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Burkina-Taïwan : Blaise Compaoré confirme son choix

Publié le mercredi 29 novembre 2006 à 07h53min

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Le président du Faso, Blaise Compaoré a séjourné du 19 au 23 novembre 2006 en République de Chine (Taïwan). Avec son homologue Chen Sui bian, il a été question entre autres du renforcement de la Coopération bilatérale, de la visite de quelques réalisations, de la question de la Chine populaire.

« Cette visite qui s’inscrit dans le cadre du renforcement des relations d’amitié et de Coopération entre la République de Chine et le Burkina Faso a été pour les deux chefs d’Etat une occasion privilégiée de procéder à de fructueux échanges de vue sur des questions d’intérêt commun tant sur les plans bilatéral que multilatéral ».

Telle est la substance du communiqué conjoint ayant sanctionné le séjour du président du Faso Blaise Compaoré en Taïwan du 19 au 23 novembre 2006.

La présente visite a contribué à lever le doute sur le Burkina Faso indexé de vouloir détourner son regard vers la Chine populaire. Et le président taïwanais n’a pas manqué de traduire toutes ses reconnaissances et sa joie au chef de l’Etat pour « son esprit de clairvoyance dans son choix ». « Excellence Blaise Compaoré, je vous attendais avec impatience ici en terre taïwanaise depuis six mois.

Lorsque vous avez annoncé votre arrivée, j’ai été très touché. Aujourd’hui ce rêve de vous voir est une réalité » ces propos du président taïwanais à l’occasion du banquet d’Etat le 22 novembre 2006 en disent long. Le doute est alors levé. La position du Burkina Faso vis-à-vis de Taïwan n’a pas changé d’un « iota » elle s’est au contraire consolidée davantage, car « le Burkina Faso ne saurait être otage des suites de la guerre froide ».

En effet, depuis la création des deux entités (République populaire de Chine et République de Chine Taïwan) en 1949, les tensions n’ont cessé de croître en raison de la question de la reconnaissance de Taïwan. La Chine continentale considère Taïwan comme une de ses provinces et la désigne « province de Taïwan », pourtant celle-ci se considère comme un Etat souverain sous l’appellation de République de Chine ou Taïwan. Malgré cette situation qui a isolé Taïwan sur la scène internationale, le Burkina Faso continue d’entretenir ses relations avec elle, et la visite du président Compaoré le confirme.

Un choix valant son pesant d’or. Pour cause, au cours de la visite du président Compaoré dans cette île, les autorités taïwanaises n’ont ménagé aucun effort pour prouver à leurs homologues burkinabè leur réelle volonté de coopérer avec elles.

Cette coopération ne doit pas, disent-elles, se mesurer en termes d’argent, mais plutôt en termes de réalisations. « Chez nous, en Taïwan , nous ne raisonnons pas en termes de combien la République de Chine donne à tel ou tel pays, mais qu’est-ce qu’elle fait concrètement sur le terrain en matière de réalisation : qu’est-ce qui a marché, qu’est-ce qui n’a pas marché.

Ce qui n’a pas marché constitue une honte pour nous », a révélé un diplomate taïwanais. Cette honte, Taïwan ne veut pas l’essuyer au Burkina Faso. C’est pourquoi elle a décidé de le soutenir dans ses grands projets de développement et tout mettre en ouvre afin que cette coopération bilatérale soit un modèle.

Les preuves d’une amitié

Ainsi, elle entend construire à Ouagadougou un centre hospitalier universitaire ( le site se situe sur l’axe Ouagadougou-Saponé selon le ministre Salif Diallo) avec une capacité de 650 lits et « d’un standing digne du nom ». L’hôpital de Koudougou sera quant à lui doté de cent (100) lits. Taïwan y enverra également un personnel médical.

Ce dernier partagera avec les agents de santé burkinabè son expérience en matière de lutte contre le paludisme et le VIH/Sida. L’île est très avancée dans la lutte contre ces deux maladies, ont confié les autorités sanitaires Taïwanaises.

Au cours de ce voyage d’Etat, Blaise Compaoré a aussi concrétisé avec son homologue taïwanais Chen Sui-bian le projet de construction progressive dans chacune des treize régions du Burkina Faso, un centre de formation professionnelle technique. Ce projet permettra de former les jeunes à des métiers et contribuera à résorber le taux de chômage. A l’image du centre de formation de la région du Sud, Kaohsiung, le Burkina pourrait former sur place des technocrates, des informaticiens, des ingénieurs en froid et climatisations, en contrôle digital, moulage des objets... Dans le domaine du développement industriel, des stagiaires burkinabè séjourneront d’ici à deux semaines (NDLR 22 novembre 2006) en terre taïwanaise en vue de s’imprégner de l’expérience de ce pays en matière de fabrique d’alcool à base de sorgho rouge. Un projet déjà sur pied au Burkina.

Bientôt un sommet Taïwan-Afrique en Malawi

A ces projets s’ajoute celui de l’élevage du poisson Tilapia, dans lequel Taïwan veut appuyer le Burkina dans la maîtrise du savoir-faire en matière d’aquaculture et de pêche. Cet ensemble de chantiers apportera sans doute un plus au développement socioéconomique du Burkina et constitue du même coût les preuves de l’amitié entre les deux peuples.

Si le Burkina Faso a besoin de l’expérience de Taïwan pour se développer, elle, a plutôt besoin de l’appui du Burkina pour se positionner sur le plan international. Le Burkina est candidat au poste de membre non permanent du conseil de sécurité des Nations unies pour la période 2008-2009. Il entend en cas de succès, défendre « la cause des 23 millions de Taïwanais victimes d’une injustice liée aux conséquences de la guerre froide » a déclaré le président du Faso Blaise Compaoré. En effet, malgré sa puissance économique, la République de Chine n’est jusqu’à présent pas admis comme membre de l’ONU. Outre sa volonté d’intégrer les instances de l’ONU, la République de Chine veut aussi la paix dans le détroit de Taïwan.

Le président Chen Sui-bian a informé Blaise Compaoré de sa volonté d’entreprendre des pourpalers avec la Chine populaire sur une base souveraine en vue d’établir un cadre de négociations devant conduire à l’instauration d’un climat de paix et de stabilité entre les deux Chines.

Il a aussi annoncé à Blaise Compaoré la tenue d’un sommet Afrique- Taïwan en mars 2007 intitulé « Première conférence au sommet des chefs d’Etat d’Afrique et de Taïwan » à Lilongwe en République de Malawi. Cette conférence, première du genre, sera de l’avis du président taïwanais, une tribune où seront débattues des questions de développement des pays africains amis de Taïwan. Le président du Faso a salué cette initiative qui, dit-il, « viendra certainement contribuer à la redynamisation des relations d’amitié et de coopération existant entre Taïwan et les pays africains ».

Aline Verlaine KABORE,
Envoyée Spéciale à Taïpei

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 2 décembre 2006 à 13:04, par zampaligré I. En réponse à : > Burkina-Taïwan : Blaise Compaoré confirme son choix

    Bravo à nos autorités. On ne peut que les féliciter pour leur clairevoyance, leur réalisme et pragmatisme dans les relations internationales. Qu’est-ce que le Burkina pouvait attendre de la chine populaire :
    Soutien stratégique au sein de l’ONU ? Je crois que le Burkina a d’autres priorités que de se lancer par exemple dans la quête d’un siège permanent au conseil de sécurité.
    Soutien économique ? Dans un contexte où le Burkina n’a pas de pétrole à monnayer ni de richesses minières à vendre, que peut lui apporter Pékin, qu’il n’obtient déjà avec Taïpei ?
    Pour comparer les apports respectifs des deux types de coopérations en terme économiques, n’oublions pas que la chine Pékin vous propose essentiellement des marchandises dont elle vous innonde tandis que taïwan, elle vous propose surtout de la technologie, le savoir-faire et des moyens de mise en oeuvre ; n’est-ce pas justement ce dont le Burkina a le plus besoin en ce moment pour dynamiser son développement ?

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