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Procès : le sergent Babou Naon reconnaît la préparation d’un putsch

Publié le mercredi 7 avril 2004 à 07h06min

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Le sergent Babou Naon

Le sergent Babou Noan, un des 13 inculpés jugés depuis mardi par un tribunal militaire à Ouagadougou pour une tentative de coup d’Etat, a reconnu mardi soir qu’un putsch était "bien en préparation courant 2003" pour renverser le président Blaise Compaoré.

"Quand j’ai été consulté, par le capitaine Ouali (ndlr : cerveau présumé), je n’ai pas hésité et j’ai donné aussitôt mon accord", a déclaré le sergent Noan, ancien élément du Régiment de sécurité présidentielle (RSP).

"J’ai aussitôt accepté la proposition du capitaine et j’ai dit que j’étais partant, quelle que soit la formule retenue", a-t-il ajouté, soulignant même avoir recruté au moins cinq autres militaires qui sont à ses côtés dans le box des accusés pour répondre de "complot et attentat à la sécurité de l’Etat.

Les treize accusés sont poursuivis pour ces charges mais le présumé "cerveau" de l’opération, le capitaine Luther Ouali, est en plus accusé de "trahison" et "intelligence avec une puissance étrangère", notamment la Côte d’Ivoire voisine.

Au tribunal

Le sergent Noan a expliqué avoir voulu se "venger" d’avoir "été injustement chassé" du RSP, où il assurait la garde rapprochée du chef de l’Etat.

Selon lui, son départ du RSP était lié à "son désaccord" avec François Compaoré, frère du chef de l’Etat, et le colonel Diendéré, son chef d’état-major particulier à propos de l’assassinat du journaliste burkinabè Norbert Zongo, retrouvé criblé de balles et carbonisé en décembre 1998.

L’implication de plusieurs éléments de la garde présidentielle avait été évoquée dans ce meurtre.

"Comme ils me cherchent j’ai fait mon choix : c’est eux ou moi", a martelé le sergent Noan, qui dit avoir été victime de plusieurs tentatives d’empoisonnement.

D’après lui, le projet visant à renverser le président Compaoré était envisagé "courant 2003".

"En 2001, il n’était pas encore question du coup, il s’agissait simplement d’infiltrer une marche de la société civile pour revendiquer les droits de nos camarades", notamment des militaires de l’armée burkinabè envoyés combattre au Liberia dans les années 90 et qui réclamaient des "primes" promises par le gouvernement, a-t-il lancé.

"Le coup d’Etat visait à porter l’ex ministre de la Défense limogé, le général Kouamé Lougué, à la tête du pays", a de son côté affirmé le caporal Bassona Bassolet, second inculpé à avoir été entendu mardi.

Tout en disant avoir "menti sous les menaces de tortures" des gendarmes menant l’enquête, le caporal a reconnu avoir effectué des "missions" à l’intérieur du pays pour recruter d’autres militaires pour préparer le putsch.

Le procès, mené par deux magistrats civils, dont le président de la cour, et trois magistrats militaires, devrait s’achever au plus tard à la fin de la semaine, a indiqué le commissaire du gouvernement (équivalent du procureur militaire) Abdoulaye Barry.

AFP

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