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Toussaint Taro, Secrétaire à l’organisation de Mugnussi :

Publié le jeudi 7 décembre 2006 à 07h57min

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Dans le cadre des Premières Journées Culturelles des Communautés de Dara, village situé à 15 km de Nouna, dans la province de la Kossi, organisées du 27 au 29 décembre 2006 par l’Association Mugnussi pour le développement économique, social et culturel de Dara, nous avons rencontré M. Toussaint TARO, secrétaire à l’organisation (chargé de la mobilisation) de Mugnuss et président du Comité d’ organisation.

Dans cette interview, il nous parle de l’Association, des Journées culturelles des communautés de Dara et des autres activités menées par l’Association.

Que signifie Mugnussi et quels sont les objectifs visés par votre association ?

Toussaint TARO (T.T) : Mugnussi est un terme tiré du « Bwamu ». Littéralement, Mugnussi signifie que le « pardon est bien » ou encore la « tolérance est la mère de toute réussite ». Vous savez, il est généralement difficile de traduire nos mots car ils renferment une histoire. L’idée de créer donc l’Association Mugnussi est née des constats suivants : les villages de la province de la Kossi en général et le village de Dara en particulier, regorgent de beaucoup de potentialités aussi bien dans les domaines de l’environnement, de l’agriculture, de l’élevage que de la culture. Malheureusement, ces potentialités ne sont pas valorisées.

L’insuffisance d’ONG ou d’autres partenaires techniques intervenant dans la province fait que les populations n’ont pas accès aux formations et à la sensibilisation nécessaire pour leur épanouissement tant sur le plan économique que culturel. Les valeurs culturelles, particulièrement les danses et chants traditionnels sont en voie de disparition et les jeunes n’ont plus de repère.

La création de Mugnussi répond à cette insuffisance d’ONG et de partenaires techniques. Elle a été créée en 2004 et reconnue sous le récépissé n° 2004- 004/ MATD/ PKSS/ HC du 10 novembre 2004 et a pour objectifs principaux :
- de contribuer à la promotion et à l’épanouissement de la culture tant sur le plan national, qu’internationale à travers l’organisation de manifestations culturelles ;
- promouvoir et poser les bases d’un développement durable ;
- De promouvoir la sensibilisation et l’éducation environnementale afin de susciter et entretenir une conscience soucieux de la restauration, de la protection et de la défense de l’environnement notamment au niveau des jeunes générations ;
- de rechercher les conditions pour un mieux-être socio-économique et environnemental des populations du Burkina Faso en général et ceux de la zone d’intervention en particulier par la promotion d’une agriculture durable et respectueuse de l’environnement et la diminution des disparités au sein des communautés notamment celles fondées sur le sexe et l’ âge ;
- de collaborer avec toute organisation ou association oeuvrant pour la réalisation des mêmes objectifs pour le rétablissement et l’équilibre entre les communautés humaines.

Pour le moment, les actions de l’association sont circonscrites au village de Dara. Cependant, d’ici l’année prochaine, elle étendra son champ d’action aux villages du département de Nouna et bien au-delà.

Pouvez-vous nous présenter vos activités et nous parler de ces journées ?

T.T : L’association Mugnussi est une jeune association. Elle n’a que deux ans d’existence. La première année nous a permis de mettre en place nos structures et de faire connaître l’association . La deuxième année est consacrée essentiellement à la mobilisation des populations à travers des activités visant le renforcement de la cohésion sociale. Cette cohésion sociale nous permettra sans nul doute de pouvoir mobiliser les populations autour de nos activités à venir ; c’est une stratégie que nous utilisons ; car connaissant bien notre zone d’intervention, nous savons que l’assentiment des populations autour des actions menées assure la participation de tous, garantissant ainsi un succès pour notre initiative.

Pour nous, le développement doit être endogène et nous accompagnons les populations bénéficiaires de nos projets dans ce sens. C’est pourquoi, les quelques activités que nous menons sont organisées directement par les représentants de l’association qui sont des cultivateurs vivant au village. Nous apportons tout simplement notre appui technique et financier à ces représentants qui font du bon travail.

Pour ce qui concerne nos activités, nous avons organisé en août un camp de reboisement et de promotion culturelle. L’objectif de ce camp était de mettre en terre 300 plantes sur le site du CSPS de Dara. L’activité s’est bien déroulée et les populations y ont participé activement. Nous avons aussi participé à plusieurs actions de sensibilisation sur la protection de l’environnement, le trafic d’enfants, le SIDA, à des réflexions sur le développement économique, social et culturel de notre zone d’intervention, etc.

Revenant maintenant sur notre sujet de ce jour, les journées culturelles des communautés de Dara visent la promotion de la diversité culturelle du village. En effet, dans le village cohabitent plusieurs groupes ethniques à savoir les Bwaba, les Mossis, les Peuhls et les Dafings. Ces différents groupes ethniques vivent depuis des années au niveau du village et il n’y a pas encore eu d’occasions pour ces différentes ethnies de se rencontrer culturellement. Chacun est un peu cloîtré dans son environnement culturel. Il n ‘y a que les Bwaba qui organisent de temps çà autre, lors des funérailles, mariages, etc. quelques manifestations.

L’objectif donc de ces journées est de permettre à tous les groupes ethniques vivant au village de valoriser leurs potentialités au niveau des chants et danses traditionnelles, de l’art culinaire, vestimentaire, etc. C’est une gamme d’activités culturelles qui seront organisées pendant ces trois jours de rencontre et de fraternisation.

Pour cet ambitieux programme, quels sont les moyens dont vous disposez et quels ont vos partenaires ?

T.T : C’est là où il y a vraiment des problèmes. Vous savez l’activité culturelle au niveau du Burkina Faso est vraiment intense et malheureusement, il n’y a pas suffisamment de partenaires financiers.

Tous les promoteurs culturels utilisent les mêmes partenaires et le budget alloué par ceux-ci s’épuisent dès les premiers mois de l’année. En plus de tout cela, les partenaires regardent généralement la portée commerciale et le public cible. Pour une activité qui s’organise dans un village, situé à près de 300 km de Ouagadougou, où le public cible n’a aucune influence positive sur le marché des partenaires, il va s’en dire que ceux- ci ne s’intéresseront pas à l’activité.

En outre, nous sommes une jeune structure et nous sommes à notre première édition. Les partenaires ne font pas souvent confiance aux nouvelles structures. Ils attendent de voir leur action sur le terrain. C’est pourquoi nous voulons faire de sorte à ce que cette première édition ait du succès, malgré nos moyen très limités. Nous espérons qu’à travers cette interview, quelques partenaires nous répondront favorablement.

Néanmoins, nous avons reçu un soutien financier du ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme et celui de l’Association pour le développement intégral et la solidarité (ADIS) qui est une association intervenant dans la Kossi et les Banwa. Certains partenaires nous ont doté en matériels de sensibilisation. Nous attendons toujours la réaction des autres.

En dehors des journées culturelles, quels sont les autres projets que vous comptez mettre en œuvre au niveau de votre zone d’intervention ?

T.T : Nous recherchons des partenaires pour financer notre programme d’action qui s’inscrit dans un plan global de développement des villages de la zone d’intervention. Il s’inspire des recommandations et programmes du Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté.

Nous pouvons citer la création d’une forêt classée dans chaque village d’intervention avec la possibilité offerte aux populations d’y réaliser des activités génératrices de revenus : apiculture, arboriculture etc. ( Projet « Poumon vert dans chaque village d’intervention »), « le Caravane Panissé pour la lutte contre le SIDA et les IST à travers les activités sportives », la réalisation d’un « jardin maraîcher », la « construction d’un Centre de formation aux métiers traditionnels générateurs de revenus » et j’en passe.

Nous avons beaucoup de projets pour la zone d’intervention du Mugnussi, mais faute de moyens, ceux-ci sont en attente. Quoiqu’il en soit, nous pensons qu’il ne faut pas toujours attendre d’avoir les moyens avant de commencer à réaliser des activités, nous ferons ce que nous pourrons et au regard de ce qui est fait, les partenaires pourront nous accompagner. Nous restons confiants.

Par Issoufou Maïga (stagiaire)

L’Opinion

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