LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

To Finley, talentueux artiste, malchanceux dans la vie !

Publié le jeudi 15 mars 2007 à 08h44min

PARTAGER :                          

To Finley

A qui faut-il le comparer ? Sur le plan national il n’a d’équivalent que le Gandaogo national, Georges Ouédraogo. Comme lui, il est un artiste complet. Il joue de tous les instruments et il est aussi un compositeur de talent. Sur le plan international, même s’il n’a pas pu vraiment percé à ce niveau là, on le comparerait bien volontiers à un Otis Redding...

Et puis, c’est la traversée du désert, au point que rares sont ceux de la nouvelle génération qui ont vraiment entendu parler de lui. Et pourtant, il reste, malgré tout, l’une de nos gloires.

De To Finley, on a oublié jusqu’à l’image. Même les plages musicales de la TNB ne le retiennent plus. Alors qui s’en souvient ? Pas grand monde. Par contre ceux qui l’ont connu au sommet de sa gloire, ne peuvent oublier ce monsieur, disons ce grand artiste à la voix originale, qui a bercé, comme très peu l’ont fait, les nuits ouagalaises. Il faut dire que l’homme avait les arguments qu’il faut. Physique modeste, qui lui donnait l’air d’un jeune premier, To Finley qui parle parfaitement l’américain, était un vrai Boy, pour ne pas dire un vrai playboy. Et puis tout ça est parti comme un feu de paille...To Finley, aujourd’hui, c’est un petit vieux, (le faix de la vie, beaucoup plus que le poids de l’âge). Mais comme le talent est comme l’or, la boue ne le corrompt pas, il est possible qu’il renaisse...comme le sphinx.

To Finley veut rebondir

A la faveur de la production d’une compil pour les anciennes gloires de notre musique, il caresse le rêve de rebondir et continuer à émerveiller les mélomanes. Originaire de Boromo dans la province des Balé, le phénoménal n’Kô (le nom de son ethnie) a débuté sa carrière musicale en 1969 dans l’orchestre Super-Volta.

Dans un premier temps, il faisait de la musique de variété comme tous les artistes de son époque, mais dans son évolution, il a fini par faire de l’Afro-soul son dada. Au Super Volta, il était celui qui interprétait les tubes soul en vogue. James Brown, Otis Redding et bien d’autres stars qui faisaient dans ce tempo musical avaient leurs sosies en Haute-Volta. Un de ses anciens camarades du Super-Volta, Cissé Abdoulaye se rappelle ce bon vieux temps. Pour lui, To Finley était une bête de scène : " Il avait une maîtrise scénique extraordinaire et s’identifiait aux stars musicales anglo-saxonnes. Si vous regardez les films de James Brown et vous voyez To Finley sur scène, c’est le James Brown bis. La jeunesse en avait fait son idole. C’était au temps des coupes Afro et des pantalons bas éléphant."

Fanatique d’Otis Redding à sa mort en 1972, To Finley fut affligé : " J’ai connu dans ma vie des moments difficiles, mais pas plus le jour où j’ai appris la mort d’Otis." En effet Otis Redding était un musicien américain de grand renom, il est mort dans un accident d’avion en 1972. Grand parmi les grands des années 1960, c’était le chouchou de la jeunesse qui prisait la soul music et une référence pour To Finley.

L’artiste rend hommage à Otis

Malgré la disparition de son icône Otis, la vie va continuer. Il ne manquera pas de lui rendre hommage à travers un titre intitulé Father Otis. En 1978 le Super Volta interrompt ses activités et To Finley rejoint le CVD (Club Voltaïque du disque) avec d’autres transfuges de son ancien orchestre. Auparavant, il a eu le temps de faire un tour en Côte d’Ivoire où il a eu l’opportunité de jouer dans deux grandes formations musicales le New System PoP et les Betters. Là-bas, il jouait le même rôle comme dans le Super Volta. Après le New system pop, il a signé un contrat avec le Club Méditerranée Assini et il n’a pas pu supporter l’ambiance parce qu’il ne supportait pas de voir des femmes danser nues lors de ses prestations en discothèque.

La lagune Ebrié ne sera pas la fin de son aventure. Il embarque pour les Etats-Unis. Aux USA, il évolue dans des formations d’étudiants et dans un collectif d’anciens. Cette randonnée américaine lui permettra de connaître de grands artistes comme Ray Charles. Il se rend en Europe avec une bande de copains. C’est au cours de cette odyssée que va naître le groupe Yelbouna. Ils reviennent quelques années avec un album dans lequel chacun des trois a des chansons. Dans ce disque, se trouve un titre "Wename bonkonga " (ce jardin de Dieu) que To Finley a composé.

Yelbouna a vécu, a participé à des festivals de musique, mais n’a pas résisté à l’épreuve du temps. Il a fini par disparaître. To Finley se souvient d’une question qu’on lui avait posée à propos du genre de Jazz qu’il pratiquait, lors d’un festival. Il dit avoir répondu qu’il faisait du Jazz de la savane, parce que pour lui la musique est africaine d’abord, avant d’être autre chose.

Le chouchou des jeunes voltaïques de l’époque a eu une vie de marié.

Il abandonnera la maison de deux pièces dans laquelle il était colocataire avec Cissé Abdoulaye et Bamogo Jean Claude dit Man.

Chacun d’eux partira, d’ailleurs parce que chacun avait trouvé une âme soeur. To Finley se mariera avec Terry, une Américaine de Boston.

De leur union naîtra deux filles. Entre temps des problèmes ont fait irruption dans la vie du couple, la femme repart aux USA. Actuellement les deux filles vivent avec leur mère. Mais l’Afro- soulman dit avoir un contact permanent avec ses deux enfants. Il ne nie pas avoir connu des difficultés, mais est remonté contre ses détracteurs qui ont raconté trop de ragots sur lui. Imbu de sa personnalité, tous ses proches reconnaissent son attachement à la tradition. Cela se ressent dans son amour pour le Faso Danfani. Malgré son attachement pour la tradition, depuis qu’il se relève de ses difficultés, il semble avoir un penchant pour la vie chrétienne.

Actuellement proche du pasteur Karambiri, il se rappelle qu’à son enfance, un pasteur avait lié amitié avec son père et qu’un des oncles lui avait dit : " Je sais que tu respectes la tradition, mais ton esprit est avec ton monde." Plusieurs années après, il se rappelle des paroles prémonitoires de son oncle. De toute les façons un de ses proches assure qu’il y a une similitude entre la vie de GGVikey et celle de To Finley.

On avait donné GGVikey pour fou avant que de bonnes volontés ne le sortent de cette passe. Pour To Finley ça été pareil, parce qu’on l’a vu déambuler dans la rue dans un état assez lamentable. Pour celui qui établit la comparaison, GGVickey a partagé à un certain moment sa vie avec une blanche et a un penchant pour le vaudou, To Finley eu aussi pour conjointe une blanche et était tourné vers la tradition.

Aujourd’hui, après avoir retrouvé ses esprits, il veut amorcer son retour dans le monde du show biz. Son talent n’a pas pris de rides... Quant à son appréciation de l’évolution de la musique actuelle, il ne tarit pas d’éloges pour les formations comme Yeelen, Alif Naaba et son Boud bandé et Smocky. Il est remonté contre les groupes de Rap qui sont versés dans l’insolence et qui croient que ce sont des propos obscènes qui font la beauté de la musique.

Par Par Merneptah Noufou Zougmoré
L’Evénement (http://www.evenement-bf.net/)

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 20 mars 2007 à 14:34, par C.B En réponse à : > To Finley, talentueux artiste, malchanceux dans la vie !

    Je souhaite beaucoup de courage à ce talentueux musicien qu’est To Finley et qu’il réussisse son pari de nous faire encore écouter ces sons dont il a le secret.
    A propos Otis Redding est mort exactement le 10 décembre 1967 et non en 1972.
    Merci et encore une fois bon courage à toi brother To.

    • Le 29 avril 2007 à 02:44, par Oueder Sy En réponse à : > To Finley, talentueux artiste, malchanceux dans la vie !

      Je crois que To Finley et particulièrement sa trajectoire artistique et créatrice est à l’image d’une problèmatique burkinabé du soutien à la création, dans le cadre du politique culturelle pensée et visionnaire.

      Pendant des années To Finley fut un artiste interprète, dans le sens que donne la loi burkinabé et les conventions internationales ; mais avec "l’anathème" de l’artiste interprète africain et burkinabé en particulier : sans statut, sans formation professionnelle adéquate, et pire sans perspective.

      Puis il devint auteur, compositeur et interprète : c’est à ce moment que To Finley a commencé à créer, à chercher un style musical propre dans le cadre de Yelbouna : cette quête ou du moins cette décision dans sa vie artistique fut un tournant décisif, car, le style de composition qu’il a adopté n’a pas eu le soutien qu’il fallait ; on est prompte à condamner, mais personne à ma connaissance ne s’est véritablement intéressé aux compositions musicales qui dorment toujours dans les "tiroirs" de To Finley.

      Il aurait pu choisir de rester aux USA ou à Paris et travailler comme "requin" à la solde des grands studios d’enregistrement et des "big majors"...il serait rester To Finley, ou plutôt sosie des autres : Otis et Brown...Qui au Burkina sait que Michael Jackson n’est qu’un artiste interprète ? mais qui connait les auteurs des titres qui ont fait sa gloire ?

      To Finley n’a pas besoin qu’on lui fasse l’aumôme : c’est mon avis. Il a besoin qu’on lui donne l’opportunité de mettre sur le marché discographie nationale ses oeuvres encore inédites , recherchées, stylées et que rares sont ceux-là qui ont pu écouter pour en mesurer l’étendue de l’originalité, et qui sait, aurait pu révolutionner la musique burkinabé..

      Et puis, il existe un ministère, mais mieux il existe un organisme professionnel d’auteurs et d’artistes - le BBDA - au sein duquel un fonds social et culturel devrait exister pour s’occuper des monuments de ce genre, y compris dans leurs moments difficiles...ce fonds devrait intervenir, et mieux encore doit avoir pour vocation d’encourager des formes de création spécifiques telles que celles que To Finley a esquissées avec Yelbouna et qui reste une oeuvre inachevée : ni l’aumone, ni les pasteurs, et encore moins la commisération ne serviront à To Finley. Peut-être que si la mort n’avait pas frappé Pierre Sandwidi, grand auteur-compositeur et surtout grand syndicaliste et premier soutien avec ses pairs du BBDA, To Finley aurait eu une autre voix pour parler de ses succès et de la fierté de la musique burkinabé et non pas de ses malheurs.

  • Le 21 mars 2007 à 11:03, par Le Gonze En réponse à : > To Finley, talentueux artiste, malchanceux dans la vie !

    J’espère surtout qu’il a arrêté de se "foutre en l’air", et qu’il est vraiment décidé à remonter la pente !! Tout dépend de lui ; le reste ne lui sera donné qu’après...

    Bonne chance.

    • Le 28 mars 2007 à 03:32, par Yacou En réponse à : > To Finley, talentueux artiste, malchanceux dans la vie !

      Je réagis tardivement au portrait de mon ’’tonton’’ (c’est comme cela que je l’appelle), car ces derniers temps j’avais décidé de donner à To Finley un appui pour lui permettre de rebondir. Mais Il a joué de malchance en malchance que la relance n’ a jamais eu lieu. J’ai même osé croire, comme me le disais une tante que To Finley est un grand artiste qui n’a jamais eu la bénédiction de son père ; celui-ci ne le voyait pas d’un bon oeil en musicien. Pour son père, il aurait voulu voir son fils Finley devenir autre chose que musicien. Tonton To Finley est pourtant pétri de talents, car comme certains grands de la musique africaine comme Salif Keita dont père s’opposait farouchement à sa carrière de chanteur, mais on sait ce qu’il est today, je reste convaincu que To Finley réussira en revenant dans la musique. Tonton To Finley, je suis encore prêt comme d’autres burkinabè à cet appui pour que les jeunes générations puissent apprécier cette vraie richesse de la musique de chez nous - Nan keri - salutation dont il connait la signification en Kô
      Ton neveu Yacou Y.

  • Le 27 mars 2007 à 13:04, par Lndubf En réponse à : > To Finley, talentueux artiste, malchanceux dans la vie !

    La vie est multi paramétrale et impersonnelle.Tout ce qui arrive à autrui peut nous arriver et les artistes font partie de cette règle.Cependant quand ça ne tourne pas au rose chez eux on les traite de tout comme s’ils étaient des anges qui devenaient des démons.Je dis non car chaque homme comme tout royaume a sa période d’apogée, de stabilité et de déclin.
    J ’ai été très ravit de lire cet article et mes respects à son auteur mais mon hommage se rend à TO Finley que je prédit toute la paix, la quiétude , le bonheur et que ce qu’il a déjà enduré soit tout le malheur que je lui souhaite pour laisser l’horizon plein de sourires et pleine de vie à notre cher artiste dont l’âme est pétrit de musique.
    BIG UP A TOI TO FINLEY.
    lndubf

  • Le 17 avril 2020 à 22:27, par Tiemtore En réponse à : To Finley, talentueux artiste, malchanceux dans la vie !

    Bonjour juste rectifier la date et l’année du décès de OTIS REDDING il me semble que c’est le 10décembre 1967

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique