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Afrique-Amérique du Sud : pour un nouveau partenariat Sud-Sud

Publié le samedi 2 décembre 2006 à 08h36min

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Abuja, la capitale du Nigeria a abrité deux sommets les 29 et 30 novembre 2006. Le premier a réuni les chefs d’Etat d’Afrique et d’Amérique du Sud et le second est une rencontre du conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine qui a porté sur la crise que traverse le Soudan.

Abuja la capitale politique de la république fédérale du Nigeria a été le point de convergence d’une vingtaine de chefs d’Etat africains parmi lesquels le président burkinabè Blaise Compaoré, de cinq présidents sud - américains et de plusieurs chefs de gouvernement. Deux réunions de haut niveau portant d’une part sur la coopération et le partenariat Afrique - Amérique du Sud et d’autre part sur la recherche de solutions à la crise soudanaise.

Souhaité depuis plusieurs années, le Sommet des chefs d’Etat d’Afrique et d’Amérique du Sud s’est tenu dans le pays le plus peuplé d’Afrique, au Nigeria, avec ses 133 millions d’habitants le 30 novembre dernier. De ce premier Sommet, on retient la volonté affichée par tous les dirigeants venus des deux continents de dynamiser et de renforcer la coopération Sud-Sud notamment celle relative à l’Afrique et l’Amérique Latine.

Le Sommet d’Abuja initié par le président brésilien Luis Ignacio Lula Da Silva et préparé les 27 et 28 novembre 2006 par des hauts fonctionnaires dont le ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso Youssouf Ouédraogo et ambassadeurs des deux régions a été salué par l’ensemble des chefs d’Etat participants.

Adoption de trois documents

A l’issue du Sommet, les chefs d’Etat et de gouvernement ont adopté par acclamation trois documents pratiques et importants qui régiront la coopération et le partenariat entre les deux régions. Le premier est une résolution sur un forum de coopération Afrique - Amérique du Sud, le deuxième une déclaration dite déclaration d’Abuja et le troisième un plan d’action pour la mise en œuvre du premier sommet qui a réuni les deux régions aux liens historiques et culturels séculaires.

Dans la résolution d’Abuja sur le forum de coopération Afrique - Amérique du Sud (ASACOF) comprenant 9 points, les chefs d’Etat et de gouvernement ont décidé entre autres, de créer un forum qui réunira tous les deux ans de façon alternative dans les deux régions les chefs d’Etat et de gouvernement, de mettre en œuvre la déclaration et le plan d’action d’Abuja adoptés par le premier sommet Afrique - Amérique du Sud, avec une détermination et une volonté politique commune.

Les dirigeants africains et sud-américains ont par ailleurs décidé d’adopter des stratégies et mesures qui permettront de traduire en réalisations concrètes la vision du forum de coopération au profit des populations respectives dans les domaines économique, politique et social. Intensifier la coopération et les consultations à tous les niveaux, explorer et exploiter les opportunités de coopération et de collaboration dans les domaines de l’agriculture, du commerce et de l’investissement, de l’énergie, de la technologie, des ressources en eau et du tourisme sont autant de points contenus dans la résolution prise à Abuja.

Pour ce qui est de la déclaration, il ressort que les chefs d’Etat et de gouvernement s’engagent à coopérer dans les instances multilatérales notamment dans le cadre des réformes et des négociations en cours au sein des Nations unies et celles commerciales à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

"Il est indispensable que la réforme des Nations unies tienne compte de la nécessité de renforcer la participation équitable des pays en développement dans le processus de décision de l’organisation afin qu’elle soit plus représentative, efficace, démocratique et responsable", souligne la déclaration.

Conscientes de l’importance du droit dans la coopération internationale, l’Afrique et l’Amérique latine s’engagent à promouvoir la coopération entre leurs experts et leurs conseillers juridiques nationaux et régionaux. La promotion et le renforcement des institutions juridiques telles que la Cour africaine des Droits de l’homme et des peuples, la Cour interaméricaine des Droits de l’homme, la Cour africaine de justice et des Droits de l’homme de l’Union africaine constituent des engagements pris par les chefs d’Etat et de gouvernement au Sommet d’Abuja.

Autres domaines de coopération régionale afro-sud-américaine, la paix et la sécurité, l’agriculture, l’agro-industrie et le développement rural, les ressources en eau, le commerce et investissement, la lutte contre la faim et la pauvreté, les infrastructures, l’énergie et les minerais solides, la promotion des droits de l’Homme et la démocratie.

La coopération sociale et culturelle, le tourisme, la jeunesse et les sports, la science et les technologies de l’information et la communication ainsi que l’éducation, la santé, l’environnement, les questions du genre ne seront pas occultées dans la nouvelle dynamique Afrique - Amérique du Sud.

Le Sommet Afrique-Amérique du Sud a adopté un plan d’action qui aborde les différents domaines de la coopération et du partenariat entre les deux régions. Dans les secteurs du commerce et investissement par exemple, les chefs d’Etat africains et sud-américains et autres chefs de gouvernement ont convenu de promouvoir et d’améliorer les contacts et les consultations, de préparer des programmes de production et de valorisation des produits agricoles, de créer les initiatives de commercialisation conjointes des produits agricoles. Sur les questions commerciales bilatérales et multilatérales, les deux régions conviennent également de promouvoir et de coordonner leurs positions.

Du président nigérian Olesegun Obasanjo à Alpha Oumar Konaré le président de la Commission de l’Union africaine en passant par Lula Da Silva du Brésil, Muammar Kadhafi, le guide de la Révolution libyenne, Evo Moralès de la Bolivie, tous, à la tribune, ont prôné la nécessité de la coopération entre les deux régions qui ont été victimes de l’esclavage, de la colonisation et des négalités dans le commerce international. "Nous devons promouvoir des concertations internes et intercontinentales pour défendre les valeurs de nos produits" a indiqué Alpha Oumar Konaré. "Si nous sommes unis, il n’y a rien qui puisse nous empêcher d’obtenir ce que nous demandons. Mais si nous sommes divisés nous serons écrasés et nous rentrerons dans les rangs" a poursuivi le président de la Commission de l’Union africaine. Le Sommet d’Abuja a été une tribune non seulement de dénonciation des injustices subies par les peuples du Sud mais aussi un cadre pour plaider pour l’intégration économique, politique et sociale des deux continents qui compte près de 2 milliards d’habitants.

Afin d’assurer la mise en œuvre efficace des programmes et politiques adoptés, un comité de suivi Afrique-Amérique du Sud a été établi de même qu’un secrétariat dont la fonction est assumée par le Nigeria et le Brésil en attendant le prochain Sommet prévu pour se tenir en 2008 au Vénézuéla. Bien qu’absents au Sommet d’Abuja, des présidents comme Omar Bongo Ondimba du Gabon, Denis Sassou N’Guesso du Congo, président en exercice de l’Union africaine ont fait parvenir leurs messages d’adhésion à cette initiative et d’encouragement pour cette coopération Sud-Sud.

Le Darfour au menu, El Béchir absent

Après le Sommet afro-sud-américain, les chefs d’Etat des quinze pays membres du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine se sont réunis en huis clos pour échanger sur la question du Darfour au Soudan, théâtre d’un conflit armé aux effets dévastateurs. Pendant plus de deux heures d’horloge, malgré l’absence physique du premier concerné, le président soudanais Omar El Béchir (il y était représenté par son ministre des Affaires étrangères), les chefs d’Etat ont recherché ensemble les voies de sortie de crise dans cette partie
de l’Afrique.

"Il s’agit après septembre passé, de donner un nouveau souffle au processus de paix dans ce pays à travers une reprise en main du dialogue, car c’est un processus qui doit être inclusif", a expliqué le chef de l’Etat burkinabè
Blaise Compaoré qui est intervenu à cette occasion.

Faire en sorte que toutes les parties signent l’accord de paix au Soudan, renforcer le rôle des Nations unies dans le financement du processus et surtout dans les questions politiques soudanaises, tels ont été les points de discussion. Connaissant les limites de l’Afrique dans le cadre du financement pour le maintien de sa force de paix (7 200 hommes) au Darfour, les chefs d’Etat souhaitent une participation désormais active de l’ONU dans la recherche de la paix au Soudan. "Je dois dire que les discussions sont bien avancées actuellement parce que le 18 novembre dernier le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan lui-même a eu une réunion de haut niveau à Addis Abéba avec les autorités soudanaises, l’Union africaine et les indications qui nous ont été données, les accords qui sont intervenus ce jour-là permettent aujourd’hui de penser que nous pouvons avancer beaucoup plus sûrs", a indiqué le président Blaise Compaoré.

Interrogé sur le refus du Soudan d’autoriser l’envoi d’une force onusienne au Darfour, Blaise Compaoré a souligné qu’il s’agit de trouver une solution au désastre humanitaire qui sévit dans cette partie du continent. Le Soudan étant pays membres de l’ONU comme le Burkina Faso, l’Afrique du Sud ou l’Ethiopie et au regard du drame vécu par les populations du Darfour, le président Compaoré estime que l’ONU n’est pas étrangère dans ce pays. "Lorsque l’Afrique par rapport à ces désastres humanitaires au Darfour n’a pas tous les moyens pour s’assumer, il faut effectivement comprendre que nous ayons besoin des Nations unies à côté de nous pour agir tout temps comme nous le souhaitons aussi, en préservant à la fois l’intégrité, la sécurité et la souveraineté du Soudan" a fait remarquer Blaise Compaoré.

Enok KINDO
Envoyé spécial à Abuja


Vu et entendu à Abuja

* Abuja, ville où la vie est chère

Abuja est une ville nouvelle toujours en érection où les bidonvilles n’ont pas leur place. "Ici ne construit pas qui veut. Il faut être riche pour construire à Abuja soit une villa de grand standing, soit un immeuble", confie un compatriote vivant à 35 km d’Abuja et travaillant à l’ambassade du Burkina. Pour avoir un logement à Abuja, il faut d’abord payer le loyer de deux ans au bailleur avant de déposer tes valises. Le sac de riz de 50 kg est commercialisé à 37 500 F. "Voyez-vous ces habitations, elles seront détruites bientôt" nous confie notre informateur en montrant des logements à moitié cassés.


* 600 chambres pour Khadafi et sa suite

Dans le cadre des Sommets d’Abuja, le colonel Muammar Khadafi aurait réquisitionné 600 chambres notamment tout l’hôtel Sheraton, l’un des plus grands hôtels d’Abuja. Ce qui n’aurait pas été facile pour certaines délégations de trouver des logements dans la capitale politique nigériane.


* Wade dit haut ce que les autres pensent bas

A l’ouverture du Sommet Afrique - Amérique du Sud, le président sénégalais Abdoulaye Wade qui n’a pas eu la chance de prononcer un discours n’a pas caché sa désapprobation d’un fait. Le président nigérian Obasanjo qui a donné la parole aux représentants des présidents gabonais, congolais et vénézuélien a suscité l’intervention de Wade. "M. le président, je note un paradoxe. Je ne comprends pas qu’on donne la parole à ceux qui sont absents alors que ceux qui sont présents ne l’ont pas. Je propose que prochainement on écoute d’abord ceux qui sont présents" a indiqué Abdoulaye Wade.


* La Libye et le Sénégal candidats

Pour abriter le IIIe sommet afro-sud américain, la Libye par la voix de son guide, a été la première à se porter candidate. Mais le président Wade a aussitôt déclaré lui aussi la candidature du Sénégal pour abriter la rencontre en 2010. "M. le président, le Sénégal souhaite accueillir le IIIe sommet. Au cas où ce serait la Libye et le Sénégal qui seraient candidats, je m’arrangerais avec mon frère Khadafi", a réagi Abdoulaye Wade.

Sidwaya

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