LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

13-décembre : "Brassards, foulards ou fanions noirs pour tous !"

Publié le jeudi 30 novembre 2006 à 07h16min

PARTAGER :                          

Des leaders du Collectif

Le 13 décembre prochain marquera le 8e anniversaire de l’assassinat de Norbert Zongo. Déjà, le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques appelle ses troupes à la mobilisation pour protester encore et toujours contre le non-lieu et pour la réouverture du dossier. Tel se résume la lettre circulaire directive n°42 parvenue à notre rédaction à cet effet.

Concitoyennes, concitoyens, Compagnons de lutte ;

Le mercredi 13 décembre 2006, nous commémorons ensemble le 8e anniversaire des assassinais cruels de Norbert Zongo et de ses trois compagnons d’infortune. Cette commémoration revêt un caractère particulier au regard de l’évolution du dossier au niveau de la justice. Le pouvoir de la IVe République ayant cru le moment venu de tenter d’enterrer le dossier, avec le non-lieu prononcé pour Marcel Kafando, unique inculpé dans ledit dossier et pour X.

Cela fera également huit (8) ans que notre peuple, face à ce drame de Sapouy, se sera donné un cadre inédit de lutte qu’est le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques (CODMPP).

Ce cadre, dont la base de Rassemblement est sa plate-forme d’action (RFA), retient depuis huit ans également comme 1er point, objet de sa lutte : « 1er point : Réforme de la Justice, vérité et justice pour Norbert et ses compagnons ainsi que pour toutes les autres victimes île crimes impunis ».

Compagnons de lutte, Afin de situer les enjeux de la commémoration de ce 8e anniversaire, examinons ensemble quelques aspects du contexte dans lequel il se tient.

I. Le contexte de commémoration de ce 8e anniversaire est marqué par les éléments saillants suivants de la vie politique et sociale que connaît notre pays depuis la commémoration du 7e anniversaire en décembre 2005 :

Les élections municipales d’avril 2006 qui ont mobilisé différents acteurs de la vie sociopolitique du pays ont montré le manque de fiabilité du fichier électoral et le tripatouillage du processus électoral au niveau de la CENI et de ses démembrements.

Il est apparu clairement au cours des dernières élections que le refus des candidatures indépendantes traduit la volonté du pouvoir de la IVe République de maintenir le processus démocratique sous coupe réglée. Enfin, le dernier renouvellement de la CENI a clairement montré les limites de l’indépendance réelle de ladite institution !

Les luttes populaires contre la vie chère et pour les libertés qui ont mobilisé scolaires, étudiants et surtout travailleurs à travers leurs organisations syndicales, dont les grandes manifestations suivies de négociations, ont produit des résultats positifs en septembre dernier. On notera la violente opposition des populations au port obligatoire du casque le 1er septembre 2006.

L’événement le plus marquant est sans conteste le non-lieu accordé à Marcel Kafando, unique inculpé dans le dossier Norbert Zongo, et la réaction de rejet de ce non-lieu tant au niveau national qu’international.

En effet, le mercredi 19 juillet 2006, Abdoulaye Barry et Adama Sagnon, respectivement Procureur général et Procureur du Faso, annonçaient, au cours d’une conférence de presse, que le Juge Wenceslas Ilboudo venait de prononcer un non-lieu pour Marcel Kafando, unique inculpé dans l’assassinat du journaliste émérite Norbert Zongo.

Par la suite, la Cour d’appel de Ouagadougou, statuant sur l’appel de la partie civile, en son audience du mercredi 16 août 2006, confirmera l’Ordonnance de non-lieu du juge Wenceslas Ilboudo.

Cette décision confirmait, s’il en était encore besoin, la volonté du pouvoir de la IVe République d’enterrer le dossier Norbert Zongo. En effet, l’Ordonnance de non-lieu n’a pas concerné seulement Marcel Kafando, mais également X. Autrement dit, au terme de son instruction, le Juge Wenceslas estime que ni Marcel Kafando, ni personne d’autre n’est l’auteur de l’assassinat de Norbert Zongo et de ses trois compagnons.

Face à cette honte de la justice burkinabé, les réactions de rejets du non-lieu et l’exigence de la réouverture du dossier ne sont pas fait attendre. Les réactions collectives et individuelles, tant au niveau national qu’international, proviennent de partis politiques, d’organisations de la société civile, d’institutions, de Représentations diplomatiques, etc.

Fait important, le mouvement syndical de notre pays, dans une action unitaire de grève et marches de protestation en date du 27 septembre 2006, prenait toute sa place dans la lutte de notre peuple contre l’impunité et pour la vérité et la justice pour Norbert Zongo et ses compagnons.

Ainsi dans leur préavis de grève du 11 septembre 2006, adressé à Son Excellence Monsieur le Président du Faso, Président du Conseil des ministres, il est dit : « Dans le même temps, nos organisations font l’amer constat que la justice burkinabé, à travers le non-lieu accordé à Marcel Kafando, l’unique inculpé dans le dossier Norbert Zongo, accorde une prime à l’impunité.

Par ce non-lieu accordé non seulement à Marcel Kafando, mais aussi à X, le pouvoir de la IVe République, à travers l’appareil judiciaire, montre clairement qu’il veut clore un dossier pour lequel pourtant le peuple burkinabé, dans toutes ses composantes, a exprimé une soif inextinguible de vérité et de justice. Du reste, les innombrables réactions qui ont accueilli la décision de la justice ont quasi unanimement dénoncé celle-ci et exigé la poursuite de l’instruction dudit dossier.

Nos organisations s’élèvent contre les mesures antisociales prises ces derniers temps et aussi contre la décision de non-lieu dans le dossier Norbert Zongo.

Par conséquent, elles vous informent qu’elles appellent les travailleurs des secteurs public et parapublic à observer un arrêt de travail de 24 heures sur toute l’étendue du territoire national. Ledit arrêt ira du mercredi 27 septembre 2006 de 00 heure à 24 heures. A l’occasion, des marches suivies de meetings seront organisées dans les différentes localités du Burkina Faso pour :

protester contre cette avalanche de mesures antisociales prises par le gouvernement, exiger la prise de mesures visant à réviser à la baisse les prix des produits de grande consommation (hydrocarbures, eau, électricité, frais de scolarité, sucre, etc.) et relever le pouvoir d’achat des travailleurs ;

protester et rejeter la décision de non-lieu dans l’affaire Norbert Zongo et exiger la prise de mesures permettant à la Justice de poursuivre l’instruction du dossier afin que la vérité et la justice soient établies : ... ».

Le Collectif dans sa circulaire directive n°41 indique : « Le bureau de la coordination du Collectif, après la déclaration du 26 juillet, la conférence de presse du 8 août et la déclaration du 17 août dernier, s’adresse par la présente aux organisations démocratiques de masse et de partis politiques membres, aux Collectifs provinciaux, départementaux et de zones, aux militant(e)s et sympathisant(e)s du pays réel, aux démocrates et progressistes, afin qu’ensemble nous prenions conscience de la gravité de la situation et nous mobiliser en conséquence pour les luttes à venir ».

Il conclut en ces termes : « A travers la présente circulaire, le bureau de la Coordination nationale du Collectif invite l’ensemble des organisations membres du Collectif, les Collectifs provinciaux et départementaux, les Collectifs de zones à : ... "Préparer de façon particulière et pour lui donner un éclat singulier, le 8e anniversaire de l’assassinat de Norbert Zongo" ». II . Contenu, forme et activités du 8e anniversaire du drame de Sapouy

Le thème retenu par le bureau de la Coordination nationale pour le 8e anniversaire est : "Non au non-lieu dans l’affaire Norbert Zongo" ; dynamisons et élargissons la lutte du Collectif contre l’impunité, pour la vérité et la justice pour Norbert Zongo et ses compagnons et toutes les autres victimes, pour les libertés démocratiques et politiques, les franchises scolaires et académiques et contre la vie chère ».

Autour de ce thème, la Coordination nationale retient les principales indications suivantes pour la commémoration du 8e anniversaire :

La commémoration de ce 8e anniversaire prendra ainsi en compte les préoccupations suivantes :

non au non-lieu, réouverture du dossier Norbert Zongo ;

non à la vie chère, à la misère morale et matérielle croissante ;

non à la confiscation progressive des libertés démocratiques, syndicales et politiques, des franchises scolaires et académiques.

Les activités de ce 8e anniversaire devront comporter principalement :

le port effectif du deuil par un brassard, un foulard ou autre fanion, noirs ;

des rassemblements, recueillement, dépôts de gerbes de fleurs dans les cimetières, hommage à Norbert Zongo et à ses compagnons, à Flavien Nébié, et à toutes les victimes de la violence en politique ;

des marches-meetings dans les provinces, départements et autres localités où les conditions le permettent ;

Ces activités se réaliseront le mercredi 13 décembre 2006 et sur toute l’étendue du territoire national. Ce jour, mercredi 13 décembre 2006, est un jour ouvrable. II n’y aura pas de dépôt de préavis de grève.

Chaque citoyenne, chaque citoyen s’engagera dans cette commémoration en ayant en vue : le rejet du non-lieu et la réouverture du dossier Norbert Zongo ; la satisfaction de la juste plate forme citoyenne du Collectif.

Par notre mobilisation, imposons cette journée comme étant celle de la lutte contre l’impunité, pour la justice, pour les libertés démocratiques et pour l’approfondissement du processus démocratique !

A Ouagadougou, les principales activités sous la direction de la Coordination nationale, seront les suivantes :

• Jeudi 7 décembre 2006 à 9h au Centre national de presse Norbert Zongo : conférence de presse de la Coordination nationale sur les activités commémoratives du 8e anniversaire ;

• Mercredi 13 décembre 2006 à Ouagadougou :

port effectif du deuil par un brassard, un foulard ou autre fanion, noirs ;

7h : rassemblement au cimetière de Gounghin pour les dépôts de gerbes de fleurs, le recueillement, l’hommage à Norbert Zongo et aux autres victimes ;

8h : rassemblement à la Place de la Nation, pour la grande marche de protestation contre le non-lieu et pour la réouverture du dossier Norbert Zongo ;

10h : meeting à la Place de la Nation après la marche. La Coordination nationale du Collectif prendra toutes dispositions utiles pour convier le maximum d’organisations qui ont réagi contre le non-lieu aux manifestations du 8e anniversaire. Les Collectifs provinciaux et départementaux devront faire de même.

III. Quelles perspectives après le 8e anniversaire ? Comme nous le soulignions dans notre déclaration du 26 juillet 2006, « sans fébrilité, mais avec constance, lucidité et détermination, le Collectif travaillera à relever le défi que notre justice vient de lui lancer : le dossier Norbert Zongo ne sera pas classé sans suite et notre peuple ne sera pas couvert d’opprobre ! ».

Après huit (8) ans de lutte, la plate-forme d’action du Collectif, malgré quelques avancées notables, reste A matérialiser. Cependant, tout au long de cette lutte, un des handicaps du Collectif a été la difficulté de se doter de moyens conséquents pour maintenir un certain rythme d’activités.

Afin de mieux apprécier cette situation, en intégrant l’évolution du dossier et du contexte de lutte du Collectif, le Collectif devra impérativement réunir son instance suprême, qu’est l’Assemblée générale nationale, la 5e du genre.

Au lendemain de la commémoration de ce 8e anniversaire, la Coordination nationale mettra au centre de ses préoccupations immédiates, la préparation et la tenue de la 5e Assemblée générale nationale.

Cette instance décidera, en son temps, la suite des activités et actions que le Collectif réalisera au cours des prochaines années, notamment en 2007.

Concitoyennes, concitoyens, compagnons de lutte ; en avant, pour le succès de la commémoration du 8e anniversaire du drame de Sapouy, anniversaire du Collectif ! Le non-lieu pour Marcel Kafando et pour X est une imposture qui ne passera pas !

Toutes et tous ensemble pour la vérité et la Justice pour Norbert Zongo et ses trois compagnons !

NA AN LAARA, AN SAARA !

Pour la Coordination nationale, le Bureau :

Le Président du Collectif,
Henri Compaoré (MBDHP)

Vice-président,
Tolé Sagnon (Collectif CGT-B)

Vice-président,
Kader Nacro (Groupe du 14-Février)

Rapporteurs :

R. Ernest Traoré (UGEB)
Jean Claude Méda (AJB)
Me Bénéwendé S. Sankara(Collectif/Avocats)

Observateur Paalga

P.-S.

Lire aussi :
Affaire Norbert Zongo

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique