LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Putsch : le "cerveau" avoue et reconnaît des liens avec un proche de M. Gbagbo

Publié le jeudi 8 avril 2004 à 10h00min

PARTAGER :                          

Naon (G) et Ouali (D)
lors du procès

Les premiers soldats burkinabè jugés par un tribunal militaire de Ouagadougou pour un complot contre le président Blaise Compaoré ont reconnu les faits et le "cerveau" de l’opération a avoué mercredi avoir reçu de l’argent d’un proche de la présidence ivoirienne, sans toutefois impliquer directement Abidjan.

Jugé depuis mardi avec dix autres militaires et deux civils pour "complot" et "atteinte à la sûreté de l’Etat", le capitaine Luther Ouali, présenté comme le "cerveau" du groupe par l’accusation, a avoué avoir "eu l’idée d’enlever le président Compaoré de son fauteuil" mais s’est pour l’instant refusé à toute précision sur les modalités du putsch qu’il préparait.

Luther Ouali, seul parmi les treize accusés à devoir répondre de "trahison" et "intelligence avec une puissance étrangère", a dit avoir reçu 50 millions de francs CFA (76.000 euros) "lors d’un séjour à Abidjan" du commandant Raphaël Logbo, aide de camp de M. Gbagbo et "un ami de longue date".

Le militaire a assuré que "les 50 briques" (76.000 euros) n’étaient pas destinées à financer le coup d’Etat "mais à démarrer une société de transports", précisant avoir acheté trois véhicules avec la somme et distribué le reste à des collègues "dans le besoin".

Le capitaine Ouali, qui avait déclaré que la Côte d’Ivoire et le Togo lui avaient promis des aides "financière et logistique" pour renverser le président Compaoré, au pouvoir depuis 1987, lors de l’enquête préliminaire et de l’instruction, s’est rétracté à l’audience.

"J’ai dit ça aux gendarmes et au juge pour avoir la paix (...) ils m’ont moralement torturé", a-t-il clamé.

Luther Ouali a expliqué qu’il avait connu Raphaël Logbo sur les bancs de l’Ecole des forces armées de Bouaké (centre de la Côte d’Ivoire) puis l’avoir "perdu de vue depuis 1997".

"Logbo est mon ami, je n’ai pas trahi", a martelé le capitaine Ouali, demandant au tribunal de lui "accorder le bénéfice du secret entre amis" quant à la destination exacte des fonds remis par l’aide de camp du président Gbagbo.

Le Gal K. Lougué (milieu)
prétendu bénéficiaire du putsch,
témoin au procès

Selon l’acte d’accusation lu à l’ouverture du procès, le gouvernement ivoirien devait aussi fournir au capitaine Ouali "une importante quantité d’armes et de munitions" nécessaires au coup d’Etat, planifié pour "novembre ou décembre 2003".

Les relations entre le Burkina et la Côte d’Ivoire voisine se sont envenimées depuis le début d’une rébellion armée contre le président ivoirien Laurent Gbagbo en septembre 2002. Abidjan et M. Gbagbo ont à plusieurs reprises accusé le Burkina de "complicité" avec les ex-rebelles qui contrôlent toujours la moitié nord du pays, frontalier du Burkina, ce qu’a toujours démenti Ouagadougou.

A la barre, Luther Ouali a justifié sa volonté de "faire partir" M. Compaoré en raison du "malaise" qui mine selon lui l’armée burkinabè, évoquant également des "indemnités" promises par le gouvernement à des militaires burkinabè envoyés comme mercenaires au Liberia en 1998 et jamais versées.

Il a également fait état de "brimades" dont il a été victime au sein de l’armée et de sa nostalgie pour la période révolutionnaire et le président Thomas Sankara, tué dans un coup d’Etat en 1987.

"Il y en a qui ont tous les privilèges d’autres rien", a-t-il déploré, accusant le président Compaoré d’être "la cause du mal".

Mardi soir, le sergent Babou Naon, ancien élément du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), avait lui même avoué sa participation au "complot", précisant avoir recruté cinq des militaires présents dans le box.

Le sergent Naon a expliqué avoir voulu se "venger" d’avoir "été injustement chassé" du RSP, à la suite selon lui d’un "désaccord" avec François Compaoré, frère du chef de l’Etat, et le colonel Diendéré, son chef d’état-major particulier à propos de l’assassinat du journaliste burkinabè Norbert Zongo en

"Le coup d’Etat visait à porter l’ex ministre de la Défense limogé (en janvier dernier, ndlr), le général Kouamé Lougué, à la tête du pays", a de son côté affirmé le caporal Bassona Bassolet, second inculpé à avoir été entendu mardi.

AFP

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Le procès des non-dits
Norbert Tiendrébéogo : "Le pouvoir a voulu m’acheter"
Norbert Tiendrébéogo : "C’est une leçon de sagesse"
Procès : Un signe de maturité démocratique pour le CDP
Le procès a coûté 1 282 500 FCFA
Procès : Un verdict d’apaisement