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8e anniversaire du drame de Sapouy : "Norbert a bien été assassiné, mais personne ne l’a assassiné"

Publié le mercredi 6 décembre 2006 à 08h01min

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Depuis, la Commission d’enquête mise en place a conclu à un assassinat. Mais la justice, qui peine à trouver les coupables, a récemment décidé d’un non-lieu pur et simple. Un non-lieu qui ne désarme pas le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques. C’est, en substance, un appel à la mobilisation qu’il lance ici et que nous vous proposons à l’occasion de ce triste anniversaire.

- Aux organisations démocratiques de masse et de partis politiques membres ;
- aux Collectifs provinciaux, départementaux et de zones ; - à la jeunesse populaire, aux élèves et étudiants ;
- aux militant(e)s et sympathisant(e)s du pays réel ; Le mercredi 13 décembre 2006, nous commémorons le 8e anniversaire du drame de Sapouy qui a vu se consumer dans les flammes Norbert Zongo et ses trois compagnons d’infortune.

Rappelez-vous, le dimanche 13 décembre 1998, à 7 km de Sapouy, localité située à une centaine de km au sud de Ouagadougou, Norbert Zongo, journaliste de renom, Président de la Société des éditeurs de la presse privée du Burkina Faso (SEP), Directeur de publication de l’hebdomadaire "L’Indépendant", a trouvé la mort avec trois de ses compagnons dont son frère Ernest Zongo et deux de ses collaborateurs, Blaise Ilboudo et Ablassé Abdoulaye Nikièma (son chauffeur).

A partir des premiers témoignages sur les lieux, le MBDHP exprimait déjà la conviction des Burkinabè qu’il s’est agi d’un crime, en ces termes : "Pas de traces de freinage sur la chaussée, le véhicule n’a pas heurté un obstacle, le véhicule n’est pas tombé et n ’a pas quitté la chaussée. De l’extérieur, le véhicule semble avoir brûlé du haut vers le bas. Les pneus restent intacts. Des impacts de balles sur la portière arrière latérale droite, quatre corps trouvés sur les lieux, un à l’extérieur et trois calcinés à l’intérieur. Au regard des éléments relevés, le MBDHP a de sérieuses raisons de croire qu’il ne s’agit pas d’un accident mais bel et bien d’un crime odieux apparemment bien préparé et exécuté".

Oui, il s’est agi d’un assassinat prémédité, exécuté par des professionnels. Ainsi, Norbert Zongo et ses trois compagnons d’infortune ont été lâchement assassinés et brûlés de manière barbare et bestiale près de Sapouy, aux environs de 16 heures. Ce crime odieux, indigne d’une société civilisée, a provoqué, à juste titre, indignation, colère et protestations énergiques tant au niveau de notre peuple, que de nombreuses personnes physiques et morales à travers le monde.

Ils ont fait taire un militant des causes justes

En assassinat lâchement et cruellement Norbert Zongo, les commanditaires et les exécuteurs ont voulu faire taire à jamais un journaliste honnête, courageux et patriote qui a constamment dénoncé les nombreux crimes économiques et de sang, les dénis de justice commis sous le pouvoir de la IVe République. Norbert Zongo était également connu pour son soutien constant aux justes luttes des travailleurs, élèves et étudiants de notre pays.

Face à ce drame, notre peuple, à travers ses différentes composantes, s’est donné un cadre inédit de lutte qu’est le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques (CO.D.M.P.P ).

De manière ferme et déterminée, bravant la répression et l’humiliation, les militants et dirigeants du collectif, le pays réel, se sont battus des années durant, et la lutte du Collectif contre l’impunité a eu des acquis importants et un impact tout aussi important sur la société burkinabè. On en retient, les quelques éléments suivants :

Le développement d’une solidarité d’action active à un niveau jamais égalé dans notre pays, embrassant tous les secteurs et toutes les couches sociales ;
la mobilisation sans précédent d’une opinion nationale et internationale contre les assassinats de Sapouy et contre les autres crimes, économiques et de sang impunis ;
une information et une éducation sans précédent aux droits civiques et aux droits de l’Homme dans notre pays ; - l’éveil de la conscience populaire et un incontestable regain de combativité de nos concitoyens et concitoyennes pour défendre de manière collective leurs droits et libertés, bravant ainsi la peur que le pouvoir de la IVe République leur imposait jusque-là. En témoigne la ressente réaction spontanée contre le port obligatoire du casque le 1er septembre 2006 ;
le Collectif, par sa lutte, a imposé le procès des "intouchables" dans le dossier David Ouédraogo ;
le Collectif, par sa lutte, a également sauvé des vies dont celle d’Hamidou Ilboudo, le compagnon de David Ouédraogo, qui croupissait à la MACO avec son dos grillé et en décomposition ;
le Collectif est devenu une référence et est soutenu par des démocrates et progressistes en Afrique et à travers le monde. Sont de ces soutiens la mise en place, par exemple, de Collectifs et Comités en France, au Canada, les actions d’organisations telles que celles de Reporters sans frontières, etc.

Par ailleurs, le constat unanime sur la gestion opaque, anarchique et gabegique du pouvoir de la IVe République. Ce fait est notamment illustré par le rapport accablant du Collège de sages, celui du Comité national d’éthique et les analyses de certaines chancelleries et institutions ;

Le juge Wenceslas Ilboudo agissant pour le compte du pouvoir...

Cependant, après huit (8) ans de lutte, la plate-forme d’action du Collectif, malgré les avancées notables, reste à matérialiser. Et le non-lieu du juge Wenceslas Ilboudo est la confirmation de la volonté du pouvoir de la IVe République d’enterrer le dossier Norbert Zongo. C’est dire toute l’actualité du 1er point de la plate-forme d’action du Collectif, qui stipule ceci : « 1er point.. Réforme de la justice, vérité et justice pour Norbert Zongo et ses compagnons ainsi que pour toutes les autres victimes de crimes impunis ».

Concitoyennes, concitoyens, compagnons de lutte

En prenant la grave décision de prononcer un non-lieu pour Marcel Kafando, unique inculpé dans l’assassinat de Norbert Zongo et de ses compagnons, et pour X, le juge Wenceslas Ilboudo indique non seulement qu’il n’y a plus lieu de poursuivre Marcel Kafando, mais également qu’il n’y a pas lieu non plus de poursuivre quiconque. Autrement dit, au terme de son instruction, le juge Wenceslas estime que ni Marcel Kafando, ni personne d’autre n’est l’auteur de l’horrible et bestial assassinat de Norbert Zongo et de ses trois, compagnons.

Cette décision du juge Wenceslas Ilboudo a été confirmée par la Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Ouagadougou, statuant sur l’appel de la partie civile, le mercredi 16 août 2006.

A reçu 26 millions pour ne rien faire

Norbert Zongo a été assassiné, personne ne le conteste : ni le Procureur général, ni le Procureur du Faso, encore moins le juge Wenceslas lui-même. Mais personne ne l’a assassiné, tel est le résultat des investigations du juge Wenceslas, lesquelles ont duré sept (7) longues années avec des moyens ad hoc importants tant du point de vue humain, matériel que financier (26 millions de FCFA). Voilà le vrai visage de la Justice du pouvoir de la IVe République !

Concitoyennes, concitoyens, compagnons de lutte,

Le Collectif rejette une telle décision et la considère comme étant une provocation pure et simple face à laquelle il ne baissera pas les bras. En cela, il se réjouit de la réaction ferme de rejet de ce non-lieu par les différentes composantes de notre peuple.

Le Collectif est ainsi conforté dans sa conviction que cette justice aux ordres ne triomphera pas du peuple burkinabè. Bien au contraire. C’est notre peuple qui façonnera la justice à son image. C’est cette lutte que mène le Collectif. Et c’est à la poursuite de cette lutte qu’il vous convie.

La coordination nationale du Collectif invite les partis politiques, les organisations de la société civile qui ont rejeté le non-lieu dans l’affaire Norbert Zongo, les journalistes de tous organes de presse, toutes les femmes et tous les hommes épris de vérité et de justice, à s’associer à lui pour le succès de la commémoration du 8e anniversaire des assassinats de Sapouy, pour réaffirmer notre refus unanime du non-lieu et pour exiger la réouverture du dossier Norbert Zongo.

L’appel à la mobilisation le 13 décembre 2006

A Ouagadougou, les principales activités, sous la direction de la coordination nationale, seront les suivantes : 1. Jeudi 7 décembre 2006 à 9h au Centre national de presse Norbert Zongo : conférence de presse de la coordination nationale sur les activités commémoratives du 8e anniversaire.

Mercredi 13 décembre 2006 à Ouagadougou : • Port effectif du deuil par un brassard, un foulard ou autre fanion, noirs ;

• 7h : rassemblement au cimetière de Gounghin pour les dépôts de gerbes de fleurs, le recueillement, l’hommage à Norbert Zongo et aux autres victimes ;

8h : rassemblement à la place de la Nation, pour la grande marche de protestation contre le non-lieu et pour la réouverture du dossier Norbert Zongo ;

10h : Meeting à la place de la Nation après la marche. Ensemble, poursuivons la lutte contre l’impunité, contre le non-lieu et pour la vérité et la justice pour Norbert Zongo et ses compagnons d’infortune, contre la vie chère, pour les libertés, la promotion des droits humains, la justice sociale et la consolidation de l’Etat de droit.

Le collectif sait compter sur votre engagement pour appeler vos militants et sympathisants à sortir massivement le mercredi 13 décembre 2006 sur toute l’étendue du territoire national pour commémorer activement ce 8e anniversaire du drame de Sapouy.

Non au non-lieu ! Réouverture du dossier Norbert Zongo N’an laara an saara

Pour la coordination nationale, le Bureau :

Le président du Collectif Henri Compaoré MBDHP

Vice-président Tolé Sagnon Collectif CGT-B

Vice-président Kader Nacro Groupe du 14-Février

Rapporteurs

Jean-Claude Méda AJB

Ernest Traoré UGEB

Me Bénéwendé Sankara Collectif/Avocats

L’Observateur

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Vos commentaires

  • Le 6 décembre 2006 à 21:47, par Badnerr AKA Talg-Biga En réponse à : > 8e anniversaire du drame de Sapouy : "Norbert a bien été assassiné, mais personne ne l’a assassiné"

    "En cet instant solennel, en notre qualité de président du Faso assurant la continuité de l’État, nous demandons pardon et exprimons nos profonds regrets pour les tortures, les crimes, les injustices, les brimades et tous les autres torts commis sur des Burkinabè par d’autres Burkinabè, agissant au nom et sous le couvert de l’État, de 1960 à nos jours" (Blaise Compaoré, 30 mars 2001).
    5 ans après cette déclaration, Francis Blondet, ex ambassadeur de France au Burkina disait à propos de notre justice : "L’injustice me paraît être le principal handicap du Burkina Faso. C’est cela qui fait que les gens n’ont pas confiance aux institutions qui par ailleurs ne sont pas mal. Il y a de bonnes choses qui méritent d’être approfondies, confortées et renforcées. Mais le maillon faible, c’est l’injustice." (L’Événement, mis en ligne le 14 Octobre 2006)
    Pour que la journée nationale du pardon ait tout son sens et puisse briller à jamais de tout ses feux... il est peut être temps que le président du Faso reconsidère à juste titre l’affaire Norbert ZONGO qui, semble être la bête noire ou un défi majeur pour la justice Burkinabé. L’enjeu étant la reconquête du cœur des administrés qui n’ont plus confiance en leur justice. Cette exercice permettra au président de « démontrer » aux yeux de tous (syndicat, population, collectif, représentations diplomatique, etc.) que le BKF est pays ou État de droit et bonne gouvernance se conjuguent bien avec égalité de tous devant la justice... En attendant, et dans l’espoir, la lutte et la mobilisation continuent.

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