Le 16 décembre 2006 à 18:09, par drissa En réponse à : > Ce voyou de "lénine noir" de Me Bénéwendé Stanislas SANKARA

          Il est tout a fait normal que vous essayer de vous débattre comme un beau diable pour essayer de masquer vos réels intentions lugubres qui démontrent tout simplement une jalousie envers Me Sankara. Les autres lecteurs apprécieront.

          • Le 18 décembre 2006 à 21:55 En réponse à : > Ce voyou de "lénine noir" de Me Bénéwendé Stanislas SANKARA

            Mais Drissa,
            Savez-vous que je suis un ami personnel de Me Bénéwendé SANKARA, qui a fait la faculté de Droit à Ouaga avec moi et qui m’apprécie encore à l’heure actuelle ?
            Votre réaction, en prenant les lecteurs à témoin, démontre que vous êtes dans l’incapacité absolue de soutenir votre propre argumentaire. Ce que je déplore en ce comportement particulièrement obsène de Me SANKARA pour cette circonstance doit être ressenti par l’intéressé lui-même. sauf si, entre temps, il a mué. Je regrette véritablement qu’il ne maîtrise davantage ses pulsions et ses réactions épidermiques pour se présenter sous son beau jour comme une alternance sérieuse.
            Dire que je suis jaloux de lui, prouve, si besoin en était, que vous ne me connaissez pas et je préfère rester dans cet anonymat dans l’affrontement des seules idées au lieu de faire la connaissance d’un individu aussi malveillant comme vous qui refuse de voir la réalité en face. On ne peut tolérer cette attitude : se moquer du handicap des autres. Ange, France

            • Le 21 décembre 2006 à 03:27, par drissa En réponse à : > Ce voyou de "lénine noir" de Me Bénéwendé Stanislas SANKARA

              Je doute fort que Me Sankara vous apprécie à nouveau si jamais il était au courant des insultes gratuites distillées sur son compte par vous ! Finalement vous êtes également un hypocrite puisque de toute évidence vous lui sourrirez jusqu’aux oreilles lorsque vous le rencontrerez et venez le vilipender sur internet. Je comprends que vous veuillez garder l’anonymat. En tout cas avec des amis des comme vous, Me Bénéwendé Sankara n’a point besoin d’énemis ! C’est ignoble comme attitude tout simplement

              • Le 22 décembre 2006 à 21:11 En réponse à : > Ce voyou de "lénine noir" de Me Bénéwendé Stanislas SANKARA

                Vous êtes simplement un sale type, indigne de notre burkina Faso. vous faites partie des espèces de maîtres chanteurs qui refusent de voir la réalité et de dire la vérité à Bénéwendé. Répondez à cette question : est-il normal qu’on se moque du handicap d’autrui, et ce, quelles que soient les circonstances ? Notre différend se situe là. La réponse à apporter à cette question me permettra de savoir si vous méritez encore que je vous adresse un écrit. Je souhaite que vous vous ressaisissiez et éviter les attaques basses comme le fait mon ami Bénéwendé SANKARA qu’a rien compris à la politique. Je peux critiquer sa pensée politique et demeuré son ami. C’est ce que la majorité des gens tarés comme vous n’a pas compris à la politique. L’adversité n’est pas le sentiment de haine d’un ennemi. je vous emmerde ! profond.

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