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Augusto Pinochet : Même mort, pas de pardon

Publié le mardi 12 décembre 2006 à 07h00min

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La disparition de Augusto Pinochet n’est pas venue au bout de la rancour d’une grande partie de ses compatriotes. Santiago et d’autres villes du Chili ont connu des moments de liesse à l’annonce du décès de celui qui a régné sans partage sur ce pays de l’Amérique Latine de 1973 à 1991.

disparition du dictateur chilien, Augusto Pinochet, dimanche 10 décembre 2006 a suscité une grande joie dans son pays. Même décédé, celui qui a dirigé le Chili de 1973 à 1991 n’a pas bénéficié du pardon d’une grande partie de ses compatriotes. Il n’a pas eu droit à des funérailles nationales. Seule l’armée dont il a été le commandant en chef va lui rendre un hommage, loin des regards, dans une caserne.

Le nom de Augusto Pinochet reste intimement lié à une des périodes les plus sombres de l’histoire du Chili. Un jour de septembre 1973, le monde entier suit avec stupeur le sanglant coup d’Etat perpétré contre Salvador Allende par son chef d’Etat major de l’armée de terre, le Général Augusto Pinochet. Il ordonne le bombardement du palais présidentiel. Le président Allende est tué. Un film, « Il pleut sur Santiago », a même porté à l’écran toute l’horreur.

Le Général s’installe à la tête de ce pays de l’Amérique Latine pour semer la terreur. Les partisans de Salvador Allende et d’autres opposants au régime vont être, soit contraints à l’exil, soit emprisonnés, soit exécutés. L’on estime à environ trois mille (3 000) le nombre de personnes disparues sous le règne de Augusto Pinochet. Bien qu’ayant laissé les rênes du pouvoir en 1991 et trouvé refuge derrière une immunité due à un titre taillé sur mesure de Sénateur à vie, Pinochet a eu le sommeil trouble jusqu’à son dernier souffle.

Son peuple n’a eu de cesse de lui reclamer des comptes sur ses dix-huit ans de règne. Parents des victimes et tous ceux ayant subi les errements de son pouvoir réclament justice. L’arrestation manquée du vieux dictateur à Londres en 1998 a sonné le début de ses ennuis judiciaires. Au risque de l’abandonner aux mains de la justice internationale, les tribunaux chiliens, vont se pencher sur les années sombres d’Augusto Pinochet.

Ses avocats ont beau expliquer que le Général est atteint de démence, il est plusieurs fois assigné en residence surveillée. Les juges ne manquent pas de l’inculper malgré ses 91 ans. Mais le procès d’Augusto Pinochet n’aura pas lieu. Ses différentes crises de maladies l’empêcheront de se présenter devant les tribunaux. Ceux qui ont toujours voulu voir la justice sceller le sort du dictateur et revéler un pan de l’histoire du Chili vont devoir se consoler avec sa mort.

Le Chili tourne une page de son histoire avec ce décès mais aussi avec l’arrivée d’une femme au pouvoir l’année dernière. Michèle Bachelet qui a connu et vécu les périodes sombres du règne de Pinochet saura peut-être reconcilier ses compatriotes. La disparition d’Augusto Pinochet donne aussi une leçon à tous les dirigeants de la planète qui ont régné sans se soucier un seul instant de l’après-pouvoir. La joie autour de la mort de Pinochet et l’arrestation du libérien Charles Taylor menotté jusqu’aux pieds doivent éveiller la conscience de nombreux chefs d’Etat. Personne sur terre ne souhaite que l’annonce de sa disparition soit une source de joie.

Jolivet Emmaüs

Sidwaya

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