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Code des personnes et de la famille : Remet-il en cause la dénomination du Dagara ?

Publié le jeudi 23 novembre 2006 à 08h05min

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I. Quelques références en guise de positions du problème

L’article 31 du Code des personnes et de la famille (CPF) stipule : « Toute personne doit avoir un nom patronymique ou nom de famille et un ou plusieurs prénoms ». L’article 36 précise : « L’enfant né dans le mariage porte le nom de son père. En cas de désaveu, il prend le nom de sa mère ».

Une publication de Carrefour africain n°1109 du 9 février 1990, intitulé « Code des personnes et de la famille : vers une justice sociale », souleva le cas de la société dagara qu’il présentait comme étant d’organisation matriarcale, d’où une difficulté, selon l’auteur, dans l’application du CPF. Suite à cet article, nous adressâmes à Carrefour africain en février 1990 une mise au point intitulée : « A propos du dossier Code des personnes et de la famille et au sujet des Dagara ».

Dans notre texte, il s’agissait de souligner que la filiation dagara (découlant du mariage coutumier) est patrilinéaire, même si le nom écrit à l’état civil par l’administration coloniale, ou « bèlu » en langue dagara, relève du matriclan et non du patriclan appelé « dowlu » (ou « dooru », en dialecte wulo).

Notre article indexait au passage la pratique qui consiste à consacrer le nom matriclanique du père comme patronyme de l’enfant et qui, tout en étant anti-coutumier, a pris une certaine ampleur. Il s’achevait sur un vœu : celui de voir l’application du nouveau code de la famille contribuer à résoudre définitivement le problème de la dénomination des Dagara et à expliciter leur filiation patrilinéaire.

Le débat récurrent qui se mène autour de « l’identification du dagara », tant à travers la presse locale que dans diverses rencontres (cf. Observateur Paalga, nos 6596, 6597, 6714 ; conférence de l’Association TIET AR, au Soritel, le 14 octobre 2006, etc.), répond bien à notre souhait exprimé ; tout en montrant l’intérêt que les Dagara apportent à ce problème de leur dénomination, il invite tout un chacun à apporter sa quote-part de solution.

En fait, la question de la dénomination du Dagara ne date ni du dossier « Code des personnes et de la famille » (CPF) ni des publications citées. Quelques références ci-dessous, non exhaustives, pourraient nous en convaincre.

L’un des premiers écrits sur ce sujet, dont nous avons souvenance, signé de BEKUONE Dommesserb Somé, invitait les Dagara à transcrire le nom « dowlu » patriclanique à côté de « bèlu » (nom traditionnellement hérité de la mère et transmis selon la descendance utérine) et du (ou des) prénom(s).

Cette révision fut perçue comme onéreuse par Somé Kodjo Galli qui répliqua dans le même journal, de façon plaisante, que nous étions à l’époque du nylon qui prend peu de place et qui ne manque pas de plaire.

Plusieurs années après, BEKUONE Somé Der Mukasa écrit, en guise de mémoire de maîtrise, en 1986 : « Yir dowlu ni (et) bèlu dagara. Une esquisse d’Anthropologie sociale ».

Poda Nayiré Evariste publie « Les Dagara du Burkina : quel système de filiation ? Approche anthropologique d’un débat » (CNRST, 1989).

- S’y ajoutent les lettres du Président de la sous-commission nationale du Dagara (SCND) : Théodore Malibo Kpièlè Kamboulé ex-Somé (sic), en date :

* du 16 juin 1980, invitant les « frères Dagara » à mettre en pratique la décision de l’assemblée générale de Koper (29-31 mars 1979), relative à l’intégration de « dowlu » dans leur dénomination écrite, décision qui venait de recevoir une suite favorable de Monsieur le Ministre de l’Intérieur, par circulaire n°0013/IS/DGI/DAA du 5 février 1980, adressée aux chefs des circonscriptions administratives du pays ;

* du 10 juillet 1990, ayant pour objet : « A propos du nom de famille chez les Dagara » ;

* de septembre 1991 (lettre n° 013-SCND-Dbg), transmettant les conclusions des journées d’étude des 3, 4 et 5 avril 1991, tenues en lieu et place de l’assemblée générale avortée pour manque de quorum. De l’avis du président de la SCND, le changement de nom concernant « dowlu » (ou « yir dowlu » ou « dooru »), a désormais un appui légal : les articles 31 et 36 du CPF, et doit être poursuivi sans égard aux semblants de facilités qu’offre l’article 1053, en ses alinéas 1 et 2, vu les entorses à la culture dagara que ce dernier autorise.

En effet, l’alinéa 1 de l’article 1053 sus-cité stipule : « Toute personne conserve le nom et les prénoms sous lesquels elle est actuellement connue. Ce nom devient son nom patronymique ». Il autorise donc le port du nom matriclanique (ou « bèlu ») comme patronyme, pratique assez répandue déjà dans le milieu de la pratique scripturale dit « intellectuel », et qui s’inscrit contre la tradition.

Lorsqu’il invoque le CPF, le débat, qui fait couler tant d’encre et de salive, occulte exprès ou par ignorance cet alinéa pour s’en prendre sans réserve aux anti-traditionalistes. N’étant ni juriste ni autorité administrative, nous voudrions ici, d’une part, donner simplement notre point de vue sur la difficulté que le changement préconisé par l’assemblée générale de la SCND rencontre jusqu’à ce jour, dans son application et surtout, d’autre part, tenter de recentrer le débat sur le plan proprement culturel.

II - L’introduction de « dowlu » dans la dénomination du Dagara : son prix et sa valeur culturelle

Dans l’adoption ou la conservation du nom matriclanique comme patronyme, nous percevons d’abord des aspects pratiques. Il apparaît ainsi plus commode pour un fonctionnaire polygame ou allié successivement à plusieurs partenaires d’avoir, au niveau du carnet de famille, des enfants qui portent le même nom de famille. Cela dispense le père de devoir chaque fois justifier qu’il s’agit bien de ses propres enfants.

Le risque de voir ses dossiers rejetés s’amplifie lorsqu’il s’agit d’un ancien combattant devant une administration étrangère comme celle de la France. Raison de plus, nous répliquera-t-on, d’adopter l’écriture de « dowlu » pour éviter ces tracasseries ! Certes. Mais, ce faisant, bien des problèmes demeureraient à résoudre, tels ceux des diplômes, attestations, titres, etc., acquis par le passé.

Il faudrait beaucoup de correspondances, affranchies, à adresser aux employeurs, instances académiques, institutions et services d’attache... Mais, avant même d’en arriver à ce changement de nom, quel parcours du combattant ! En voici quelques étapes :

- établissement d’un extrait de naissance, affranchi d’un timbre de 300F, et portant l’ancien nom ;

demande, affranchie, adressée au tribunal de première instance de son lieu de naissance ;

photocopie légalisée de la carte d’identité ;

timbre pour le nouvel extrait de naissance à établir par le tribunal et peut-être taxe de greffe. Toutes ces opérations à quelle fin ? Pour en venir à porter un nom patronymique « comme les autres ».

Eh oui, c’est le lieu de « retourner la balle à l’envoyeur » et de rappeler qu’il arrive parfois que le jugement de complexe revienne à son auteur ! Tout cela pour ne pas porter un nom patronymique hérité d’une femme ! Il n’y a pas lieu de penser paradoxalement à un mépris de la femme, du fait qu’on ne porte pas le nom « bèlu » de la génitrice.

Si les sept groupes matriclaniques (bèlu) habituellement admis devenaient des patronymes, ayant perdu leur sens matrilinéaire, lequel ne compte pas de mâles en son sein et se sentirait frustré ? La femme dagara ne s’en trouverait-elle pas honorée ? Et cette pratique affiche sa haute valeur culturelle en tant que conversion de la nature à la culture.

Au contraire, l’identité attachée à l’écriture de « dowlu » est remarquable par son caractère figé et ses risques ; elle illustre plutôt négativement la culture dagara. On pourrait même dire qu’elle la dénature, dans la mesure où celle-ci, à l’instar de toute culture, se valorise par son dynamisme évolutif et son adaptabilité.

Il convient ici de souligner en passant que les pratiques qui semblent témoigner d’une belle identité immuable sont souvent suspectes, cachant une régression qui ne dit pas son nom. Pour ne donner que deux exemples, qu’est-ce que l’initiation (baor) apporte au Dagara de véritablement utile, aujourd’hui, dans le sens de l’adaptation et du développement ? En tout cas, à notre avis, elle devrait lui en apporter beaucoup plus.

Et les funérailles traditionnelles, en quoi, de nos jours, honorent-elles le mort ? Constituent-elles de véritables voies d’accès à la vie nouvelle ou à la régénération sociale ? Ces deux formes éminentes d’incarnation de la culture dagara ne sont-elles pas devenues, à bien des points de vue, des avatars de plus en plus dépourvus de significations ? On pourrait en dire autant des « dowlu ».

A côté de quelques avantages plutôt aléatoires, il importe de reconnaître que dénomination clanique ne rime pas, ipso facto, avec culture dagara. Certes, les « dowlu » constituent des références d’une certaine stabilité en matière de structures sociales et d’associations familiales. Toute la société dagara se subdivise en clans (dowlu), dont les membres se considèrent comme des frères et pratiquent l’exogamie.

Mais, cette unité n’est pas monolithique. Des cas d’endogamie se rencontrent au niveau de certains clans géants qui comportent plusieurs lignages autonomes, susceptibles d’évoluer à leur tour vers le statut de clan. Ainsi, celui des Kusiélé, par exemple, en compte quatre à cinq dans le seul département de Koper. Les clans alimentent une dynamique sur fond de concurrence, de rivalité, capable de promouvoir l’action.

Les fonctions de réciprocité ou de complémentarité qu’ils remplissent, par exemple, dans les relations matrimoniales, les célébrations des funérailles, de l’initiation ou dans la parenté à plaisanterie sont indéniables, mais elles supposent une bonne imprégnation en culture dagara, ce qui n’est plus chose commune de nos jours, même en milieu rurale.

En revanche, avec leurs totems, leurs interdits, leurs chants de gloire, ajoutés souvent aux causes conflictuelles de leur naissance, les « dowlu » ne couvent-ils pas parfois des dettes de vengeances secrètes ? Ne favorisent-ils pas des adversités, voire des haines dont les justifications se perdent dans la nuit des temps ? La différence obligée n’en vient- elle pas à générer ou à maintenir des modèles de comportement sclérosés ?

A titre d’exemples, dans leur présentation ostentatoire, certains se disent tellement nombreux qu’ils peuvent traîner comme chien leur ennemi, ou l’obliger à se plier comme de l’herbe, ou encore braves à se teindre la poitrine de son sang ; d’autres se disent les maîtres du savoir et classent les autres comme néophytes, d’autres enfin se disent les maîtres de la pluie et de la foudre, etc. Bref, chaque clan se trouve a priori une raison de supériorité par rapport aux autres qu’il défie...

De plus, il convient de noter que l’écriture des « dowlu » leur ferait perdre de leur dynamisme et de leur efficacité, deux critères fondamentaux de leurs apports culturels. En effet, l’éclatement progressif des « dowlu » donne une belle illustration d’évolution culturelle. Ainsi du clan Kpièlè proviennent ceux des Kusiélé, Yipaalè, Kussèblè, Nayiilé, Puryiilé, etc. Et l’un des motifs de cette subdivision souvent invoqué réside dans l’exogamie clanique.

Or, quand les Kpièlè écriraient leur nom, dans cinquante ans, cent ans, l’exogamie clanique serait-elle encore praticable ? Ne serait-on pas renvoyé au comput de la parenté, exactement comme dans le cas de deux porteurs de patronymes matriclaniques (bèlu), se rencontrant en ville et cherchant à se marier avant de connaître qu’ils sont tous les deux de même « dowlu » ?

Enfin, il est évident que le port de « dowlu » en soi ne saurait, en aucune façon, servir de preuve d’inculturation dagara ni de forme d’exaltation ou de défense de la culture dagara. Bien au contraire, ce serait sa meilleure forme de banalisation, voire de néantisation.

III. Le patronyme de source matriclanique et ses justifications culturelles

Il importe d’abord de préciser que le don du nom matriclanique du père à l’enfant n’est pas une « invention d’intellos » acculturés ou le produit flambant d’une prétendue révolution, mais bien une pratique dagara. Que faisait le Dagara quand il mariait une femme allogène ? il donnait à sa progéniture son propre nom matriclanique.

Cette pratique s’appliquait également aux enfants des femmes dagara non libres et les affranchissait. La critique portée contre le patronyme d’origine matriclanique s’accroche à cette dernière condition de la femme esclave.

Elle ne prête pas attention au sens d’intégration culturelle, lequel s’amplifie aujourd’hui avec l’évolution sociale, avec l’élargissement, au-delà de l’ethnie dagara, du champ de conquête des preneurs de femmes, pendant que la prolifération des « dowlu » tend à perdre sa raison d’être.

En effet, en donnant son « bèlu » aux enfants de la femme non dagara, on en fait des Dagara, tout comme les enfants de l’esclave entrant dans le groupe matriclanique de leur père commencent une vie nouvelle.

Allait-on chercher même aux temps déjà révolus où certains « bèlu », tels les Mèdah, les Hien, les Dabiré... pratiquaient l’exogamie de groupe - si tel Mèdah, par exemple, était, de par ses origines lointaines, un « vrai Mèdah » ou un faux ; selon une distinction en vogue de nos jours : un « Mèdah de nuit » ou un « Mèdah de jour », ayant reçu son « bèlu » de son père et non de sa mère ? Aujourd’hui, à l’heure de la mondialisation, le mariage a beaucoup perdu de son caractère endo-ethnique.

L’ouverture des sociétés les unes aux autres devient une norme universelle et un critère de valorisation culturelle. Le don de « bèlu » du père à Sofi enfant ne connote plus une perte de liberté de la mère. Dans cette optique, l’érection de « bèlu » en patronyme prend le sens d’une option culturelle, qui favorise, de façon pratique, l’unité familiale et satisfait une exigence de justice à l’endroit des épouses dagara et non dagara.

De même, les valeurs traditionnelles qui s’attachaient à la lignée maternelle, avec l’évolution, tendent à perdre du terrain. Les raisons sur lesquelles on se fonde généralement pour défendre le port de « bèlu » de la mère, et qui sont en rapport avec l’héritage des biens meubles des oncles maternels ou des cousins agnatiques de même matriclan, sont désormais battues en brèche par le progrès du patriarcat et la distribution des biens du père, de son vivant, à ses enfants.

Bien entendu, elles sont anachroniques au regard des stipulations du Code des personnes et de la famille. D’ailleurs, hériter de l’oncle maternel n’a jamais été un droit imprescriptible chez les Dagara ; il découle habituellement d’une estime méritée par le neveu. De nos jours, cette récompense est plutôt octroyée par l’oncle maternel de son vivant.

A sa mort, un homme laisse de plus en plus son héritage à son clan agnatique, même si, dans ce groupe, le tutorat revient à un frère de matriclan. Ce disant, nous n’oublions pas d’autres fonctions traditionnellement dévolues à la parenté matric1anique, par exemple, dans l’intermédiation (lonluoru), les cérémonies d’initiation, les célébrations des funérailles, etc.

Mais, en tant que fonctions sociales, celles-ci sont irrémédiablement affectées par la mutation générale des structures sociales et donc appelées à se transformer. Au demeurant, rien n’empêche la parenté matric1anique, désormais de source paternelle, de continuer à remplir les fonctions qui lui étaient assignées lorsqu’elle était matrilinéaire.

L’efficacité de la fonction sociale n’est ni d’ordre organique ni charnel. La psychanalyse l’a suffisamment démontré ! Quels traumatismes sont apparus chez les Dagara du Ghana qui se nomment par le prénom de leur patriarche ? Certes, toute transformation sociale, surtout de cette natune entraîne des réadaptations ; mais, c’est justement dans ses possibilités d’adaptation que l’on reconnaît l’efficacité d’une culture.

Le port du nom matriclanique, loin de refouler les Dagara dans le camp des zombis, devrait être perçu comme un saut culturel : un passage du naturel, d’une relation de sang, à un rôle proprement social. L’évolution humaine est ainsi marquée d’une série de morts, de la naissance à la vie post mortem.

Et quand le philosophe Platon nous enseigne que la sagesse, qui fait l’excellence de l ’homme, consiste à apprendre à mourir, il ne fait que nous inviter à cette pratique du dépassement qui porte le sens du développement et de la grandeur.

Médah Galli

L’Observateur

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Vos commentaires

  • Le 26 novembre 2006 à 14:22, par Pouriyilé Hien N. En réponse à : > Code des personnes et de la famille : Remet-il en cause la dénomination du Dagara ?

    Les Dagara sans leur doglu sont-ils encore des dagara ? Je suis personnellement fier de cette organisation interne qui fait l’originalité de ce groupe ethnique.

  • Le 15 janvier 2010 à 11:33, par Monsieur ZAW DABIRE Gislain En réponse à : Code des personnes et de la famille : Remet-il en cause la dénomination du Dagara ?

    Bonjour ! Sans vouloir recréer le monde, je crois qu’il serait intéressant que la loi prenne en compte tous les types de filiation du BF. A ce propos, je tiens à rappeler qu’au BF, il existe 3 types de filiations : le patrilignage, le matrilignage et la double-filiation. Par conséquent, dire que tout Burkinabè doit avoir "un patronyme" revient à bouleverser l’ordre naturel des choses sociales ; créer une seule filiation:le patrilignage.

    Cet embrouillamini, expressement créé, ouvre d’office la porte à l’inceste que tous savent puni par la même loi. Il faut donc faire un choix : respecter les dénominations dagara ou les refuser et tomber dans ce gouffre mortel qu’est l’inceste.

    Et combien de Mosse ne sont-ils pas banis de leurs propres familles pour avoir eu des rapports intimes avec des proches, même incognito.
    Je crois que la mesure dont nous nous servons pour les autres doit servir aussi pour nous

    En rappel, la loi doit connaître bien la société pour laquelle elle est faite pour mériter sa pertinence.
    Je vous remercie !

  • Le 5 novembre 2013 à 07:59, par vanesspeer En réponse à : Code des personnes et de la famille : Remet-il en cause la dénomination du Dagara ?

    bonjour Médah Galli merci pour votre article je souhaiterai vous posez une autre question relatif aux dagaras. serait-il possible ?

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